Gay Pride : gays, trans et hétéros main dans la main

par Bruno R.
jeudi 15 juillet 2010

Ce samedi 10 juillet se déroulait à Marseille la dernière Gay Pride 2010 de l’hexagone. A l’origine de ce mouvement international, les émeutes Stonewall (New York) de 1969, où de nombreux homosexuels se rebelleront violemment contre les forces de police afin de prôner leurs droits et leur reconnaissance. Depuis, les mentalités n’ont que guère évolué et la Gay Pride, aussi appelée La marche des fiertés, apparaît comme un évènement unique où l’homosexualité n’est plus dissimulée mais partagée ostentatoirement. Et cela fait du bien. Compte rendu, en direct du vieux-port.

Un évènement cosmopolite

Ce qui étonne le plus dans ce genre de manifestation est l’incroyable solidarité de son essence. Car, au-delà du cliché d’homosexuels androgynes et autres travestis édulcorés, la Gay Pride est avant tout une manifestation où toutes les couches sociales de la société se rencontrent. Bref, un évènement cosmopolite, à l’image de la cité phocéenne. Ici, jeunes, moins jeunes, blancs et noirs partagent donc une cause commune qui se nomme la solidarité.
Oui, mais quelle solidarité ? Solidarité législative, morale, affective ? La question semble difficile car le débat républicain et démocratique reste encore et toujours au point mort. D’où la revendication principale du cortège de tête qui organisait le défilé : « Tous citoyens ! Tous égaux ? ». Dans un monde où les homosexuels sont parfois persécutés à mort, la France fait parfois pâle figure à coté de certains voisins européens comme par exemple l’Espagne, où le mariage homosexuel est reconnu. Les revendications étaient donc avant tout d’ordre législatif : PaCS, mariage, adoption, les traditionnelles questions étaient, tel un véritable cercle vicieux, celles de toujours. A grands coups de slogans humanistes ravageurs, les associations n’hésitaient pas à rappeler l’incroyable mais agréable décision de la cour de cassation, qui a récemment accordé l’homoparentalité à un couple lesbien. Mais l’exception doit désormais servir de règle.

De nombreux hommages, saupoudrant la marche de quelques touches émotives entres deux morceaux d’électro, étaient eux-aussi présent, comme celui accordé à Ebrahim Hamidi, jeune iranien homosexuel condamné à mort dans son pays.
 
Un contre-pouvoir exceptionnel 
 
Mais ces revendications là étaient-elles toujours partagées par l’ensemble du cortège ? Pas si sûr, comme en atteste les propos de Benoit, étudiant en droit : « Je suis ici pour, bien entendu, soutenir les homosexuels et autres transsexuels qui souvent considérés comme des sous-citoyens. Néanmoins, le débat sur la parentalité homosexuelle est plus complexe que les associations semblent l’affirmer ». Pour d’autres, cette Gay Pride est aussi un divertissement non négligeable sous ce soleil de plomb : « Je viens ici aussi pour m’amuser. Ecoutez de la musique électronique, en pleine rue et en pleine journée est particulièrement trippant. Mais je soutiens amplement la cause homosexuelle, du mariage à l’adoption », assure Mélanie, une jeune marseillaise.


Les motivations variaient donc du simple au double. Néanmoins, par sa vitalité, son humanisme et sa fraicheur, la Gay Pride constitue un indéniable contre-pouvoir exceptionnel, en ces temps de privatisation intense de l’espace public. Voir une jeune handicapé en fauteuil roulant brandissant une feuille A4 diffusant l’explicite message « Free Kiss » et se faisant embrasser par la première inconnue ne pourra qu’émouvoir. Et c’est tant mieux. Même si certains riverains semblent gêner par le bruit du cortège.

La démarche, dans son fond, rappelle d’ailleurs celle de Reclaim the Streets, célèbre collectif altermondialiste. Le temps d’une après midi, la rue appartient entièrement aux citoyens. Et même à ceux qui sont homosexuels.

 
Photos prisent par l’auteur.
Première photo : La place Castellane
Deuxième photo : La rue de Rome pleine de couleurs

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