Grande Borne : plus de répression, mais toujours pas d’ascenseur social
par HClAtom
vendredi 21 octobre 2016
Avez-vous remarqué que les événements tels que ceux de Viry-Châtillon, le jet de cocktails Molotov sur la police, n'arrive jamais dans les quartiers riches, mais toujours dans les quartiers pauvres ?
Tout être humain poussé à une survie précaire se rebellera. Dans un premier temps il trouvera un moyen de se nourrir, malgré son oppresseur, quitte à transgresser la loi. On voit donc apparaître des trafics illégaux en tous genres. Mais si cela ne suffit pas, il passera au cran du dessus : la contestation de rue. Ainsi la majorité des émeutes, des révoltes et des révolutions ont cette même origine : la misère.
Pour éviter ces désagréments, les gouvernements ont deux options : soit sortir les individus de leur condition précaire, soit envoyer la police, voire l'armée, et pourquoi pas la milice, pour imposer par la force aux individus de rester dans leur misère. En pratique on constate que la première solution marche à tous les coups, tandis que la seconde mène irrémédiablement vers une escalade de violence, se terminant par une révolution.
Le problème de Viry-Châtillon ne déroge pas à la règle. Ceux qui connaissent la Grande Borne savent dans quelle indigence on laisse cette population, en termes d'emploi, de transport, de culture, d'éducation. Comment dès lors s'étonner de ce qui arrive ?
Depuis 40 ans les gouvernements ont poussé au chômage et à la pauvreté des territoires entiers, et s'étonnent aujourd'hui qu'ils soient devenu des « zones de non droit ». Pire, ils enfoncent le clou, et ce sera à qui aura la réponse la plus violente et autoritaire : plus de police, plus d'armes pour la police, des armes de guerre de préférence, plus de rétention administratives sans contrôle judiciaire, obliger les juges à être plus sévères sans égard pour la loi, … Bref, ils ont opté pour la seconde solution, celle de l'escalade de la violence, menant à la révolution.
Je leur suggère donc de réviser leur position, en commençant par leur rappeler que la révolution coupe en général la tête des gouvernants qui ont oppressé le peuple. Je leur suggère d'envisager plutôt de faire enfin le travail pour lequel ils ont été élus : fournir à chaque citoyen la possibilité d'un ascenseur social, c'est-à-dire l'emploi, l'éducation, les services publics, sans oublier aucune « zone » géographique.
Et s'ils me répondent « il n'y a pas d'argent », je leur suggérerais de récupérer tout ou partie des 70 milliards d'euros qui échappent au budget de l’État chaque année, sous couvert « d'optimisation fiscale ». On ne les a pas élus pour qu'ils autorisent des intérêts privés à nous dépouiller de notre du, mais bien pour qu'ils se servent de cet argent, que nous avons durement gagné, pour fournir à chaque citoyen la possibilité de vivre dignement.
Illustration : Mana Neyestani (Iran)