L’écologie citadine ou la culture du harcèlement
par Infra-terrestre
mardi 31 août 2021
Faudrait qu’on m’explique… Nous, agriculteurs, sommes traités de meurtriers et de pollueurs à longueur de journée sur Internet. Alors que les personnes qui nous taxent des pires méfaits ne connaissent rien à notre métier tout en se donnant le beau rôle. En connaissance de cause ?
Un truc ne tourne pas rond
Il est décidément bien difficile de comprendre dans quel pays nous vivons. Nous, ce sont les agriculteurs, les paysans, également bénévoles dans des associations pour faire vivre nos villes et nos villages, organiser des kermesses, gérer le club de football ou de rugby, faire tourner le club de pêche ou la musique. Nous nous investissons dans les projets de la communauté : il n’y a qu’à voir le nombre de « petits » maires, sans étiquette, qui s’occupent de maintenir à flot les services publics dans des endroits de plus en plus désertés par l’Etat. Et ils ne le font clairement pas pour la paie !
Des gens de la terre, fiers de perpétuer le travail de nos parents et nos grands-parents, développer l’activité, faire connaître nos terroirs, les faire visiter, les expliquer. Défendre ses atouts culturels et traditionnels, ce n’est pas être arriéré, démodé ou un truc d’extrême droite. C’est être digne de notre gastronomie, de notre agriculture, de notre histoire. Cette offre touristique permet de promouvoir un cadre de vie, voire un idéal, ainsi que des valeurs en lien avec notre terroir et en communion avec la Terre. Pourquoi devrions-nous taire le fait d’être – nous aussi – des écologistes ?
Rien n’est parfait bien sûr mais nous faisons preuve de persévérance et aussi de responsabilité vis-à-vis de la Terre, des générations précédentes et futures… Ce discours peut surprendre quand on entend les sermons d’écologistes citadins. Cette écologie des villes complètement désincarnée, avec des valeurs hors-sol qui voient les problèmes par le petit bout de la lorgnette. Comment peut-on parler d’agriculture bio pour ensuite se rendre au Starbucks demander un café au lait de soja, lui-même cultivé à des milliers de kilomètres, au Brésil, engendrant la déforestation ? Comment peut on parler de bienveillance envers les animaux, promouvoir « l’antispécisme », et traiter des femmes et des hommes (éleveurs) d’assassins, voire d’appeler au meurtre ?
Se donner le beau rôle via les réseaux sociaux
Le problème, aujourd’hui, est que nous perdons le sens des réalités à cause d’une consommation frénétique d’Internet. Il est ainsi courant de rencontrer des personnes aux apriori négatifs sur l’agriculture, et l’élevage en particulier, en expliquant l’avoir vu sur les réseaux sociaux. Et de rajouter en savoir beaucoup sur « nos agissements » et la « mainmise des lobbies » car L214, la « fameuse » association de défense des animaux, l’a dénoncé.
Comment expliquer à ces personnes notre métier, le rôle de l’élevage pour nos territoires ou pour l’alimentation humaine ? Des personnes qui continuent pourtant à manger de la viande ?! Aveuglées par la communication de l’association antispéciste, ces personnes n’ont plus aucun recul. A se demander si elles ne sont pas sous emprise sectaire. Elles en viennent même à nier les cas de harcèlements, agressions et viols au sein d’associations de défense des animaux qui ont pourtant été mis en lumière par la presse.
Comment, alors, sortir de cet aveuglement ? Comment réduire cette radicalité et amener de la mesure afin que le grand public prenne conscience des spécificités de nos métiers ? Avec les discours extrémistes de certains associations et ONG « écologistes », grands donneurs de leçons derrière leurs écrans, le découragement des agriculteurs pointe. Mais avons-nous le choix d’abandonner notre agriculture ?