L’ANPE au placard ?

par Pascale Lagahe
vendredi 7 avril 2006

Des centaines d’agences, des milliers de conseillers, des millions d’offres... Et pour quels résultats ?

Récemment, le quotidien Les Echos révélait que la Cour des comptes avait épinglé l’Agence nationale pour l’emploi en raison de nombreux dysfonctionnements. Aujourd’hui sort un livre tout à fait remarquable Chômage, des secrets bien gardés, de Fabienne Brutus. Chose singulière : l’écrivain n’est pas une journaliste, mais une conseillère à l’emploi de 31 ans, “lasse d’entendre parler d’une supposée baisse significative du chômage”. Aux dernières nouvelles, elle n’a pas rejoint la case DE (demandeur d’emploi). Ouf ! Ce livre ne fait que relancer le débat sur la véritable utilité de ce service public. Pour Fabienne Brutus, le constat est sans appel : extrait.

“Est-il seulement possible d’intervenir sur le marché de l’emploi ? Qui sont vraiment les salariés investis de cette mission de service public ? A quel quotidien font-ils face ? De quels outils disposent-ils ? Il faut toiletter le fichier, oser la mobilité salariale, segmenter le public... Le marketing règne en maître. Pour le bien des chômeurs ? “Vous allez me dégager ça” : ça, c’est quelqu’un. Un chômeur, précisément. D’ailleurs, est-ce vraiment quelqu’un ? A en juger par les méthodes d’éradication massive récemment utilisées, il est permis d’en douter. Les consignes sont claires : l’ANPE doit recaser, coûte que coûte. Qu’importe si les emplois sont précaires, voire fictifs. La manoeuvre doit être efficace et rapide. L’échéance de 2007 est proche”.

Face au silence de tous, l’auteur fait part d’une très fameuse circulaire Dagemo, qui réglemente les relations des fonctionnaires de l’emploi avec les médias. Moi-même journaliste, j’ai pu tester la redoutable langue de bois d’une agence de mon quartier, en sollicitant une interview en vue d’un papier pour un site d’informations locales. Après quelques tergiversations, j’ai pu rencontrer la directrice de l’agence. Tout sourire, en bonne communicante, cette dernière m’a vanté pendant près d’une heure les qualités des services. Affligeant. Surtout pour moi, qui me suis maintes fois heurtée à l’immobilisme de l’ANPE.

Alors, encore merci, Fabienne Brutus. Merci pour nous, les journalistes et les DE culpabilisés. Merci aussi de mieux nous faire comprendre vos difficultés de conseillers pour l’emploi. Malheureusement, le problème est toujours aussi présent. Doit-on supprimer l’ANPE, ou alors mettre en place un vrai dispositif de suivi et d’aide pour les chômeurs (tous les chômeurs) ?


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