Homosexualité : une actualité dense

par Jean Beaumont
samedi 17 novembre 2018

L’homosexualité a fait l’objet de plusieurs faits notables depuis la rentrée.

En octobre dernier par exemple, alors que deux passagers hommes échangeaient un baiser dans son taxi, un chauffeur VTC arrête sa course, les fait sortir de la voiture en déclarant qu'il ne transporte pas des gens comme "eux". Il sera dès le lendemain poursuivi en justice, d’autant qu’il y a eu ensuite des faits de violence.

Pressé par sa majorité, mais faisant face au chaos social actuel, le gouvernement décide quant à lui de reporter aux alentours de l’été 2019 l’examen à l’Assemblée nationale du texte qui étendra la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. En réalité, c’est aux seules lesbiennes que la loi s’adresse : la PMA est déjà autorisée pour les couples normaux infertiles, ou risquant de transmettre une maladie héréditaire à l’enfant. Le projet prévoit de l’ouvrir aux couples de femmes, ainsi qu’aux célibataires. « Il faut créer les conditions pour un débat le plus apaisé possible »a rappelé l’entourage de la ministre de la santé Agnès Buzyn, citant « la congélation des ovocytes, les recherches sur l’embryon, le droit de la filiation »

L’annonce du report a été sévèrement blâmée par les associations LGBT. « Nous sommes furieux », a tonné auprès de l’AFP la militante Laurène Chesnel, déléguée famille de l’Inter-LGBT, mère de deux filles nées par PMA, ajoutant : « On nous fait passer après la réforme constitutionnelle. (…) Ce n’est pas à nous de payer l’affaire Benalla ! » Gaylib, l’association des LGBT rattachée au Mouvement radical, a pour sa part dénoncé « une nouvelle reculade ». Quoiqu’il en soit, on apprend d’ores et déjà que l’acte sera remboursée par la Sécurité Sociale, via la secrétaire d'État Marlène Schiappa.

Changeons de registre. L’animateur Marc Olivier Vogiel a publié le 3 octobre dernier un ouvrage sur la GPA intitulé « Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? ». Il y détaille sa propre démarche. Porté par une couverture médiatique notable, qui démontre un changement de regard, le livre est devenu un succès de librairie.

À l'époque ou Marc-Olivier Fogiel et son mari le photographe François Roelants formulent leur projet parental, les couples homosexuels n'ont pas le droit d'adopter. Pour obtenir l'agrément, il faut faire croire qu’on est célibataire et attendre de très nombreux mois. C'est donc aux USA, pays où la GPA est légale, que le couple va se lancer. Rappelons les trois étapes de la GPA ; il faut d'abord choisir une donneuse d'ovocytes sur un fichier. L’acheteur consulte un catalogue avec photos, renseignements personnels, les antécédents médicaux, le niveau d’études, etc. Marc-Olivier Fogiel raconte qu'au final, leur choix s'est porté sur une jeune femme « pleine de joie de vivresaine ». Après cette étape, il faut trouver une mère porteuse, à qui les médecins injecteront ensuite les ophocytes de la donneuse, adjoint au sperme du père, obtenu antérieurement par voie de masturbation. 

Toutes ces étapes font bien entendu l’objet de rémunérations, ce qui implique un fort niveau de vie, critique récurrente et indéniablement fondée des opposants à la GPA.

Le couple rencontre, au terme de diverses recherches, une certaine Michelle, qui portera les deux filles du couple homo, Mila, puis Lily. "Elle s'était toujours dit que si un jour elle avait ses propres enfants, elle essaierait d'aider les autres. Elle a eu ses propres enfants – puisque c'est la loi au États-Unis, ces femmes pour pouvoir être mères porteuses doivent déjà être mère deux fois" précise l’animateur. 

Sur la question de l'argent, le journaliste de RTL est très direct : "Elle n'est pas payée, elle est dédommagée. Elle arrête de travailler pour porter votre enfant. Elle a touché 18 000 dollars. Ça fait 2000 euros par mois. Ça ne change pas leur vie." Pour une GPA complète, Fogiel explique avoir déboursé un peu plus de 100 000 euros. "Ce n'est évidemment pas de l'argent qui va à la mère porteuse ni à la donneuse d'ovocytes. C'est l'ensemble du processus, comme les avocats et les frais médicaux. Rien que l'accouchement, c'est 19 000 euros, je crois.

La dite Michelle a porté les deux filles de Marc-Olivier Fogiel et François Roelants. Le couple la retrouve aux États-Unis pour les fêtes de Noël, ceci chaque année. Cela ne trouble pas les fillettes pour qui Michelle n'est pas une mère : "je comprends ces questions, c'était les miennes auparavant. L'histoire est extrêmement simple. Mes filles savent comment elles sont nées." Les questions de la fête des Mères ou de l'absence d'un modèle féminin à la maison sont semble-t-il périphériques, et les fillettes paraissent très équilibrées, selon de nombreux proches du couple. Et du reste, MO Fogiel est ravi : "la paternité m'a changé totalement. Si vous me demandez, je suis d'abord papa. Depuis qu'elles sont nées, je crois que je pleure tous les jours. Les mots, les petits dessins, les je t'aime, la première fois que je les dépose à l'école. Je pleure tous les jours. Ça fait beaucoup rire mon mari."

Une leçon humaniste encourageante, même si elle ne peut en aucun cas servir de modèle absolu.


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