Intempéries, faits divers et information

par Laurent Herblay
mercredi 7 octobre 2015

Bien sûr, les morts et les énormes dégâts causés par les intempéries dans le Sud-Est sont choquants. Et il n’est pas illogique que les médias aient largement traité le sujet. Mais n’en ont-ils pas fait un peu trop et cela ne montre-t-il la part trop importante des faits divers dans l’actualité ?

 
Déluge de non information
 
Avec quelques jours de recul, on peut se demander quel était l’intérêt de consacrer jusqu’au trois-quart des journaux télévisés du dimanche soir et encore une part très importante de ceux d’hier et d’avant-hier aux conséquences des intempéries. Bien sûr, un tel événement est traumatisant et marquant. Ces informations pourraient également permettre une prise de conscience des problèmes d’aménagement du territoire ainsi que sensibiliser les pouvoirs publics à agir. Mais tous les reportages étaient-ils vraiment utiles ? N’y avait-il pas aussi une forme de voyeurisme inutile dans cet étalage de destructions et de drames humains ? Bien sûr, certaines personnes n’étaient pas mécontentes de passer à la télévision, et ainsi rassurer proches et famille, mais qu’apportait véritablement ce déluge d’information ?
 
Ce que cela dit de notre société
 
Ce qui est également frappant dans cette obsession de la réaction et du direct, c’est ce déluge d’infos peu contextualisées, un peu brutes, comme si on plaçait des caméras dans les lieux qui font l’actualité, les transformant en vaste téléréalité. La démultiplication des médias, l’instantanéité toujours plus forte de l’information pousse à une surenchète effarante dès qu’un événement marquant se produit. Les télévisions, les radios, les sites deviennent des torrents d’information souvent uniforme et sans la moindre perspective, puisqu’il faut toujours réagir plus vite que le voisin. Et ce déluge de réactions ne laisse naturellement peu ou pas de place pour l’analyse au long court et le débat dans la durée, qui finissent souvent dans des vignettes trop courtes pour permettre une véritable réflexion.
 

Bien sûr, la révolution technologique des dernières décennies a sans doute contribué à cette déformation de nos canaux d’information. La réactivité actuelle est sans doute fascinante et grisante. Mais ne donne-t-elle pas une vision à courte vue de notre monde, ne contribut-elle pas à la myopie de nos sociétés  ?


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