Fusion Police Gendarmerie - Premier pas d’un projet plus ambitieux

par La Grogne
vendredi 3 juin 2011

La fusion Police Nationale/Gendarmerie Nationale se poursuit et s'accélère : création de passerelles entre les sous-officiers de la Gendarmerie et les gardiens de la paix/gradés de la police, annonce de la fusion commissaires/officiers PN... Et toujours dans un silence sidéral, sans que les parlementaires montent au créneau, questionnent ou s'interrogent.

Au point où nous en sommes, j'ai le sentiment que les carottes sont cuites, car si l'opposition était hostile à cette stratégie je pense qu'elle l'aurait déjà fait savoir. Nos élus n'ont pas de culture sécuritaire, habitués comme ils sont à tout déléguer, en matière, au pouvoir exécutif. A mon sens, le seul argument susceptible de les faire (peut-être...) bouger c'est le risque syndical : 250.000 policiers syndiqués disposant du monopole de la force publique, en mesure de paralyser sans recours possible le pays tout entier, voilà un argument "choc" qui pourrait, peut-être, les faire réfléchir. La manifestation des policiers devant le Palais de Justice de Bobigny en 2010 n'est qu'un avant goût des risques que la société française aura à assumer une fois qu'elle se trouvera confrontée à un tel "mammouth" qui, n'en doutons pas, fera pousser des ailes aux syndicalistes. Un mammouth volant, est-ce un animal viable ? On peut en douter...
Le nœud de la question, c'est donc la problématique des contre-pouvoirs. L'existence de deux institutions chargées de la force publique, avec des statuts et des traditions différentes, c'était une garantie pour les libertés. Bientôt, cela ne sera plus le cas.


Montesquieu doit se retourner dans sa tombe...

Mais d'une manière ou de l'autre, cette problématique des contre-pouvoirs fera surface, car elle est incontournable. La solution ne consiste pas à affirmer, comme le font certains sots, que le contre-pouvoir du "mammouth" sera constitué... par les syndicats (oui, oui, on a entendu cela...). Très rapidement, on se rendra compte que le mammouth n'a pas de cornak, et une fois la phase polémique dépassée, cela donnera lieu à une autre fuite en avant, tout à fait dans l'air du temps : à savoir la mise en pièces du mammouth au profit des baronnies politiques locales. On fera ainsi "comme les autres" (c'est à dire comme les américains ou, mieux, comme dans les séries télévisées américaines, qui sont devenues la véritable "culture"de notre société) et on satisfera aussi une antique revendication des élus, soucieux d'avoir sous leurs ordres la force publique. Qu'elle était belle la France avant l'étatisation des polices municipales !

Une fois de plus, la Belgique nous aura montré la voie, avec la dissolution de la gendarmerie et de la police judiciaire au profit des polices locales. Tous ceux qui connaissent la situation de la sécurité en Belgique (et les belges en premier lieu) savent que le système ne marche pas, mais quelle importance puisqu'il il aura permis de démolir l'état unitaire et de jeter les bases d'une partition du pays entre les deux ethnies ? 

Toutefois, je ne crois pas que la France suivra cette direction : l'avenir, chez nous, est aux intercommunalités, autre projet absolument considérable qui est en train de se mettre en place à la vitesse accélérée, par la volonté unique du gouvernement, sans aucun débat de fond (échéance : 2013).

Avez-vous réfléchi au fait que la loi a autorisé la création d'intercommunalités à cheval de plusieurs départements ? Tous les responsables impliqués dans ce chantier reconnaissent, "in petto", que cela signifie, à terme, la disparition des représentants de l'Etat sur le territoire, à savoir Préfets et Sous-Préfets, ce qui est parfaitement cohérent avec la suppression des conseils généraux, déjà décidée. Côté justice, on assiste également à la mise en sourdine progressive des pouvoirs des magistrats (juges d'instructions, procureurs mais également juges du siège) au profit des avocats, des jurés populaires et des institutions européennes.

Bref, on se rend compte que ce projet de fusion PN/GN, qui semble d'un premier abord complètement inexistant au plan doctrinal, est en réalité cohérent et comporte une certaine vision de la société, à savoir la disparition de l'Etat régalien. Le projet est de taille, et il n'est pas certain que les apprentis sorciers qui président au sort de notre pays en aient mesuré toutes les conséquences : j'en doute, puisqu'il s'agit d'une problématique rarement évoquée par les séries télévisées américaines.  

Nékhen

pour https://sites.google.com/site/lagrognegend/


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