Islamisme et antisémitisme

par ÇaDérange
vendredi 29 décembre 2006

Depuis l’Holocauste et la fin de la dernière guerre mondiale, nous avons l’impression, en Occident, que l’antisémitisme a été quasiment éradiqué, même s’il en subsiste, ici et là, des manifestations nombreuses. Du fait de la permanence de la guerre israëlo-palestinienne, un fort sentiment antisémite demeure, en particulier dans le monde arabe, mais nous croyons- ou voulons croire- qu’une fois la paix établie dans cette partie du monde, le peuple juif pourra y vivre en paix, et que, de fait, l’antisémitisme aura été alors vaincu.

De nombreux éléments me donnent à penser que nous n’en sommes pas nécessairement arrivés à ce stade de l’acceptation de l’existence des juifs, et que le feu couve toujours sous la cendre.

Le premier est l’antisémitisme exprimé par le premier dirigeant de l’Iran, qui s’est déjà prononcé pour la disparition pure et simple d’Israël, et a osé organiser une conférence révisionniste pour nier, pas moins, la réalité de l’Holocauste, avec l’aide d’ailleurs d’un ancien professeur révisionniste français, le professeur Faurisson. Conférence qui a reçu une couverture médiatique importante, même dans les pays occidentaux, et surtout contre laquelle vous n’avez entendu aucune condamnation dans le monde arabe, ni au Caire, ni à Ryad, ni à Djakarta ou à Lahore. Un silence assourdissant également des cinquante-sept membres de l’Organisation de la conférence islamique.

Autre élément très inquiétant, un article du Figaro, le 20 décembre dernier, de l’ex-députée néerlandaise d’origine somalienne et musulmane, Ayaan Hirsi Ali, dont j’ai eu l’occasion de vous parler dans un article précédent, et qui nous affirme la totale ignorance dans les pays musulmans de l’existence de cet Holocauste, qu’elle-même n’a découvert qu’à l’âge de vingt-quatre ans, dans le cadre des programmes d’éducation obligatoires pour obtenir la nationalité néerlandaise ! Au cours de son éducation en Arabie Saoudite, ses professeurs, sa famille ou ses voisins lui répétaient quasi quotidiennement, dit-elle, que les juifs étaient l’incarnation du mal, les ennemis jurés des musulmans et que leur but était de détruire l’islam. En revanche jamais la moindre information sur l’Holocauste qui, pour un musulman, n’est donc même pas un évènement historique majeur.

Plus inquiétant, quand elle vivait en Afrique, dit-elle toujours, toute cérémonie s’accompagnait d’insultes envers les juifs, qui étaient rendus responsables de toutes les guerres, des épidémies, et présentés comme capables de tout pour tuer les musulmans. La conclusion était qu’il fallait prier Allah pour qu’il les détruisent, et se préparer à les exterminer si « nous- les musulmans- ne voulions pas nous-mêmes être exterminés ».

Il est clair pour elle que nos dirigeants occidentaux se ferment les yeux volontairement sur cette réalité, et que la conférence d’Ahmadinejad n’est qu’une manifestation de ce qui ne semble pas être un négationnisme a posteriori, mais une ignorance organisée et voulue dans le monde islamique d’un évènement historique pourtant majeur. Pour elle, si la propagande nazi s’est terminée par la Shoah, il y a un risque que le même décervelage dans le monde musulman n’aboutisse à terme à quelque chose de semblable, d’autant plus que le cancer de la guerre israélo-palestienne l’y pousse.

J’ai eu l’occasion d’aller voir le film Borat, celui qui représente un soi-disant journaliste kazakh visitant les Etats-Unis, et ai été un peu choqué par la représentation, en début de film, d’une sorte de kermesse de village au Kazakstan, durant laquelle les spectateurs se moquent d’une « Grosse Tête » de carnaval à doigts crochus et nez busqué représentant un juif sur lequel on tape à coups de bâton. Et dans une scène ultérieure, aux Etats-Unis, Borat et son compère, allant passer une nuit dans un Bed and Breakfast tenu par des juifs, sont montrés comme terrorisés à l’idée que le couple de vieux juifs puisse les empoisonner, les tuer pendant la nuit. J’ai pensé que le film, fort grossier au demeurant, faisait dans l’excès de caricature, pour en arriver à de telles descriptions.

Une autre émission sur l’Holocauste et le négationnisme, que je vous invite à écouter, est l’interview du Père Dubois, un catholique qui poursuit avec obstination le devoir de mémoire sur une partie de l’Holocauste oublié, en Ukraine, là où il a déjà découvert des dizaines de fosses communes. C’est sur www.guysen.tv/ ? vida. Que dit-il sur le négationnisme et sur les propos de monsieur Ahmadinejad ? Que les négateurs ne se comportent en négationnistes que pour commencer à justifier le génocide suivant. De quoi nous faire frissonner, comme la totalité de son interview.

A la lecture de l’article d’Ayaan Hirsi Ali, je me demande maintenant s’il ne présentait pas une vérité à peine retouchée de l’antisémitisme quotidien dans certains pays, dans lesquels il était virulent au début du siècle, et perdure peut-être encore confortablement sur le terreau d’une ignorance historique maintenue, et d’une certaine volonté de ne pas l’éradiquer.

Il est curieux de constater combien il est difficile, dans notre monde pourtant sur-informé et médiatisé, de se faire une idée de la situation réelle de grands et graves sujets de société comme celui-ci. Messieurs nos journalistes, si ceci est véritablement la situation de l’antisémitisme chez les 1,2 à 1,5 milliard de musulmans dans le monde, comment se fait-il que vous n’ayez jamais fait d’émission sur ce sujet, pour en établir la réalité éventuelle ?

Je ne prétends pas que ce que dit Ayaan Hirsi Ali soit vérité d’évangile, ni que ce que le film Borat nous montre soit une représentation factuelle de la réalité plutôt qu’une manipulation toujours possible, mais à tout le moins, leur rapprochement m’a fait réfléchir comme, je pense, il peut vous faire réfléchir également.

Pour votre réflexion...


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