Il court il court l’homo modernitus

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lundi 9 avril 2018

Avec le printemps revient la saison des marathons, des courses et bien entendu des "vide-greniers" mais ceci est un autre sujet qui vous préoccupe. Je dis bien vous car pour ma part, je n'en ai strictement à faire. La course à pieds devient une folie douce à plusieurs, une folie douce pour ne surtout pas se soucier de la planète, de son pays, de son quartier, pour se "vider la tête", être dans une compétition en foule, en groupes, un simulacre de méritocratie. Cela a commencé dans les années 80, tout doucement. C'était encore sage, un peu kitsch avec les shorts trop larges, les bandeaux en éponge fluo...

 

...Mais ça c'était avant, bien avant, maintenant c'est devenu beaucoup plus qu'un business, un véritable mode de vie, et on appelle ça le "running". Hier dimanche une bonne partie de Paris était bloquée pour cette raison, les coureurs -pardon les "runners"- passant dans des rues et des quartiers dont ils ignorent l'histoire et devant des monuments dont ils se fichent complètement.

 

Un dictateur peut parler de vaporiser le Japon et une bonne partie des Etats-Unis, un fou de dieu peut faire de même en Europe ou ailleurs. La classe moyenne disparait progressivement, il existe de plus en plus de pauvres, de précaires, de moins en moins de riches de plus en plus riches. Un président a dans ses mains plus de pouvoir que les anciens rois pourtant réputés tyrans. Les conflits sociaux se multiplient. L'ancien monde ne se laisse pas faire, ne se rend pas sans heurts. Que fait l'homme moderne face à tout cela ? Il se révolte ? Il s'énerve ? Il se met en colère ? Il se soumet ?

 

Non, il court. Dés qu'il peut...

 

L'homme moderne n'est plus un rebelle, il ne pense plus par lui-même. il en laisse le soin à de nombreuses officines et radios, aux chaînes d'infos en continu. Il ne veut plus réfléchir, c'est fatiguant comme activité et parfois cela a comme conséquence de souffrir d'isolement au milieu du troupeau grégaire, plus que jamais. On lui dit de se conformer à un physique standard, il obéit. On lui de sculpter son corps selon des normes complètement idiotes, il le fait. Par peur il se laisse mener. Les femmes rêvent de corps ressemblant à celui de la poupée Barbie, cela les arrangerait de plus en plus si celle-ci n'avait pas de sexe et que Ken non plus. 

 

C'est tellement sympathique de porter en couple les mêmes leggings en imprimés de rideaux de douche !

 

C'est tellement bon pour l'ego de courir alors que des gadgets mesurent qui le pouls, qui la respiration, la tension, la performance non plus comme personne mais comme machinerie totalement au service de la société et du plus grand nombre., un individu bien sûr décérébré, c'est mieux. Curieusement, dans la plupart des intérieurs modèles proposés à l'appréciation des hommes et femmes modernes, on ne trouve jamais de bibliothèques...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

 

illustration prise ici (site de l'Equipe)


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