Explosion de la vidéosurveillance à New York
par Michel Monette
lundi 8 janvier 2007
Un rapport de la New York Civil Liberties Union (NYCLU) paru récemment révèle une prolifération phénoménale des caméras de surveillance dans lieux publics de New York. La NYCLU soutient que les libertés civiles sont menacées par cette invasion technologique.
En 1998, la NYCLU recensait 2397 caméras de surveillance sur l’île de Manhattan. Sept ans plus tard, un nouveau recensement révélait la présence de plus de 4176 caméras pour la seule zone en dessous de la 14e avenue. Greenwich village en comptait à lui seul pas moins de 2227.
Le potentiel de surveillance est loin d’être atteint. La ville de New York entend exiger de tous les night-clubs de Manhattan qu’ils se munissent de caméras de surveillance. Le Département de police planifie pour sa part la mise sur pied d’un réseau de télévisions en circuit fermé qui couvrira l’ensemble de la ville. Ce dernier projet est financé par Washington dans le cadre de sa lutte antiterroriste.
Aucune étude n’a été faite des coûts et bénéfices de la vidéosurveillance comparée au renforcement de la surveillance policière traditionnelle. Rien n’indique non plus que l’augmentation du nombre de caméras se traduise dans les faits par une diminution du nombre de crimes, comme l’affirment les autorités policières.
Il est vrai que le nombre de crimes a diminué dans les zones où ont été installées des caméras, concède la NYCLU, mais dans une proportion identique à celle constatée pour toute la ville de New York. Par contre, une étude du gouvernement fédéral a conclu en 2003 que rien n’appuie l’affirmation selon laquelle l’installation de caméras de surveillance se traduit par une diminution de la criminalité.
En Angleterre, une étude récente du Home Office constate même une augmentation du taux de criminalité dans sept des treize zones sous vidéo-surveillance qui ont été analysées et conclut : « The most obvious conclusion to be drawn from the analysis in this chapter is that CCTV is an ineffective tool if the aim is to reduce overall crime rates and make people feel safer. » [Texte complet]
La NYCLU craint que les sommes dépensées dans la vidéosurveillance non seulement le soient en vain, mais contribuent en plus à diminuer l’efficacité des forces de l’ordre, détournées de programmes de prévention du crime.
Couplées à la capacité de stockage des images filmées, ces caméras deviennent de redoutables instruments de
Même la protection des sources journalistiques est en jeu. Un journaliste peut se voir filmer à son insu alors qu’il rencontre une source anonyme. Selon l’angle de surveillance, il est même possible de lire ce qu’il écrit dans son carnet de notes.
La NYCLU s’inquiète des nombreux abus constatés, à l’exemple de l’épisode qui suit :
From a custom-built $9.8 million helicopter equipped with optical equipment capable of displaying a license plate 1,000 feet away, police officers tracked bicycle riders moving through the streets of the Lower East Side. Then, using the camera’s night vision capability, one officer shifted the focus away from the protestors and recorded nearly four minutes of the couple’s activities on the terrace of their Second Avenue apartment.
La scène se passait en 2004.
Who’s watching ? Video Camera Surveillance in New York City and the Need for Public Oversight
Oversight