Gilets jaunes : réflexions après l’acte 18

par Laurent Herblay
vendredi 22 mars 2019

Alors que le gouvernement espérait probablement que le mouvement finisse par s’éteindre de lui-même avec le grand débat et les élections européennes, la journée de samedi 16 mars est venue rappeler que la colère n’est pas éteinte, outre les violences condamnables des black blocksAlors que Macron semblait reprendre un peu d’air, ce samedi a couronné une semaine noire pour lui.

 

Tout ce qui ne va pas en macronie
 
Le rebond très limité et dérisoire du mois de février, qui laissait entre deux tiers et trois quarts des Français mécontents de son action, risque de ne pas faire long feu. Nous avons eu droit à un condensé de tout ce qui se va pas avec cette présidence : mépris des Français, communication effarante, comportements bien légers, et, pour couronner le tout, une gestion absolument désastreuse de la sécurité sur les Champs Elysées. D’abord bien sûr, le mépris des Français, l’immense majorité de la population constatant que le pseudo grand débat est un artifice communiquant dont tous les sujets qui fâchent sont exclus de manière grossière. Le 16 mars, les Gilets Jaunes ont relancé le mouvement.
 
 
Selon le Nombre Jaune, cité par le Figaro, plus de 200 000 personnes se sont mobilisées (32 000 selon le pouvoir). Depuis des mois, le contraste entre les vidéos ou les photos et les chiffres officiels donne un côté assez dérisoire aux chiffres officiels, une nouvelle manifestation de la communication grossière de cette majorité, qui continue à brandir le chiffon de l’extrême-droite, alors qu’il semble clair que les violences des Champs Elysées venaient de l’extrême-gauche. Les frasques du ministre de l’intérieur le week-end d’avant et l’escapade dans les montagnes du président alors même que Paris brûlait ont accru le questionnement légitime du professionnalisme dans la gestion du 16 mars.
 
En effet, ce n’est pas comme si l’acte 18 n’avait pas été annoncé depuis longtemps comme présentant des risques plus importants que les précédents… Bien sûr, les actes de destruction, de pillage, de vol, de mise en danger de la vie d’autrui sont condamnables et devraient être sanctionnés aussi fermement que cela se doit. Mais ce qui est étrange, c’est l’impression d’impunité que laissent les images, comme s’il était impossible d’empêcher ces actes, ou de retrouver et arrêter les fauteurs de trouble. Pourquoi l’Etat semble totalement capable de maîtriser 1500 casseurs réunis sur les Champs Elysées, alors que plus de 5000 forces de l’ordre étaient mobilisées ce samedi ?
 
Il est triste que ce soit les violences qui aient fait remonter cette mobilisation au long court dans les unes des média, au point d’occulter le message des Gilets Jaunes et la Marche pour le climat, qui comptait de nombreux Gilets Jaunes. Heureusement, Claude Askolovitch s’est heureusement démarqué en évoquant la volonté de justice sociale du mouvement et son rejet de la violence et de l’antisémitisme. Malheureusement, l’amalgame totalement abusif du président de la République perdure, alors que les images montrent bien que ce sont des groupes bien distincts qui sont violents. Heureusement, on peut croire que le message de la majorité est assez peu audible depuis le 16 mars.
 
 
Evoquer la complicité de toute personne qui manifeste est très choquant. Les ficelles sont grosses : c’est autant le moyen d’essayer de décourager la poursuite du mouvement, dont on voit que l’essouflement évoqué est plus que relatif, que celui de remettre en cause le droit de manifestation. Un discours intenable alors que les Algériens manifestent librement. C’est à l’Etat d’assurer l’ordre.

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