Haiti : Les Restavec, ces enfants-esclaves dans leurs familles d’accueil

par Kilosho Barthélemy
mardi 19 février 2008

La chaîne catholique francophone KTO diffuse actuellement un reportage d’un univers des Restavec, ces enfants haïtiens abandonnés ou orphelins, coupés de leurs familles grâce à une pauvreté extrême et obligés de se retrouver dans des familles d’accueil qui les maltraitent à coup des fouets et injures dans ce pays de non-loi avec des prises régulières d’otages civils, de centaines des blessés par balles perdues et des assassinats d’enfants de la rue par la police nationale sous la barbe de plus de 7 400 Casques bleus des Nations unies.

Par Kilosho Barthélémy

Covalence Genève

Haïti, un pays jonché entre les Caraïbes et les monde riche nord-américain ; un pays ingouvernable et où la domesticité des enfants orphelins de moins de 10 ans et coupés de leurs familles sont obligés de vivre dans des familles d’accueil qui les font travailler dans des conditions inhumaines où les fouets, chicottes et injures constituent leur quotidien.

Un monde que la chaîne catholique francophone KTO a voulu comprendre et exposer à la face du monde la situation de ces enfants appelés « RESTAVEC » présents, par tradition, dans la majorité des familles de Port-au-Prince, Capitale d’Haïti¸ mais sans aucune considération sociale et humaine, des enfants abandonnés à eux-mêmes sans appui ni de la Police nationale soutenues par les troupes des Nations unies dans le pays.

Haïti, un pays de plus de 8,4 millions d’habitants dont plus de 40 % des jeunes de moins de 25 ans, bénéficiant de la présence internationale sur son territoire, en l’occurrence une majorité des Casques bleus brésiliens qui assurent la formation et l’encadrement de la Police nationale depuis les troubles politiques survenus dans les pays. Mais, malgré la présence de ces Casques bleus, le pays reste toujours ingouvernable. Robert Duval, un ancien prisonnier politique et fondateur d’Atlantic Club d’Haïti, un club de football, s’efforce de récupérer plus de 800 jeunes tirés des familles d’accueil à cause de la maltraitance. Selon cet encadreur sportif relayé sur KTO, Haïti reste un pays ingouvernable où il est difficile pour l’Etat d’établir la paix civile à cause d’enlèvements incessants dans la capitale pour obtenir des rançons. La Police nationale recense plus de 26 cas d’enlèvement par jour dans cette ville où l’électricité n’est fournie que deux heures par jour, où les odeurs des ordures sont senties dans toute la ville.

Dans le centre Lakou, Lakou comme « la cour » en français, tenu, depuis plus de dix ans par un prêtre italien, viennent ces Restavec d’à peine10 ans raconter les souffrances qu’ils endurent dans leurs familles d’accueil ; ils montrent les traces des coups reçus, des têtes fracassées et blessures encore visibles sur leurs corps

Pendant leur présence au centre, le prêtre italien, entouré des volontaires haïtiens, leur offre à manger, un repas frugal que ces enfants expédient à toute vitesse comme s’ils avaient passé une éternité sans manger.

Un ancien marine américain d’origine haïtienne et ancien esclave Restavec ne cesse de retourner régulièrement dans son pays pour rendre visite à ces enfants d’à peine 10 ans, libérés de leurs bourreaux, pour leur distribuer des vêtements et jouets dans les bidonvilles sans eau ni toilette.

Nadège Simon, chargée d’encadrement du centre Lakou parle de la situation de ces enfants à leur arrivée au centre : coups et blessures visibles sur les corps, malnutrition sévère. Plus de 250 enfants y sont encadrés ainsi que les enfants de la rue qui pour la plupart fuient la Police nationale qui les massacrent pour seul motif : le vol.

Plusieurs centres d’accueil confirment la tuerie des enfants de la rue par la Police nationale ; ces enfants fuyant les conditions de vie dans leurs familles d’accueil. Mais ce n’est pas l’avis de Michael Lussu, un des responsables des troupes des Nations unies, qui réfute ces accusations de massacres et confirme que ces enfants, bien que mineurs et vivant dans la rue, sont au service de leurs chefs, des véritables gangs qui rançonnent la population haïtienne et victimes des balles perdues, pendant les fusillades entre la Police et ces gangs armés présents au milieu d’une agglomération de plus d’1 million d’habitants.

Poglioglio Calisti, un des responsables de Médecins sans frontières en Haïti, recense, pendant les fusillades avec la police, soutenue par les Casques bleus et les gangs, plus de 200 enfants blessés par balles perdues dans le centre de santé de cette organisation humanitaire française. Des enfants, anciens Restavec, qui doivent leur survie dans la rue par la mendicité, au cas où les centres d’accueil soient remplis.

M. Rolland, docteur toujours à Médecins sans frontières et spécialiste en médecine de guerre, montre souvent aux observateurs indépendants, l’impact des balles qui ont traversé la mâchoire ou les fesses des enfants durant les fusillades dans la ville. Dans le quartier de Bel Air en pleine ville, J. Rober Cadet, un ancien Restavec affranchi, visite des quartiers où plusieurs enfants Restavec sont hébergés par 4 à 6 enfants dans un petit studio de trois mètres carrés pour parler à ces enfants qui n’ont vécu que le mépris des passants et la violence dans leurs familles d’accueil.

Le responsable des centres d’accueil constate que de nombreuses familles haïtiennes croient qu’une bonne éducation passe toujours par les violences physiques et verbales pour les enfants têtus tout en oubliant que ces actes accompagnent ces enfants tout au long de leur vie.

La prison centrale, gérée par la Police nationale avec l’aide des troupes des Nations unies, héberge une majorité des enfants mineurs accusés de travailler pour la mafia locale qui organise les enlèvements dans la ville de Port-au-Prince ; mais certains enfants avouent être illégalement détenus et sans aucune preuve ; d’autres enfants attestent avoir été pris avec une arme dont ils se servent pour se nourrir ; d’autres enfants encore revendiquent leur position politique en faveur d’un des leaders politiques. Mais, sur le fond de tous ces actes, se cache la réalité d’une population livrée à elle-même et des enfants qui paient un prix fort la gestion calamiteuse d’un pays qui s’enfonce de plus en plus dans l’enfer.


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