Hervé, l’homme qui vit dans une soucoupe volante...

par jmsatto
jeudi 20 janvier 2011

Ecolo convaincu, végétarien pur et dur, Hervé Juste vit quasiment en ermite, entouré de ses chats, dans un maison en bois en forme de soucoupe volante, au Castera, près de Toulouse. Reportage.

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Forestier dans l'administration des Eaux et Forêts, à Toulouse, il a toujours rêvé de vivre dans une maison en bois. Un jour, son épouse et lui tombent sur le premier numéro d'une revue d'architecture consacré à ce type de construction : c'est le coup de coeur ! Plusieurs années après, grâce à une aide financière proposée par ses parents, le rêve se réalise ! Il obtient, non sans mal d'ailleurs, le permis de construire.

 

Le visiteur, après avoir dûment ôté ses chaussures (le maître de maison se déplace lui-même pieds nus sur le beau parquet blond -de l'épicea...), découvre d'abord la vaste "pièce de vie". Il est tout de suite intrigué par la présence de cordes à noeuds accrochées au plafond, et par celle d'une série de barreaux se succédant du sol au plafond, sur la droite, l'ensemble épousant la courbe de la paroi ! Ces dispositifs sont les moyens préférés de l'hôte des lieux, plutôt sportif, pour accéder à l'étage : en quelques secondes, devant les yeux ébahis du visiteur, il parcourt les barreaux de l'échelle, le corps suspendu à la paroi, tel un nouveau Tarzan ! "J'ai toujours aimé grimper dans les arbres", nous confie-t-il...


En prolongement de la pièce de vie se trouve la cuisine. Hervé Juste est végétarien, il se nourrit essentiellement de salades composées, et de mélanges de légumes cuits, le tout très poivré (c'est excellent, paraît-il , pour la santé). Il mange aussi des fruits, mais uniquement avant le repas du soir, car à son issue , la digestion selon lui s'en ressent...Il ne mange pas de pain, et si ses hôtes en désirent, ils doivent eux-mêmes en apporter !

 D'autres pièces, sur le pourtour de cet habitat, complètent le rez-de chaussée : salle de bains, toilettes, chambre...Au centre, un grand poële rarement activé, par souci écologique.


Outre les cordes et l'échelle qui grimpe le long de la paroi, un escalier permet tout de même d'accéder à l'étage. Là plusieurs pièces, plutôt petites et au plafond en soupente, se distribuent : chambres, bureau , bibliothèque...


Voici par exemple une chambre sous la courbe de la paroi. Il ne faut pas être trop grand pour y être à l'aise. L'ensemble de l'habitation est d'après notre hôte l'équivalent d'un appartement de 220 m2 en volume utilisable.


Sur ces photographies datant de l'époque de la construction, on peut distinguer les éléments principaux de la structure : une coque inférieure, en mélèze, bois de classe 3 qui résiste aux intempéries,une couverture en thuya, bois de classe 4 très léger et quasiment imputrescible ; et un axe central qui relie les deux. Dans ce type de construction , pas de murs porteurs, la structure est porteuse.

A partir de cette structure ,on peut mettre des cloisons où on veut : c'est une grande liberté , pour Hervé Juste :"Avec ma femme on a noirci des pages et des pages de plans vierges...Finalement on a fait des choix en fonction des meubles qu'on avait déjà !" Autre particularité : on peut faire tourner la maison sur son axe ! On le fait deux fois par an : on a une orientation estivale, avec la chambre au nord et la pièce de vie avec baie vitrée plein sud ; une orientation hivernale : baie vitrée au sud ouest , exposition la plus chaude ; pièce de vie au sud et à l'est. Cependant elle est de plus en plus difficile à tourner avec le temps ,il faut s'y mettre à trois ou plus.


Ce type de construction a été conçu par un instituteur ,et commercialisé par une entreprise bretonne ; il n'y en a qu'une centaine en France , avec des variantes ; ils exportent une partie de leur production ; dans la région , elle a longtemps été la seule, et elle a été très visitée ! Aujourd'hui, il en existe deux ou trois autres... 

A côté de la fameuse soucoupe , une autre construction en bois, à usage de garage et d'appentis : sur le toit , deux grands panneaux solaires photovoltaïques de 39 m2 , qui assurent trois fois sa consommation en électricité ,et des panneaux solaires thermiques de 6m2 qui lui garantissent les 3/4 de son eau chaude .C'est sa contribution à la lutte contre l'effet de serre ! Mais s'il produit plus que ce qu'il consomme, ce n'est pas une raison pour gaspiller l'énergie ! Si un visiteur étourdi oublie de fermer la lumière en sortant d'une pièce, notre écolo a tôt fait d'aller réparer sa négligence !


La pluie qui tombe sur le toit de son appentis est aussi récupérée dans une citerne ,une sorte de grande poche posée sur le sol et qui peut contenir 40 à 50 m3 d'eau ;au delà, un système permet d'évacuer le trop plein . Hervé possède 1 hectare de terrain qu'il consacre à un potager et à un grand verger, qui ont besoin de beaucoup d'eau :il préfère utiliser pour les arroser de l'eau de pluie plutôt que l'eau potable.

"Les problèmes d'eau seront cruciaux dans l'avenir , c'est une manière d'y faire face" affirme-t-il.

Hervé a plaisir a entraîner ses visiteurs dans son beau verger , où figuiers , amandiers ,cognassiers ou même arbres à kiwis côtoient des specimens plus classiques , et à leur offrir quelques fruits cueillis à même l'arbre.
Une légère pente du terrain permet aux tuyaux d'arrosage reliés à la citerne de faire leur office sans autre dispositif.


 ( Ci dessus : Didier Rousselet et sa nièce Tara qui ont mené avec moi l'interview.)

Ecolo jusqu'au bout du tee-shirt (orné d'un globe terrestre surmonté de l'inscription :"Prière de laisser l'endroit aussi propre que vous l'avez trouvé en arrivant"...),Hervé Juste a choisi le bois aussi (et surtout ?) pour l'économie d'énergie qu'il représente :en effet ,la construction en bois utilise 4 fois moins d'énergie que le béton par exemple ;et le bois a un caractère isolant : avec ce matériau ,on a à la fois froid en été et chaud en hiver ;sa forme joue aussi ,et l'isolation constituée par une grosse épaisseur de liège sous le plancher et sur la coque supérieure ;on a ainsi besoin de très peu chauffer. Le bois vulnérable au feu ? Une légende ! Dans ce type de maison le bois est surdimensionné ,il se consume lentement :les pompiers ont le temps d'intervenir .Alors que les structures métalliques du béton armé se dilatent ,et l'édifice risque vite de s'écrouler ; d'autre part,le bois dégage du CO2 ,mais pas de fumées toxiques :"Statistiquement ,une maison en bois est plus sûre qu'une maison en béton armé" assure notre hôte.

Il faut donc regretter que la France soit un des pays qui utilise le moins le bois dans la construction.

Hervé Juste passe pour un original dans la région :ne serait-il pas plutôt un précurseur ?


Reportage : Didier Rousselet ,Tara, JMSatto.

Texte : JMSatto.

Reportage extrait de la BLOGAZETTE DES ULIS : www.jmsattoblogazettedesulis.blogspot.com


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