Euthanasie : je veux pouvoir décider de ma mort !
par j-p. bédol
jeudi 4 novembre 2010
Le 2 novembre 2010 l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) organisait son rassemblement annuel sur le Parvis des Droits de l’Homme, à Paris, au Trocadéro.
Une loi qui pourrait répondre au sigle suivant : IVCV (Interruption Volontaire et Consentie de la Vie). Loi qui existe d’ailleurs dans de nombreux pays. Les trois plus avancés en Europe étant la Hollande, la Suisse et la Belgique où 2 % de leurs morts relèvent de cette loi. Si un tel texte existait chez nous, cela représenterait quelques 10 000 morts, à qui on aurait donné la possibilité de choisir le jour de leur départ, dans la plus extrême douceur.
C’est le sens de l’histoire ! S’il y a cinquante ans le sujet était tabou, souvent pour des motifs de croyance, aujourd’hui ces tabous sont largement dépassés comme le montre le dernier sondage qui fait apparaître clairement qu’une majorité de Français et Françaises, 87 % en 2008, 94 % hier, le 30 octobre 2010, sont favorables à ce type de mort dans la dignité. Que je nommerai : suicide assisté ou mort accompagnée. Le terme d’euthanasie étant peu approprié à une telle démarche.
Beaucoup d’entre vous ne manqueront pas de me rappeler qu’il existe déjà une loi.
La loi dite Leonetti du 22 avril 2005, votée dans la précipitation et l’émotion de l’affaire Imbert. Elle n’est pas connue du corps médical. Et quand elle l’est, elle n’est pas appliquée. Tout au plus permet-elle à quelques médecins qui la connaissent (très peu), de ne pas pratiquer, quand cela n’est pas contraire à leur conscience ou à leur croyance, d’acharnement thérapeutique sur une personne mourante. Malheureusement, comme trop souvent, notre corps en fin de vie est à "la disposition" du médical, qui décide quasiment de tout. Prolonger la vie à tout prix, au sens premier du terme, c’est-à-dire sans compter son coût financier, pour nous maintenir dans un état grabataire, parfois de longue durée, ce n’est pas mon choix. Même si la société peut encore payer !
Ce que nous réclamons, nous les adhérents et militants de l’ADMD, c’est de pouvoir avoir le droit de mourir dans la dignité, c’est-à-dire dans le strict respect de notre volonté qui est de choisir, en toute liberté, d’être accompagné dans notre ultime décision, la mort douce.
De nombreuses questions se posent, notamment :
- les possibles dérapages d’une telle loi ? Les lois de nos voisins Hollandais, Suisses et Belges ont montré leur sérieux. Aucun dérapage ! Il suffit juste, à nous Français, de s’inspirer de leur texte de loi. Nos voisins ne sont pas moins intelligents que nous.
- qui accomplirait le dernier geste ? Quiconque étant habilité par la loi : médecin, infirmier / ère, spécialiste diplômé de la fin vie, etc.
- quel coût pour la Sécurité Sociale ? Aucun ou plutôt une vraie économie ! En effet l’ensemble des experts montrent qu’aujourd’hui, notre dernière année de vie coûte le tiers de tout ce qu’ont coûté les soins durant toute notre vie. C’est-à-dire des milliers d’euros, voire souvent des dizaines de milliers d’euros !
Ce débat comptable, bien que difficile, ne peut pas être éludé.
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, en 2060 il y aura 200 000 centenaires en France. Qui prendra en charge le coût de leur dernière année de vie ? Quid pour les centaines de milliers de personnes de plus de 90 ans ? Alors que dans le même temps, notre Sécurité Sociale demandera sûrement à nos enfants et petits-enfants de faire des économies, de bout de chandelles !
C’est aujourd’hui qu’il faut réfléchir. Pas dans 50 ans, au pied du mur !
Nous, adhérents et militants de l’ADMD ne demandons finalement pas grand-chose. Juste que notre pays engage une réflexion de fond sur ce sujet qui n’est plus aujourd’hui tabou, comme y consent l’immense majorité du pays.
De toute façon, c’est inéluctable. Prendre du retard ne sert à rien. Comme trop souvent, nous ferons la même chose que nos voisins, mais avec 10 ou 15 ans de retard. Dommage !
Alors, à tous ceux et celles qui adhérent en partie, ou plus, à une telle idée, rejoignez l’ADMD. Plus nous serons nombreux et plus vite la réflexion débutera.
Photo : rassemblement ADMD du 2 novembre 2010 au Trocadéro.