L’école sans sexe
par Kookaburra
mercredi 10 octobre 2012
EGALIA est le nom d’une école maternelle très connue en Suède. Le personnel évite toute référence aux genres, masculin et féminin, y compris les mots comme garçon et fille. Les pronoms, il et elle, sont aussi bannis, remplacés par un néologisme, hen, formé par la fusion de han (il) et hon (elle). Le but est la lutte contre les discriminations habituelles entre hommes et femmes, qui commenceraient déjà à l’école entre garçons et filles. Pour atteindre ce but, la méthode est la suppression radicale de la différenciation biologique, non seulement dans les activités quotidiennes mais aussi dans la langue. En parlant des professions habituellement masculine, comme menuisier ou plombier, on cherche des illustrations de femme-menuisier ou femme-plombier, pour montrer que les stéréotypes sont arbitraires.
Les jouets pour les enfants sont soigneusement sélectionnés pour montrer l’indifférenciation des sexes. Les contes et fables classiques qui, le plus souvent, distinguent nettement entre garçons et filles, sont bannis de l’école, remplacés par des histoires de couples homosexuels, d’enfants adoptés et de monoparentalité. Les chansons traditionnelles sont transposées dans la langue neutre réglementaire, et quand les enfants veulent jouer Papa et Maman, on leur propose l’alternatif de Papa et Papa et Maman et Maman.
On apprend aux enfants que la configuration familiale qu’ils connaissent à la maison n’est pas la seule possible. Au fait, la plupart des parents d’élèves d’Egalia sont des homosexuels, qui préfèrent cette école, parce qu’ils craignent que leurs enfants aient des problèmes à l’école nationale (incompréhension ou moqueries des copains).
L’Egalia n’est pas l’unique exemple d’école sans sexe en Suède. Dans certaines écoles primaires on pratique les principes de la théorie du genre, l’idéologie controversée des années 70, d’origine Canadienne (Judith Butler). Pendant la récré, on fait attention à ce que les enfants ne retombent pas dans les rôles garçons-filles stéréotypés. Depuis l’année 2008, l’Etat suédois a investi environ 12 million d’euros dans la lutte contre les stéréotypes hommes-femmes dans les écoles maternelles et primaires. Certains politiciens demandent qu’une pédagogie conforme à la théorie du genre devienne obligatoire à l’école primaire. Les principes de cette théorie font partie de la formation des enseignants. On recommande aussi des toilettes mixtes à l’école primaire.
En Suède, dans les magasins de vêtements pour enfants, les rayons garçons et filles ont disparu. Dans les catalogues de jouets on ne distingue plus entres jouets pour garçons et pour filles. Les illustrations montrent des filles sur des tracteurs et des garçons en costume Spiderman jouant avec des poupées dans un landau.
Avec les bonnes intentions de promouvoir l’égalité des sexes, l’Egalia semble évacuer ce qu’elle estime comme des préjugés idéologiques tout en les remplaçant par d’autres. Le prétendu dogmatisme de la différenciation des sexes est remplacé par un autre dogmatisme.
L’enfant reconnaît très tôt des différences des sexes, qui ne lui posent aucun problème. L’obliger à se focaliser là-dessus est une atteinte à son développement naturel. Ce n’est que beaucoup plus tard que la question des rôles sociaux et l’égalité de sexes se présente. Confronter l’enfant à une suppression autoritaire de ces rôles risque de le perturber. L’initiative de l’école Egalia se base sur un a priori naïf - en supprimant toute référence à la différence des sexes, on supprimerait les inégalités.
La Suède est souvent citée comme une société modèle. Elle est peut-être un modèle à certains égards, mais en ce qui concerne l’éducation elle est plutôt un exemple - un exemple à ne pas suivre.