L’attaque révoltante et rétrograde du Medef sur le niveau du SMIC
par Laurent Herblay
vendredi 18 avril 2014
Par une sinistre ironie de l’histoire, alors même que l’ancienne SEITA vient de décider de fermer une usine française pour délocaliser sa production en Pologne (où les salaires sont cinq fois plus bas), Pierre Gattaz, patron du Medef, prend la suite de Pascal Lamy pour réclamer la création d’emplois payés moins que le SMIC. Une attitude révélatrice de notre époque.
Mais ce qu’il y a aussi d’intéressant avec cette nouvelle offensive contre le salaire minimum, c’est sa cohérence avec des choix économiques majeurs de notre époque : celui de la monnaie unique européenne et du libre-échange dérégulé. En effet, comme le rapportent de nombreux économistes et même des journalistes des grands médias, le fait d’avoir une même monnaie pour les pays européens pousse à une concurrence sur le niveau des salaires puisqu’il n’est plus possible d’ajuster la compétitivité des pays par la valeur de la monnaie. Il ne faut pas y voir ailleurs la raison de la fermeture des abattoirs Doux et Gad en Bretagne, du fait de la concurrence déloyale allemande, qui utilise des bouchers d’Europe de l’Est, du fait également des règles européennes sur les travailleurs détachés.
Cette déclaration du patron du Medef est révoltante moralement dans le contexte actuel. Mais elle démontre aussi un recul dans la pensée patronale, qui revient terriblement en arrière, en ignorant tout ce que nous ont appris les dernières décennies. Et parce qu’elle est aussi la conséquence des choix du libre-échange et de la monnaie unique, elle indique aussi la direction à prendre pour ces autres sujets.