L’être humain peut-il se prétendre libre ?

par Jean-Philippe Côté
samedi 7 septembre 2013

Encore aujourd’hui, des questions d’ordre philosophique demeurent sans réponse certaine. Celles-ci n’en n’auront d’ailleurs probablement jamais puisqu’il n’y a pas de réponses absolues, et ce, en raison des sous-entendus et des présupposés constituant la question. Les questions philosophiques posent beaucoup de problèmes puisqu’elle prête à discussion. Plusieurs penseurs ont exprimé leur point de vue en interprétant de manières différentes les concepts clés associés à ces diverses questions philosophiques. ainsi certains tenteront de répondre du mieux qu'il peuve a des question comme celle étudier dans cette article : L’être humain peut-il se prétendre libre ? Il pourra, en partie, se prétendre ainsi puisqu’il a l’entière liberté de ses choix, selon Jean-Paul Sartre. En contrepartie, ce dernier ne pourra se définir totalement comme tel puisqu’il est soumis à certaines contraintes, selon Sigmund Freud. 
 
Tout d’abord, avant de répondre à cette question philosophique, il est important de définir quelques termes afin de s’assurer de bien comprendre les enjeux de la question. Ainsi, un homme prétend quelque chose lorsqu’il affirme avec conviction ou ose donner pour certain (sans nécessairement convaincre autrui) V. Déclarer, soutenir1 .Il sera question de déterminisme dans la conception freudienne. En prenant compte du contexte et conformément au dictionnaire le déterminisme est une « doctrine philosophique suivant laquelle tous les évènements, et en particulier les actions humaines, sont liés et déterminés par la totalité des évènements antérieurs. Antonyme de Liberté. » La définition du concept de liberté, quant à lui, est perçue de façon différente. Toutefois, on considérera la liberté comme un état, une situation de la personne qui n’est pas sous la dépendance absolue de quelqu’un. 
 
Premièrement, Jean-Paul Sartre défend l’idée que l’Homme ne peut pas faire autrement que d’être totalement libre. Sartre adhère à l’existentialisme qui, selon le Petit Robert, est « une doctrine philosophique, selon laquelle l’existence de l’Homme précède son essence.2 » Ainsi, l’existentialisme athée, prôné par Sartre, élimine l’hypothèse d’une essence pour l’homme. La création de celui-ci, n’étant pas divine, n’aurait pas de but ou de raison d’être. En plus, Jean-Paul Sartre, dans son ouvrage L’existentialisme est un humanisme, expose sa conception philosophique de l’existentialisme auquel il accorde beaucoup d’importance au concept de liberté. Jean-Paul Sartre démontre l’ampleur de notre liberté en affirmant dans son ouvrage : « L’Homme est condamné à être libre.3 » Cela veut aussi dire qu’il n’y a pas de valeurs prédéfinies, d’avenir tracé pour l’Homme ou d’excuses qui viendraient justifier ses actes. Effectivement, la passion n’est pas considérée comme une excuse valable et Sartre dira que « l’Homme est responsable de sa passion.3 » Ensuite, la liberté est perçue par Sartre comme une liberté d’action et de choix. En ce sens, l’être humain devra continuellement faire des choix pour se définir. Ceux-ci seront faits en toute liberté et, par conséquent, celui qui les prendra devra assumer sa responsabilité totale et les conséquences de ses choix. Il sera seul dans sa décision et ne pourra demander d’aide à personne et même s’il décide de demande à quelqu’un, comme l’exemple « du jeune homme qui va chercher conseil chez un prêtre3 », il s’attendra de recevoir la réponse qu’il souhaite puisque c’est lui qui a choisi ce conseiller en particulier. Cette doctrine amène de l’angoisse. Ce sentiment dénote la totale et profonde responsabilité et liberté d’actions et de choix de l’Homme. Contrairement a certaines critiques recues, l’existentialisme est loin de prôner l’inaction ou le pessimisme. Il fera prendre conscience que l’Homme est seul face au choix à prendre et qu’il a plusieurs possibilités qui s’offre puisqu’il est libre. En somme, Sartre affirme que chaque être humain est totalement libre, ce qui l’aidera entre autre à le définir, et que quelqu’un qui prétend le contraire fait preuve de mauvaise foi.
 
Deuxièmement, le médecin neurologue et fondateur de la psychanalyse Sigmund Freud affirme, quant à lui, que la présence de l’inconscient et l’influence de ce dernier empêche l’Homme d’agir de façon libre. Ainsi, l’Homme n’aurait pas de liberté entière, car le déterminisme4 de celui-ci vient a l’encontre du principe de liberté. Conformément au dictionnaire, la liberté est un « état de ce qui ne subit pas de contrainte. 5 »Or, l’être humain subit des contraintes psychiques. Le déterminisme est donc une entrave à la liberté, car elle empêche l’Homme d’agir à sa guise et, par conséquent, ce dernier ne peut pas être libre. Dans un premier lieu, Freud prouve hors de tout doute l’existence de l’inconscient pour deux raisons évidentes. La première est que l’existence de l’inconscience est légitime et nécessaire ; nécessaire, car la conscience fait preuve de plusieurs lacunes. En ce sens, plusieurs actes psychiques sont expliqués par d’autres actes auxquels la conscience ne peut expliquer et légitime, car nos expériences nous mettent en présence de pensés que nous ignorons la provenance. La seconde raison de l’existence de l’inconscient découle du fait que puisque la psychanalytique présuppose l’existence de ce dernier et que cette pratique est couronnée de succès, nous pouvons conclure que l’inconscient doit exister. Par la suite, Freud explique en détail le fonctionnement des actes psychiques chez l’humain. Dans son œuvre intitulée, Métapsychologie, Sigmund Freud explique que notre Surmoi, qui fait partie de notre appareil psychique, « s’emplit du même contenu [du surmoi des parents], devient le représentant de la tradition, de tous les jugements de valeur qui subsistent ainsi à travers les générations. » En d’autres termes, notre Surmoi nous dicte comment bien agir, et ce, selon des contraintes morales, des devoirs ou encore des obligations qui nous ont été transmis. De plus, le Ça, une partie également très importante de la conception freudienne, se retrouve en totalité dans notre inconscient. Ce dernier, selon Freud, contiendrait plusieurs pulsions de vie et de mort. Ces dernières, au début dans l’inconscient, se manifesteraient et tenteraient de passer la censure afin de s’exprimer dans la conscience. Ainsi, selon la conception de Freud, notre liberté serait entravée par l’influence de l’inconscient. En outre, la conception d’une liberté totale est impossible pour Freud puisqu’il démontre que la vie psychique inconsciente détermine la vie psychique consciente, une influence hors de notre conscience et, par conséquent, hors de notre contrôle. Cependant, il y a une nuance à faire. Freud affirme tout de même qu’on peut être libre, sans pour autant l’être de façon absolue, en prenant connaissance des déterminismes psychologiques inconscients . Freud démontre également que, suite à la libération de la religion, nous diminuons voir supprimons nos contraintes morales qui, en somme, est un pas de plus vers la liberté. 
 
En conclusion, la réponse définitive d’une question d’ordre philosophique ne pourrait être émise de façon certaine dû aux interprétations et aux sens accordés à chaque concept. Néanmoins, la conception existentialisme de Jean-Paul Sartre dévoile une liberté, une liberté entière et totale de l’homme par sa liberté de choix et d’action, appuyé par une nature humaine inexistante. De l’autre côté, Sigmund Freud illustre l’Homme comme un être sous l’influence du psychisme inconscient et donc au prise avec une influence hors de notre contrôle. Il affirmera tout de même que la prise de conscience de cette influence nous rend plus libres. 
 
 
Jean-Philippe Côté
 
 
Notes et références :
 
1Définition de prétendre du dictionnaire, Le petit Robert de 1984
2Définition de l’existentialisme du dictionnaire, Le Petit Robert de 1984
3Tiré de l’ouvrage philosophique de Jean-Paul Sartre, publié en 1946 :L’existentialisme est un humanisme
4Doctrine philosophique suivant laquelle tous les évènements, et en particulier les actions humaines, sont liés et déterminés par la totalité des évènements antérieurs. Antonyme de Liberté. 
5Définition de liberté du dictionnaire, Le Petit Robert de 1984

 


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