Hortefeux veut des heurts et l’argent du Beur
par Aimé Mathurin Moussy
lundi 14 septembre 2009
Depuis l’invention des Cités médiévales, de la politique, nous avons fixé nos sens, nos idéaux et opinions, nos économies sur un support physique : La parole. Dans les temps modernes : Les médias. C’est le monde de la communication sur les consciences, le monde de l’instrumentalisation des faits. Brice Hortefeux, fruit de cette école, n’aurait pu l’ignorer. Toute cette accumulation de savoirs tant historiques que sociaux,lui a donné bien des égards à l’endroit d’un commis de l’Etat, qui s’est pris de glossolalie : Le préfet Paul Girot De Langlade. Le nouveau monde qu’ Hortefeux incarne est celui, où tout représentant de l’Etat, doit avoir de la réserve et de la maîtrise de soi comme valeurs cardinales.
Menacé par l’opposition qui a demandé sa démission, ce thuriféraire du régime de Sarkozy, a appelé tous ses amis au secours, pour banaliser une parole, un précédent politique et historique.
Il aura fallu la rupture de la fin du jeûne de Ramadam ce 11 septembre à Clermont-Ferrand, pour réconcilier le ministre des cultes avec le monde qu’il dit n’avoir pas fustigé dans ses gouailles : Les Beurs. Cette sortie, loin d’être banale, a tout l’air d’un aveu et d’un mea culpa d’un système en perte de vitesse. A-t-il mangé à la rupture du jeûne du cochon Hallal à Clermont ?
Faire ombrage à Le Pen
Peut-on en tant qu’homme politique s’attaquer à une communauté en esquivant toute assimilation raciste ? Peut-on forger une paix sociale, en biaisant sur les vrais problèmes auxquels sont soumis les minorités visibles en France ? Permettre à l’opinion de renouer avec la politique, sans rompre les tabous de race et de religion tels sont les épreuves auxquelles doivent s’affranchir la droite française et ses affidés. C’est le pari de Nicolas Sarkozy, à la recherche des voix pour les élections futures : régionales et présidentielle. Il faut des voix au parti présidentiel, toutes les voix et par tous les moyens. C’est à cette manière de mener le débat, attribuée à la realpolitik que s’affaire les hommes de mains de Sarkozy. Hortefeux.
L’élection présidentielle française du 21 avril 2002 a montré sans équivoque que le Front National de Jean-Marie Le Pen est sorti de la marginalité. Le terme de populisme ou de souverainisme remplace celui de néo fascisme. A la veille de chaque élection d’importance, et bientôt les régionales, il faut une trouvaille. Hortefeux a décroché ce chelem : Les Beurs. Pour plaire à un certain électorat, ce jour là à Seignosse, Brice Hortefeux était dans sa logique à lui : Identitaire ! "Il en faut toujours un. Quand il y en a un , ca va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes." En Auvergnat, ça s’appelle du parler franc ! Il ne s’attendait pas à ce que sa piteuse et minable sortie médiatique fasse autant de tapage. Par ailleurs, étant sûrs de leur emprise sur les médias, il ne pouvait pas s’inquiéter, d’autant plus que Publics Sénat a confisqué l’information six jours durant. Les révélations du journal Le Monde, ne pouvaient rien changer dans cet univers où le sophisme est l’arme la mieux partagée en politique.
Les Alliés
De Villiers le nouvel allié de Sarkozy, décrie sur tous les toits l’islamisation des cités et des quartiers populeux. C’est son fonds de commerce communautariste. Ô combien a-t-il bien accueilli par le régime de Sarkozy ! Alors que, ses doctrines, si elles ne frisent pas le racisme, elles s’y apparentent. La droite à cours d’idée sur le long terme, ressuscite les démons des races et des communautés pour assouvir ses élans machiavéliques. C’est une évidence qu’il est bon de rappeler : contrairement à ce que suggère parfois le discours utopistes des dirigeants de gauche : l’UMP n’est pas une ONG oeuvrant pour le bien de l’humanité. C’est une écurie politique. Son but est de rester au pouvoir.
Avec tout l’arsenal médiatique qui est le leur, ils paraissent sur la scène politique comme ces messies qui vont changer les conditions des couches défavorisées. Il faut faire ombrage à celui qui clame tout haut les aspirations de la France des couches populaires, celle qui se reconnaît dans la filiation du jus : Le Pen.
Le populisme
Il faut pêcher dans les eaux troubles d’un Le Pen vieillissant, et tous les autres partis nationalistes et souverainistes. Tous les populistes d’Europe, de La Lega Nord d’Italie en passant par le Vlaams Blok en Belgique, ont des programmes identiques. Ils mêlent l’autoritarisme au libéralisme et utilisent les inquiétudes populaires pour stigmatiser les immigrés, la mondialisation ou l’intégration européenne. Usant habilement des signes de la modernité médiatique, dont Sarkozy est passé maître. Ces partis de la droite conservatrice monopolisent , au détriment de la gauche politique, les inquiétudes suscitées par la mondialisation néolibérale.
Si l’immigration est de tous les dossiers, cela est peut-être lié au fait que Sarkozy veut accaparer tous les dossiers, pour mieux asseoir sa présidence, mais c’est surtout du fait que l’immigration est incontournable, qu’on la souhaite ou qu’on la rejette. Si certaines personnalités politiques prennent ombrage de Sarkozy, ce n’est pas parce qu’elles sont en désaccord avec lui, mais parce qu’elles ont une carrière politique à mener .
L’Etat policier
Le respect de la loi sur l’entrée et le séjour en territoire français est la prérogative du ministère de l’intérieur, de l’immigration et un peu de la justice. Mais, cette loi touche à la diplomatie (visas, le droit d’asile, la nationalité française), aux finances ( la douane plus sollicitée, les redevances exigées pour les étrangers et leurs accueillants sont à la hausse), à la construction européenne (l’espace Schengen), aux affaires sociales (le regroupement familial, la protection sociale, le code du travail), aux transports (aéroports, routes de frontière) et même au ministère du commerce (car il y a mise en œuvre des techniques de pointe de contrôle social pour tenter de contenir toute misère du monde qui frappe à la porte de la France).
Un effort massif pour contenir une prétendue invasion est une nouvelle étape vers une société policière. Car, après chaque loi sur l’immigration, de nouveaux acteurs (des fonctionnaires, des maires, des services sociaux) deviennent parfois, malgré eux, des auxiliaires de police.
Alors, Hortefeux étant le premier flic de France, un blagueur politique Auvergnat, nous n’avons plus à nous inquiéter.
AIME MATHURIN MOUSSY