J’ai même rencontré un maire laïc et républicain

par Robert Albarèdes
mercredi 21 mai 2008

Le maire de Draguignan (Var) est soumis au chantage des responsables de l’Association culturelle des musulmans de la Dracénie qui veulent une subvention municipale pour construire une mosquée.

Tous les maires ne sont pas des Martine Aubry ou des Edmond Hervé (par charité d’âme, je ne citerai pas MM Delanoë, Collomb ou Gaudin) qui n’ont de cesse de violer allègrement l’article 2 de la loi de 1905 (tout en se gargarisant du terme de laïcité qu’ils assimilent à une coquetterie nécessaire…) en favorisant toutes les demandes communautaristes, notamment celles venant de « la communauté musulmane » ( Ah bon, la France serait une mosaïque de communautés ?), qu’elles concernent le financement de la construction de mosquées ou la primauté de la loi coutumière sur la loi générale élaborée démocratiquement (horaires « féminins » dans les piscines municipales, subventions à des associations et des établissements scolaires confessionnels, menus spécifiques dans les restaurants scolaires, acceptation du costume discriminatoire féminin dans l’espace public municipal…)

Non, il existe (encore ?) des maires laïcs et républicains qu’il convient d’honorer, fussent-ils représentants de la droite « traditionnelle »… Ainsi le maire de Draguignan dont il faut lire la lettre qu’il a adressée au quotidien Var Matin à propos de la pression qu’exercent sur sa municipalité les musulmans organisés de sa commune exigeant l’aide publique pour construire une mosquée (et ses annexes culturelles – sic !!!)…

Un élu de la République qui se réclame de la stricte application de la loi de 1905, qui considère que la religion n’est pas un service public, qui renvoie l’exercice de la religion à la sphère privée et qui refuse le moindre euro à l’exigence formulée par les représentants locaux de l’islam « modéré  », ça devrait être la règle, c’est devenu l’exception en notre pays aux fondements laïcs approuvés par trois Français sur quatre…

Peu me chaut qu’il soit UMP… Mon seul regret, justement, c’est que je n’ai pas d’autres exemples de même nature procédant d’élus d’autres sensibilités… Le lecteur voudra bien m’en adresser : une campagne sur le thème « Mesdames et Messieurs les maires, respectez et faites respecter la loi de 1905 » pourrait être engagée et une lettre ouverte pourrait être adressée à tous ces élus de la République en ce sens… Si l’on veut vraiment se mobiliser pour défendre le socle laïc de notre République, il y a là un champ d’action à parcourir d’urgence… que ne manqueront pas d’arpenter sans aucun doute les 145 associations à l’origine d’une précédente pétition de défense de la laïcité, qu’elles avaient alors présentée comme un premier (et seul à ce jour) pas (voir www.appel-laique.org).

Qu’on m’entende bien : il n’est pas question d’empêcher une association musulmane créée selon la loi générale d’envisager la construction d’un lieu de culte, si besoin il y a… Ce dernier point, d’ailleurs, devra être bien étudié, tant il y a manipulation de maintes structures islamiques pour amplifier les besoins réels… Il s’agit tout simplement d’éviter toute utilisation du moindre financement public, qu’il soit direct ou indirect… D’ailleurs, n’est-il pas curieux que de (trop) nombreux maires, qui vitupèrent contre les lourdes charges qui incombent aux communes et contre la faiblesse de leurs ressources (ce qui leur sert de justification pour voter de lourds impôts territoriaux) trouvent, comme par miracle, de l’argent pour des subventions et des réalisations illégales ? Etonnant, non… ?

Si cette association musulmane dûment reconnue veut donc construire son lieu de culte, elle achète un terrain adéquat aux documents d’urbanisme de la commune, elle dépose un permis de construire selon les termes de la loi et des règles d’urbanisme, elle présente un plan clair de financement, un cahier des charges précis pour la gestion et l’exploitation du lieu… Bref, elle finance par ses propres moyens la totalité de son projet et s’insère dans les règles nationales et locales en vigueur. Et si des obscurités apparaissent, si – plus tard – des prêches enflammés appellent à la violence, l’Etat a les moyens de contrôle et d’action pour mettre un terme à ce qui serait hors la loi… car ce n’est pas en finançant par l’argent public qu’on se donne de soi-disant moyens « de contrôle » (ce qui serait aussi contraire à la loi de 1905…)

Mais l’exemple de Draguignan est, aussi, révélateur de ce qui apparaît comme la manifestation d’un communautarisme « politicien » qui s’empresserait de « surfer » sur un vote communautariste dans le cas d’une reconnaissance officielle des « diversités » ou de l’octroi du droit de vote aux étrangers… Certes, le « vote communautariste » existe : Lille, Rennes, Lyon, Marseille… en sont de bons exemples, et on voit combien il se révèle dangereux avec le chantage conduit par les musulmans à Draguignan face à une municipalité qui ne veut pas se laisser faire et qui entend respecter la loi générale. Mais les projets d’inscription de la notion de « diversité » dans le préambule de la Constitution que réécrit actuellement une commission présidée par Simone Veil, ou les exigences portées par le Parti socialiste en faveur du vote des étrangers ou de la reconnaissance des langues régionales et minoritaires balisent le terrain dangereux du communautarisme, islamique certes, mais pas seulement… On peut se préparer à des lendemains de souffrances laïques et républicaines, à des lendemains de souffrances tout court.

Que le maire de cette commune du Var soit soutenu par TOUS les défenseurs de la laïcité devrait aller de soi…

Que ce qui se passe en cette cité préfigure ce qui attend notre pays dans les mois à venir, c’est une certitude.

Que le combat doive s’engager contre TOUS ceux, d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient, qui portent atteinte, même « petitement », aux principes fondateurs de la loi de 1905, et à la laïcité institutionnalisée par ce texte historique, c’est une nécessité qui ne met que trop de temps à se concrétiser.

Fait le 20 / 05 / 08
Robert Albarèdes
www.laic.fr

 

 


Lire l'article complet, et les commentaires