L’Ariel Atom, une voiture dangereuse ?

par Omnibuzz
mardi 17 novembre 2009

L’acteur Jocelyn Quivrin est mort tragiquement dimanche soir dans un accident de voiture. L’enquête cherche en ce moment même à en déterminer la cause. Il avait 30 ans, une carrière prometteuse quoique déjà solide. Il avait surtout une femme et un enfant qu’il laisse dans le désarroi total. Son décès brutal relance la question de la sécurité routière et, au-delà, de la mise sur le marché de véhicules davantage conçus pour la conduite sur circuit que sur route.

Jocelyn Quivrin aimait la conduite, les voitures, la vitesse. Gilles Renault, dans Libération, rappelle qu’on avait confisqué son bolide à l’acteur « sur le parking de l’hôtel Normandy, à Deauville. Déjà, Jocelyn Quivrin aimait la vitesse ». En août il déclarait à Paris Match qu’il venait d’acquérir une Ariel Atom, « une voiture formidable pour faire l’idiot avec ses potes ».

On trouvera toujours des individus pour vous dire qu’on peut se tuer en sortant dans la rue et qu’il n’est nul besoin de rouler à 250 km/h en Porsche ou en Ferrari pour se crasher. A 50 km/h dans une quatre chevaux banale on peut aussi mourir. On le sait. Mais ce que l’on sait aussi c’est que prendre le volant en ayant à l’esprit que la voiture que l’on va conduire est idéale pour « faire l’idiot avec ses potes » induit déjà un certain type de comportement.

On sait également qu’il suffit de customiser sa bagnole pour la transformer, aux yeux de son propriétaire enamouré, en bolide du siècle. L’habit fait le moine et combien de conducteurs du dimanche ont péri ou ont détruit des vies parce qu’ils se prenaient pour Fangio. Il n’est pas besoin de prendre l’autoroute chaque jour, la rue parisienne suffit, pour constater l’extrême désinvolture de quelques automobilistes qui se croient les rois du monde dès qu’ils démarrent leur voiture pour peu qu’elle ressemble de loin et dans le brouillard à la caisse de Sébastien Loeb. Alors quand il s’agit d’une voiture puissante ou spécialement dessinée pour la course, n’en parlons pas...
 
Je dis bien « quelques » conducteurs. Mais j’insiste sur le mot désinvolture. J’ajoute dangerosité et égoïsme. Je les imagine au volant d’une Ariel Atom, ces cacous...

L’Ariel Atom, c’est la voiture que conduisait Jocelyn Quivrin qui m’avait l’air d’un gars bien. Mais on sait qu’un gars bien peut tout oublier dès qu’il a son joujou en main. En tous les cas il s’est crashé avec. Or, de l’avis des spécialistes de la conduite, l’Ariel Atom est probablement moins une voiture conçue pour la route que pour le circuit.

Fabriquée en Grande-Bretagne par Ariel Motor Company elle est cependant autorisée sur le territoire français. On en trouve peu (27 modèles selon certaines sources comme 20minutes). Son homologation par les Directions régionales de l’industrie de la recherche et de l’environnement (Drire) ne va pas de soi.

« Acquérir une Atom et l’immatriculer en France est un travail de longue haleine, lit-on ici. La voiture n’est pas homologuée et il faut passer par une RTI (Réception à Titre Isolé), une formalité d’homologation exceptionnelle aux Mines qui prend un certain temps. Son prix, 80.000 euros après importation et homologation, ne la destine pas à toutes les bourses, même si son rapport prix performance est imbattable ».

Ailleurs
on apprend que « L’ariel Atom est importée, homologuée, en passant des tests draconiens à l’UTAC (Montlery), et ayant l’approbation d’un inspecteur qualifié des mines. Si cette voiture était dangereuse, elle n’aurait jamais été sur route ouverte ».

20 minutes rappelle que la seule obligation pour conduire cette voiture « qui n’a ni toit, ni portes, ni pare-brise c’est d’être équipé d’un casque ». Jocelyn Quivrin en portait-il un ? La même source souligne également que « le véhicule que conduisait Jocelyn Quivrin était immatriculé au Royaume-Uni ». Venait-il de l’acquérir ? Etait-elle autorisée à rouler sur le sol Français ?

Stéphan Pierantoni, gérant de Racing Formula, dans le Var, propose des stages de conduite sur ce roadster qu’il est le premier a voir importé en France. Elle est équipée d’un « moteur Honda Civic de type R K20 » et « peut développer une puissance, selon les motorisations, de 245 CV à 300 CV pour un poids total de 500 kg et une vitesse maximum de 240 km/h ». Il précise qu’avec « 300 chevaux pour 500 kilos, il lui suffit de 2,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h et de 12 secondes de 0 à 200 km/h ».

Que s’est-il passé dimanche soir lorsqu’à bord de son véhicule bi-place il s’apprête à pénétrer dans le tunnel de Saint-Cloud, dans la direction province-Paris ? A cet endroit de l’autoroute A13, la voie est droite. Il aurait percuté « le côté gauche du tunnel avant d’être coupée en deux, précise encore 20 minutes. L’une des parties s’est ensuite embrasée. On ignore pourquoi l’acteur a perdu le contrôle de son véhicule. A-t-il été gêné par une autre voiture ? A-t-il glissé sur la chaussée mouillée ? Roulait-il trop vite ? ».

Cet internaute n’a pas vu l’accident, mais ses conséquences : « Je me trouvais à ce moment là sur l’A13 en retour de Weekend et le tunnel était effectivement fermé pour cause d’accident et d’incendie ».

La légèreté de l’Ariel Atom alliée à sa puissance peuvent-ils être facteur d’accidents ? Selon certains sites spécialisés elle se comporterait « pas trop mal » en cas de coups durs. Pas trop mal, ça veut dire quoi ? Et jusqu’à quelle vitesse ? En ce qui concerne Jocelyn Quivrin le compteur (numérique) s’est bizarrement bloqué à 230 km/h. Les commentateurs répètent que cela ne signifie pas qu’il roulait à cette vitesse. Un seul a la jugeotte de remarquer qu’une Ariel Atom (ou tout autre véhicule) ne se disloque pas et ne brûle pas à 30km/h...

En Grande-Bretagne une de ces voitures s’est déjà crashée ce qui a suscité pas mal de commentaires : "Apparemment, un problème technique a causé la panne et non pas une erreur de pilotage » remarque un internaute sur ce forum.

L’auteur de ce billet note que le conducteur a eu quand même les deux jambes cassées. Mais l’engin n’est pas plié en deux grâce aux renforts latéraux. Ce qu’il suggère aussi c’est que l’Ariel Atom peut être sujette à des problèmes techniques. Mais ce que notent d’autres commentateurs sans doute spécialistes de voitures rapides c’est que cette voiture est « prête à foutre le camp dans le premier fossé à la première erreur de pilotage et que L’ariel Atom n’est donc pas à mettre entre toutes les mains, surtout hors circuit ».

Ce genre d’engin ne nécessiterait-il pas un permis spécial ? Doit-on les autoriser sur route ? Doit-on obliger leur propriétaire à suivre des stages réguliers de conduite ? Ne doit-on pas enfin arrêter de viriliser les voitures et d’en faire des bites de substitution ?
 
Crédit photo : xelopolis

 

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