Excès d’immigration n’est pas grand remplacement

par Laurent Herblay
samedi 29 septembre 2018

C’est un sujet qui peut déclencher des réactions totalement exagérées. J’essaie, depuis le début, de garder un discours équilibré, en apportant au débat des faits, qu’ils plaisent aux uns (sur le coût de l’immigration, ou l’impact sur le marché de l’emploi) ou aux autres (sur la réalité des flux en France ou leur coût). De nouvelles statistiques et une étude d’Harvard permettent d’aller plus loin.

 

Entre fantasme et réalité
 
C’est un thème qui circule dans les milieux d’extrême-droite, repris par NDA en 2017, « l’existence d’une immigration de peuplement massif, susceptible de remplacer peu à peu la population de nos quartiers et de nos villes  », développé par l’évocation d’une « colonisation migratoire ». On peut vouloir limiter davantage les flux migratoires en pensant que cette vision des choses est aussi fausse que toxique. Toxique car cela revient à soutenir que toute personne venue de l’étranger, et même ses descendants, resteraient des corps étrangers à la France, leur déniant toute capacité d’assimilation. Les plus extrêmes ne semblent considérer comme sûrs que ceux dont les deux parents sont de souche… 
 
Outre le fait de flirter allégrement avec le racisme, ce genre de discours est infirmé par notre histoire, qui montre que l’assimilation est possible en France. Bien sûr, aujourd’hui, une part trop significative refuse cela mais il ne s’agit que d’une minorité (les 28% de musulmans favorables au niqab et à la charia contre 46% de « totalement sécuralisés  » d’un sondage). Et libre à nous de prendre toutes les mesures pour que cela cesse et clarifier les règles de la vie en société dans notre pays, ce qui a été fait sur la burka, mais pas le burkinini même le voile, malheureusement. S’il reste du chemin à faire, heureusement, notre pays a mieux résisté que bien des pays, notamment anglo-saxons.
 
Mais, outre le fait de caricaturer outrageusement tout étranger, et souvent sa descendance, en un bloc hostile et voué à rester étranger à la France, les réalités chiffrées condamnent le discours sur le grand remplacement. Sans nier la plus grande difficulté d’assimilation des cultures qui nous sont plus lointaines, seule une petite minorité refuse cette assimilation (on peut l’estimer aux 28% d’ultras parmi les 50% d’immigrés qui sont musulmans, soit 14% des immigrés). Ensuite, il faut rappeler que la démographie infirme cette théorie, puisque notre population croît nettement plus par son solde naturel que son solde migratoire, sans fermer les yeux sur la fécondité plus forte des immigrés.
 
On ne remplace pas une population native en progression, y compris dans des départements avec très peu d’immigrés. Un département ne fait pas la France. Et si leur taux de natalité peut être supérieur, l’écart est de plus en plus faible. Et comme je le répète depuis des années, le solde migratoire de la France est resté faible depuis près de 20 ans, plaçant la France en queue de peloton des pays occidentaux, avec une hausse de la part des immigrés dans la population, à 12,2%, en hausse de moins de 2 points de 2000 à 2017, contre une hausse de 3 points aux USA, de près de 4 points en Allemagne, de plus de 5 en Grande-Bretagne, de plus de 6 en Italie ou de plus de 8 points en Espagne.
 
 
La persistance d’un chômage de masse explique probablement cela, et aurait aussi justifié un taux proche de zéro, tant les immigrés sont l’armée de réserve du capitalisme. Mais il convient de dénoncer le fantasme aussi malhonnête que caricartural du grand remplacement, bien décrypté par Hervé Le Bras face à Renaud Camus dans l’émission de Alain Finkielkraut il y a plus d’un an.

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