Fusion des régions : ce n’est pas la solution !

par Laurent Herblay
vendredi 17 janvier 2014

C’est un des ballons d’essai lancé par François Hollande lors de sa conférence de presse de la rentrée. Mais il est assez illusoire de vouloir faire des économies en fusionnant quelques régions et départements. Il faut envisager des réformes bien plus radicales que cette resucée du rapport Balladur de 2009.

Et vogue la galère territoriale…

Contrairement aux préjugés, notre Etat central n’est pas si dépensier. De nombreuses études montrent au contraire que l’Etat n’a pas tant de fonctionnaires que cela, pas si bien payés que cela, dans de nombreux domaines. J’ai détaillé le cas de l’éducation nationale récemment, mais on pourrait également parler des forces de police ou même de l’administration du budget, en manque criant de personnel pour lutter contre la désertion fiscale par exemple. En revanche, il semble que nous dépensions davantage que la moyenne pour notre système de protection sociale et pour nos collectivités territoriales, même s’il faut reconnaître que l’Etat leur a transféré des compétences, rendant les comparaisons difficiles.

En fait, nous sommes passés de 1,2 à 1,75 millions de postes de 1998 à 2010, près de 50% de hausse  ! Pire, malgré l’envolée de l’effectif de l’intercommunalité (de 50 à 170 mille personnes en 12 ans), les effectifs des communes sont passés de 1 à 1,2 millions. Non seulement l’intercommunalité semble venir en addition et ne permettre aucune synergie, mais la complexité de la gestion induite pourrait même provoquer une augmentation des effectifs dans les communes ! Le Huffington Post rapporte une étude qui affirme qui les fusions de région ne changeront pas grand chose. Logique étant donné que les effectifs régionaux ne représentent que 5% du total des collectivités locales !
 
Pour une solution radicale

Dans le dossier du Monde, est pointé le nombre de communes, mais a-t-on des données montrant que les petites communes nous coûtent disproportionnellement cher ? De même, il ne faudrait pas oublier qu’il y a 30 ans, l’organisation de la France reposait uniquement sur les communes et les départements. Depuis, on a ajouté des régions, des intercommunalité et maintenant, on veut créer des métropoles ! C’est surtout la création de ces nouvelles couches qui explique l’envolée des dépenses. L’intercommunalité et les régions mordent sur les compétences des départements mais ce dernier reste plus important. Ne serait-il pas plus simple d’organiser nos territoires sur la commune et le département ?

En effet, c’est ainsi que la France est organisée depuis plus de 200 ans. Il y a une identité forte au niveau de ces deux échelons et cela ne marchait pas si mal. La suppression des régions et les intercommunalités dégagerait évidemment de grosses économies. Mais surtout, cela serait un moyen d’être plus efficace et transparent, pour un meilleur fonctionnement de notre démocratie. Mieux encore, cela reviendrait à s’appuyer sur des communautés existantes. Car il est difficile de ne pas voir dans la promotion de certains échelons (parfois artificiels) la volonté d’affaiblir des structures traditionnelles (nation, commune, département) qui structurent pourtant notre vie et notre identité depuis longtemps.
 
Pour réuire notre mille feuille administratif, il vaut mieux supprimer carrément un ou deux échelons et se reconcentrer sur ceux qui ont fait leur preuve. Mais parce que les régions sont de facto alliées à l’Europe contre les nations, certains veulent les renforcer, comme avec la charte des langues régionales.

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