Il y a bien une pandémie de Covid-19 mais c’est une pandémie de la peur
par Bernard Dugué
mercredi 26 février 2020
1) Esprit es-tu là ?
Que se passe-t-il en France et dans le monde ? Le Covid-19 est-il une menace pour l’humanité, un danger pour les sociétés ? Oui, mais si menace il y a, celle-ci concerne le psychisme des élites et des masses, autrement dit les esprits animaux pour parler comme Keynes qui en a donné une explication sommaire dans ces quelques lignes :
« Outre la cause due à la spéculation, l’instabilité économique trouve une autre cause, inhérente celle-ci à la nature humaine, dans le fait qu'une grande partie de nos initiatives dans l'ordre du bien, de l'agréable ou de l’utile procèdent plus d’un optimisme spontané que d’une prévision mathématique. Lorsqu’il faut un long délai pour qu'elles produisent leur plein effet, nos décisions de faire quelque chose de positif doivent être considérées pour la plupart comme une manifestation de notre enthousiasme naturel (as the result of animal spirits) - comme l’effet d'un besoin instinctif d’agir plutôt que de ne rien faire -, et non comme le résultat d'une moyenne pondérée de bénéfices numériques multipliés par des probabilités numériques. »
Remplaçons « optimisme spontané » par pessimisme ou « peur spontanée » et nous avons une clé pour comprendre comment ces esprits pas très malins se propagent dans les hautes sphères sanitaires, politiques et les basses sphères médiatiques. Esprit es-tu là ? Virus d’où viens-tu, cesse donc de jouer au chat et à la chauve-souris !
2) Les familles de virus
Les coronavirus sont des agents pathogènes responsables d’affections respiratoires, comme du reste les virus grippaux. Ils se distinguent des agents bactériens qui, comme les pneumocoques, s’avèrent bien plus dangereux, sauf qu’un traitement antibiotique peut en venir à bout, ce qui n’est le cas pour les infections virales. Il se dit que la chloroquine, utilisée comme le paludisme, pourrait être efficace contre le corona, mais il faut néanmoins prendre en compte les effets secondaires et le risque de développer une affection rétinienne. Ce serait idiot préserver son souffle en risquant de perdre la vue.
Les virus sont d’étranges « objets » nanoscopiques qui contiennent du matériel génétique, sous forme d’ARN dans le corona et la grippe. Ces informations s’échangent entre congénères d’une même espèce, mais peuvent aussi transiter d’une espèce à une autre, ou se réassortir, comme ce fut le cas du H1N1 qui inquiéta à tort l’OMS car il était nouveau et fut considéré comme un transfuge de la grippe porcine. Le H5N1 a lui aussi suscité une inquiétude car il est capable de décimer des élevages entiers de volatiles et pourrait contaminer ce drôle d’oiseau qu’est l’être humain. Le coronavirus de 2019 aurait une origine animale, la chauve-souris étant l’espèce suspectée en premier par les docteurs Holmes de la virologie. Il existe une bonne vingtaine de types viraux appartenant au genre corona.
3) Covid-19, Une affection bien ordinaire
L’impact sanitaire d’un virus se mesure avec la contagiosité et la mortalité, en sachant que la plupart des patients décédés d’un coronavirus ou d’une grippe présentaient des terrains morbides, par exemple insuffisance cardiaque, diabète et autres pathologies chroniques. D’ailleurs, la bronchite chronique dite du fumeur tue 15 000 patients par an. Pour connaître les paramètres d’une épidémie, il faut obligatoirement des données statistiques fiables et notamment des résultats d’analyse confirmant la présence virale. Le caractère multiforme de l’affection par le Covi-19 ne facilite pas la tâche. On sait qu’il y a des porteurs sains et donc passant à travers les mailles des inspecteurs sanitaires. La contagiosité ne peut pas être évaluée à ce stade, ni la mortalité, estimée à 5% au tout début par les autorités de Wuhan, puis revue à la baisse, entre 1 et 2 ou même moins si le nombre de patients infectés est largement sous-estimé.
Le coronavirus du Sras de 2003 fut moins contagieux mais bien plus mortel, comme celui du Mers de 2013. En réalité, les coronavirus circulent depuis des lustres chez l’homme et sont responsables d’affections respiratoires touchant les voies supérieures ou inférieures, causant rhumes, bronchites ou pneumonies. Le professeur Raoult, spécialiste des maladies infectieuses, nous a renseigné sur ces coronavirus qui circulent et ont fait l’objet d’analyses sérieuses. Sur 5000 patients affectés par des symptômes viraux, 2500 ont été testés positifs dont 500 par un coronavirus non chinois, avec respectivement 16 et 2 décès, ce qui correspond à une mortalité de 0.5 points.
Vous avez bien lu, 500 coronavirus détectés par les médecins de l’assistance publique et 2 morts mais il ne s’agit pas du Covid-19. En Italie ou en France, les résultats communiqués actuellement ne sont pas significatifs. Il y a des chances que nombres d’infectés ne soit pas connu, soit parce qu’ils ne sont pas gravement affectés par le virus, soit parce qu’ils ne se présentent pas chez les professionnels de santé parce que leur état n’est guère plus inquiétant qu’une banale grippe ou un rhume ordinaire.
4) La pandémie de peur face au Covid-19
D’après les données livrées par le professeur Raoult, les affections par le coronavirus non chinois en France pourraient atteindre des chiffres conséquents, plus élevés que ceux donnés par les autorités de la province de Wuhan dont la population est comparable à la nôtre. Un chiffre de quelque cent à deux cents mille n’est pas improbable, et donc quelques centaines de décès imputables à un coronavirus non chinois. La « grippe » est censée occasionner quelques milliers de décès sur une saison, en notant que la comptabilité grippale repose sur des analyses de symptômes ce qui ne signifie pas automatiquement présence du virus grippal. Dans l’exemple donné par Raoult, sur 5000 patients reçus par l’assistance publique pour syndromes grippaux, 2500 avaient une charge virale et 500 un coronavirus non chinois.
L’analyse de l’épisode pandémique du Covid-19 relève donc autant de l’épidémiologie que de la psychologie, des neurosciences, de la systémique et l’étude des machines sanitaires et médiatiques qui sont en réalité des systèmes de Luhmann, capables d’être efficaces ou de s’emballer en développant une réaction d’hypersensibilité comme c’est le cas du système immunitaire qui panique en retrouvant un antigène connu dans le passé. La première piqûre de guêpe vous laissera indemne mais la seconde vous sera fatale si votre système immunitaire est devenu hypersensible.
Le monde médiatique s’est enrhumé du cerveau mais cela ne justifie pas pour autant de prendre en grippe les journalistes, comme ce fut le cas avec la fièvre jaune du gilet. S’ils couvrent l’info, c’est parce qu’on leur donne l’info mais pas les éléments pour la décoder. Si bien que la comptabilité virale n’a pas de sens ni aucune valeur d’exactitude statistique. Notons cependant que les journalistes ne font pas beaucoup d’effort pour nous aider à interpréter les chiffres. Mais pour en parler ils n’hésitent pas à inviter Marine le Pen qui, comme tout le monde le sait, est une spécialiste mondialement connue en épidémiologie !
Souhaitons que le monde reprenne sa raison et que l’économie puisse à nouveau fonctionner avec des esprits animaux redevenus sereins. Pour info, il n’y a pas de vaccin contre la pandémie de peur. Il y a juste des sujets qui sont immunisés par la raison. Cela ne date pas d’hier. Déjà Platon connaissait les contrepoisons face aux émotions qu’un autre système du spectacle pouvait générer dans la Grèce antique, celui des poètes et des tragédiens. Alors, messieurs les journalistes, cessez d’être tragiques, ce virus est bien anodin. Mais soyez rassurés, il n’y a pas de Platon pour vous chasser de la République (cf. Livre X)
Pour finir, une bonne nouvelle. Une partie du corps médical a compris la situation et s’emploie à diffuser des messages incitant à rester calme et à ne pas paniquer. Il serait bon que les médias fassent de même plutôt que livrer aux esprits animaux des informations brutes, comme ce nouveau décès consécutif à une embolie pulmonaire développée par un homme de 60 ans testé positif.
A écouter, cette vidéo du Pr Raoult