--- Finir la décentralisation ---
par Sigurdhur
mardi 1er juillet 2025
Suite au Rapport Public Annuel 2023 de la Cour des comptes : « La décentralisation 40 ans après : un élan à retrouver », il est nécéssaire de revoir notre copie : celle-ci est un échec, malgré les réformes des lois successives depuis 1981.
Vers la fin de la décentralisation : la disparition des intercommunalités, le retour des cantons et la centralisation numérique
Depuis plus de quarante ans, la France a construit son organisation territoriale sur le principe de la décentralisation. Avec la montée en puissance des collectivités locales et la création des intercommunalités, l’État avait cherché à rapprocher l’action publique des citoyens et à adapter les politiques aux réalités locales. Pourtant, les limites de ce modèle commencent à apparaître. Face à l’inefficacité croissante, à la complexité administrative et à l’explosion des coûts de gestion, une nouvelle réforme de grande ampleur s’annonce : la suppression des intercommunalités, le retour à l’échelon cantonal, et surtout, une recentralisation rendue techniquement possible grâce aux nouveaux outils informatiques.
Les échecs de la décentralisation et des intercommunalités
L’objectif initial des intercommunalités était de mutualiser les moyens des petites communes afin de renforcer l’efficacité de l’action publique locale. Pourtant, au fil du temps, ces structures sont devenues de véritables usines administratives à gaz. Superpositions de compétences, lourdeurs bureaucratiques, conflits politiques entre maires et présidents d’intercommunalités, absence de lisibilité pour le citoyen : les intercommunalités ont souvent produit plus de complexité que de solutions.
De plus, les coûts de fonctionnement de ces structures intermédiaires ont explosé. L’empilement des strates territoriales (communes, intercommunalités, départements, régions) a entraîné une dilution des responsabilités et une inflation des dépenses publiques locales.
Le retour des cantons : une simplification territoriale
Dans cette logique de réforme, l’État envisage de supprimer les intercommunalités et de recentrer l’organisation territoriale autour des cantons. Historiquement cantons électoraux et unités administratives de base pour l’État, les cantons seraient redéfinis comme les nouveaux relais locaux de l’administration centrale.
Ce retour aux cantons répond à un double objectif : simplifier l’organisation du territoire et garantir une représentation territoriale homogène. Chaque canton, sous l’autorité d’un représentant local de l’État (nouveau sous-préfet cantonal ou équivalent), deviendrait l’unité de base pour la gestion des politiques publiques locales.
La centralisation numérique : un État plus fort, plus rapide, plus équitable
La clé de cette recentralisation réside dans l’exploitation massive des nouvelles technologies. L’État, désormais équipé de systèmes d’information territoriaux avancés, est capable de gérer à distance des millions de démarches administratives en temps réel.
Les plateformes numériques nationales permettront aux citoyens de réaliser en ligne la quasi-totalité des formalités qui relevaient auparavant des collectivités locales : demandes de subventions, permis de construire, aides sociales, inscriptions scolaires, etc. Les données issues du big data permettront une allocation plus fine et plus réactive des ressources publiques, en fonction des besoins réels des territoires.
Par ailleurs, grâce à l’intelligence artificielle, l’État pourra analyser de façon prédictive les évolutions socio-économiques de chaque canton et adapter instantanément ses politiques publiques. Cette centralisation numérique promet une meilleure égalité entre les territoires, avec des services uniformes et accessibles partout.
Les avantages et les défis de cette réforme
Sur le plan budgétaire, la suppression des intercommunalités et la réduction des échelons administratifs permettront d’importantes économies. Les doublons de personnel, les coûts de gestion et les frais de fonctionnement seront drastiquement réduits. Sur le plan politique, la lisibilité de l’action publique sera renforcée : un citoyen saura clairement que l’État est le seul responsable de la majorité des politiques locales.
Cependant, ce retour à la centralisation soulève des interrogations démocratiques. La disparition de la gouvernance locale pourrait générer un sentiment de dépossession chez les élus et les habitants. Le risque d’un éloignement décisionnel est réel, même si la numérisation tente de compenser cette distance.
De plus, la protection des données personnelles et la cybersécurité deviendront des enjeux majeurs. L’État central gérant l’ensemble des flux de données territoriales, toute faille informatique pourrait avoir des conséquences graves.
Conclusion
La fin de la décentralisation, avec la suppression des intercommunalités et le retour aux cantons, marquera une rupture historique dans l’organisation administrative de la France. Grâce aux nouveaux outils informatiques, la centralisation redevient non seulement possible, mais aussi efficace et économiquement avantageuse. Reste à l’État de garantir que cette réforme, avant tout technique et budgétaire, ne se fasse pas au détriment de la démocratie locale et du lien de confiance avec les citoyens.