Etre français, cela veut dire quoi au juste ?

par Coopain des bois
mardi 10 août 2010

La définition du mot « français » pourrait- elle apporter un éclairage à la proposition gouvernementale controversée de loi sur la déchéance de la nationalité française ?
 
Qu’est ce qu’être français ?
 
Peut-on distinguer le vrai français des autres ? Comment devient-on français ? A partir de quand ne peut on plus être considéré français ?
Comble de l’ironie le mot français évoque une origine étrangère.
 
Qu’est ce qu’être français ?
 
Peut-on distinguer le vrai français des autres ? Comment devient-on français ? A partir de quand ne peut on plus être considéré français ?
Comble de l’ironie le mot français évoque une origine étrangère. (histoire du mot « franc » en vidéo) « franc » désignait à l’origine une ethnie étrangère (d’origine d’Europe Centrale) : « les francs ». Ce mot évoquait à l’origine pour les habitants de notre territoire, une immigration, pire une invasion étrangère violente, avec son lot de massacres, de rapines, et de spoliation des biens.
 
Nos ancêtres les gaulois ?
 
Auparavant, quand Jules César (en 52 avant J-C) fait la conquête de ce que nous appelons « Gaule romaine » il y dénombre plus de 85 nations différentes qui n’avaient pas de langue commune et qui étaient réputées belliqueuses entre elles. La langue d’unification politique de ce conglomérat de multitudes de nations pacifiées de force sous domination romaine, sera issue du latin romain. Cette langue qui véhiculera et propagera les deux religions qui seront le ciment spirituel d’unification en l’Empire romain de ce conglomérat territorial de nations :
1) - le judaïsme romain considéré comme religion licite de Rome jusqu’à la chute du temple de Jérusalem en l’an 70 (7% des citoyens de tout le grand empire romain étaient, avant la naissance du christianisme, des romains de religion juive),
2) - le christianisme issu du judaïsme (le christianisme s’imposera progressivement jusqu’à devenir la religion d’Etat de l’Empire romain au début du 4ème siècle)
La religion catholique est le fruit du métissage religieux entre la diversité religieuse de toutes ces nations conquises sur notre territoire, et le christianisme romain, ce que les chrétiens appellent l’inculturation de leur foi, fruit qui persiste jusqu’en nos jours dans l’expression si particulière dans le catholicisme du culte des saints locaux.
 
La Gaule : nation de métissage ?
 
Avant même, l’apparition des francs, la Gaule romaine peut être définie comme une nation de métissage ethnique, culturelle, linguistique, et religieuse unifiée sous domination politique et religieuse romaine. Ce terme « Gaule » évoquait donc à l’origine une domination étrangère sur toutes les nations autochtones concernées et un métissage religieux, culturel, ethnique.
 
Nos ancêtres les francs
 
Mais au troisième siècle de l’ère chrétienne, l’Empire romain s’effondre et ne peut retenir la poussée des peuples germaniques en quête de territoires. Et c’est un peuple d’Europe central parmi tant d’autres, le peuple franc qui envahit la Gaule romaine prend une partie de ses territoires. On parlera des royaumes francs, pour plus tard parler du royaume franc centré sur l’actuelle « île de France ». Au VIème siècle la domination de royaume franc s’étendra sur un territoire qui couvre une bonne partie de la géographie du territoire français actuel.
L’origine politique et ethnique crucial de la France date de cette période historique. On peut donc dire que le berceau originel de la France est un métissage ethnique, culturel, religieux et politique à partir d’une souche immigrée germanique dominatrice non gauloise.
 
La France : toute une histoire mal assumée ?
 
L’histoire de France que les écoliers de la République française jusqu’en les territoires d’outre mer apprennent sur les bancs d’école n’est pas la réalité historique, mais une mystification historique récente élaborée à la gloire de la République française.
Paradoxalement, cet embellissement trompeur des origines de la France a conduit à renier nos propres origines ethniques, à rendre gloire au peuple gaulois qui fut la victime violentée et spoliée de cette conquête guerrière.
 La même réalité historique de l’implantation du peuple franc en Gaule est nommée différemment dans les bancs d’école en Allemagne et en France. Les jeunes allemands apprennent qu’il s’agit de la « grande migration des peuples » pendant que les petits français apprennent qu’il s’agit des « grandes invasions, ou invasions barbares » !
Il est bon de rappeler que le mot « barbare » est d’origine grecque et désignait ceux qui ne parlaient pas le grec, qui s’exprimaient par onomatopées : « bar-bar ». Les romains ont utilisés ce terme pour désigner ceux qui ne parlaient pas leur langue.
Cette désignation a pu traduire à la fois le mépris pour l’autre, l’étranger, ainsi que la crainte qu’il inspire. Aujourd’hui, ce terme désigne un individu ou un groupe social considéré comme cruel, « inhumain », non éduqué, violent, de mœurs rustres, etc
D’après cette définition, la France serait un peuple de « barbares » (dans le sens premier du terme) ayant envahi, massacré, et dilapidé les biens des habitants du territoire aujourd’hui appelé France pour se l’approprier de manière violente et inhumaine ! (donc barbare dans le sens second du terme)
On retrouve au sud de l’Allemagne une partie du peuple franc dans l’actuelle « Franconie » territoire que les envahisseurs francs avaient conquis sur les Alamans, puis sur les thuringiens. La guerre de 14/18 était donc une guerre entre cousins francs !
En réalité, le royaume franc est le fruit d’un métissage. Le premier roi des franc, Clovis adoptera et donc s’inclinera à la religieux des gaulois … le christianisme.
Ce n’est qu’en 1080 dans la chanson de Roland que le mot « français » apparait pour la première fois dans un document littéraire. D’abord « françois », il devient plus tard « français ».
 
La France, un berceau de métissage
 
Ce petit rappelle de notre histoire permet de prendre conscience de la réalité du métissage du peuple français, qui n’est qu’un aspect du métissage universelle des peuples, qui s’apparente finalement au métissage du peuple américain, phénomène de métissage s’accélérant avec la mobilité mondiale actuelle des capitaux, des marchandises, du travail, des informations et des personnes.
 La crise identitaire de la France n’est elle pas liée, ou ne s’exprime t’elle pas dans cette falsification du passé et de la genèse de notre Nation ?
Cette falsification renvoie à une image trompeuse et donc non édifiante d’elle-même !
 
Du métissage subi au métissage choisi !
 
La nation américaine au contraire de la nation française ne renie pas ses origines d’immigrations conquérantes guerrières, la spoliation des biens des nations indiennes, la traite des noirs y sont racontés, commentés, assumés. Ce sont ces faits dont on pèse le poids de souffrance et de honte qu’ils provoquent. Mais ces faits sont le berceau en lequel s’est bâti cette nation et aujourd’hui, l’élection de Barak Obama en témoigne, la nation USA s’honore d’avoir su tirer du pire, le meilleur dans ce métissage progressif des peuples qui fondent son identité et fait d’un métissage subi, un métissage choisi !
 
La musique jazz est le symbole de ce choix identitaire !
 
L’expérience l’Europe construite en tirant les leçons des pages sombres de son histoire au siècle dernier, montre que la gloire identitaire d’un peuple n’est pas à rechercher dans son passé, qu’il est vain et même dangereux de vouloir « blanchir » et mystifier de manière trompeuse.
 
La force d’une nation est dans sa capacité à assumer entièrement son passé, les erreurs de son passé et en tirer le meilleur en particulier d’assumer son métissage, quelque soit les conditions peu souvent glorieuses de ce métissage. La force d’une nation est dans la capacité de ses citoyens à vouloir vivre ensemble en paix, et donc en recherche permanente et sans exclusion, de permettre à l’autre d’exprimer et de partager le meilleur de lui-même.
 
L’identité d’un peuple : sa confiance en lui-même !
 
Le maître mot de l’identité d’un peuple me semble : confiance dans son propre devenir et dans la capacité des citoyens de bonne volonté de vaincre les démons de haine et de violence qui entravent la sérénité d’une nation.
 
Le projet de loi sur la destitution de la nationalité française renforce t’elle ou au contraire amoindri t’elle la confiance en elle-même et dans ses citoyens … de la nation française ?

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