Immersion dans la « nouvelle jungle » de Calais

par ALDECO
mercredi 15 avril 2015

Dix jours après la mise à disposition d'une ancienne décharge municipale aux migrants de Calais, sur place c'est le branle-bas de combat.

Des opérations menées par les associations locales aidées des migrants eux-mêmes émergent des dizaines de constructions aussi sommaires que diverses.

Le "Secours populaire français", "Abris sans frontière", "Salam", entre autres oeuvres pour le financement et la gestion de plusieurs méga chapiteaux d'ici à la fin du mois d'avril. 

L'association "Calais, ouverture et Humanité"a, quant à elle, lancé une campagne de financement participatif sur le web à hauteur de 10 000 € pour financer les materiaux.

Tentes, cabanes, cases africaines, chapiteaux constitueront un des camps de réfugiés le plus important d'Europe.

Déjà mille migrants le peupleraient, et plusieurs dizaines d'autres les rejoindraient chaque jour.

La situation est en voie de sédentarisation

Une preuve de cet élan de sédentarisation est sans doute la construction de lieux de vie communs : lieux de culte (église, mosquée), lieux de restauration, épiceries solidaires...

Pérennisation et Sédentarisation semblent d'ailleurs être le mot d'ordre à la fois des autorités représentatives de l'Etat, de la municipalité, des forces de l'ordre et des associations présentes sur le terrain.

Et c'est bien là l'objectif prinicpal de cette manoeuvre.

En effet la situation à Calais étant devenue délétaire suite à la masse de migrants présente aux abords immédiats de la ville, à la multiplication des squats, à la multitude d'incivilités et de petits larcins constatés, mettant la population à bout.

Un regroupement des migrants à l'extérieur de la ville avec la mise en place de structures permettant leur maintien à l'ecart en une seule zone et dans des conditions sanitaires décentes était souhaité de manière quasi unanime.

La priorité est désormais donnée aux aménagements de première nécessité

La mise en place de plusieurs points d'eau potable, la gestion des ordures, la création de latrines sont autant de points prioritaires, un éclairage de la zone est même prévu pour la sécuriser.

La question est alors de savoir qui va effectuer les travaux et avec quel financement ? 

La municipalité de Calais veut bien les effectuer si l'Etat finance.

Il est vrai que cette sédentarisation à ciel ouvert s'appuie actuellement, pour l'essentiel, sur le bénévolat.

La préfecture assure que de nouveaux fonds publics devraient suivre.

L'Etat n'est d'ailleurs pas en reste puisque à proximité immédiate des constructions sommaires se trouve le centre d'accueil de jour Jules Ferry.

Il s'agit d'un ancien centre aéré réaménagé en centre d'acceuil mixte d'une capacité de 400 places.

Celui-ci a été ouvert le 15 janvier dernier à l'initiative du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Il a fonctionné d'abord avec la distribution de repas puis, avec l'accueil de nuit d'une centaine de femmes et d'enfants, il fonctionne pleinement depuis le début de semaine avec la mise en place de nouveaux services et aménagements.

On y trouve sanitaires (douches et WC), infirmerie, laverie, point d'eau potable en continu, entre autres.

700 repas y sont donnés actuellement par jour et pourraient passer à 1 500, selon Stéphane Duval, le directeur du centre.

50 personnes y travaillent

Ce centre, géré par l'association "la vie active", est dôté d'un budget de 9 millions d'euros en 2015.

Il est financé par l'Etat avec une aide apportée par les fonds européens de 3,7 millions d'euros.

La question sera de savoir, comme cela a été le cas pour Sangate, quelle sera la frontière raisonnable entre la gestion d'un camp de réfugié d'urgence à même le territoire français et l'attrait que celui-ci aura pour les futurs migrants.

Lorsque l'on voit la hauteur du budget annuel que cette gestion de l'urgence implique, une politique de plus grande ampleur aurait sans doute été souhaitable.

Il est évident que les Etats d'une part et les politiques d'autre part, manient à la perfection le jeu de la patate chaude. 


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