Romain Espino (Génération identitaire) bientôt viré du Crédit Agricole ? La Ligue de défense noire africaine met la pression

par Darth Walker
vendredi 27 avril 2018

Porte-parole de Génération Identitaire, Romain Espino subit une campagne de cyber-harcèlement suite à l’opération « Stop Migrants Alpes » qui s’est tenue au col de l’Echelle samedi 21 avril. Des anonymes réclament son renvoi du Crédit Agricole, où il travaille. Certains ont même diffusé l’adresse et le numéro de téléphone de son employeur. Mercredi 25 avril, un cap a été franchi : d'abord virtuel, le harcèlement est devenu bien réel... C'est un représentant de la Ligue de défense noire africaine qui a fait irruption au siège du Crédit Agricole pour exiger le licenciement du militant d'extrême droite.

Un membre de la LDNA au siège du Crédit Agricole

Les raisons de la colère

Pour comprendre le harcèlement que subit Romain Espino, il faut avoir en tête un tweet qu'il a publié et qui a particulièrement choqué. L'homme avait diffusé, le 23 avril, une image montrant des militants de Génération Identitaire contraindre un homme présenté comme un migrant à rebrousser chemin en pleine montagne, avec ce message : « Au revoir et ne reviens plus ! » Ce message a suscité un dégoût particulièrement prononcé pour son inhumanité.

PLUSIEURS fachos tout fiers d'avoir fait rebrousser chemin à un individu SEUL ; de plus le mec qui s'appelle ESPINO ne comprend pas qu'il a lui-même des ascendants immigrés ; enfin dire "au revoir" et "ne reviens plus" en même temps montre qu'il ne comprend même pas le français pic.twitter.com/nzOUos9kV6

— Jean-Philippe Cazier (@CazierJP) 23 avril 2018

Mardi 24 avril, Romain Espino a supprimé le message en question. Y a-t-il été contraint par le réseau social Twitter ? Non, répond le Huffington Post. D'ailleurs, un de ses camarades de GI, Damien Rieu, avait posté la même photo, qui, malgré les signalements adressés par des internautes scandalisés, n'a pas été retirée. Rieu a même publié la réponse de Twitter lui précisant que son message ne contrevenait pas aux règles du réseau social.

Game Over les rageux 😀 pic.twitter.com/n8lI0MgrdW

— Damien Rieu (@DamienRieu) 23 avril 2018

Selon une source identitaire, c'est en raison du harcèlement qu'il subit que Romain Espino a finalement décidé de retirer son message.

La chasse au "chasseur de migrants"

Sur Twitter, plusieurs utilisateurs indignés se sont mis en quête d'informations personnelles sur le porte-parole de Génération identitaire. C'est ainsi qu'ils ont trouvé et dévoilé le métier du militant, ainsi que l'adresse de son employeur, certains interpellant directement l'établissement en question pour lui demander des comptes.

Ainsi, Lies Breaker, un compte sur Twitter se présentant comme un « média d’information libre et indépendant », a diffusé un montage le 24 avril, qui présente deux photos du militant de GI : l’une a été prise samedi au col d’Echelle, et l’autre est sa photo professionnelle. Le tout est agrémenté de ce message : « Lies Breaker vous présente Romain Espino. Le week-end il est chasseur de migrants. En semaine c’est votre conseiller en assurance au Crédit Agricole.  » Le post sur les réseaux sociaux précise, en outre, l’agence dans laquelle il travaille.

🔴🇫🇷#FRANCE : On vous présente Romain ESPINO, le weekend il est chasseur de migrants et en semaine c'est votre conseiller en assurance au Crédit Agricole à Champagne au Mont d'or (Rhône).

Allô @CreditAgricole @ca_centrest, soutenez-vous l'initiative de l'un de vos salariés ? pic.twitter.com/UOF78sK69Q

— [ Lies⚡️Breaker ] (@Lies_Breaker) 24 avril 2018

Beaucoup de personnes sont allées jusqu'à diffuser le numéro de l’agence en question, incitant des anonymes à appeler pour demander le renvoi de Romain Espino.

C'est notamment le cas du comédien Baptiste Lorber, dont les sketchs rencontrent un grand succès sur YouTube, avec des vidéos vues plus de 2 millions de fois.

Comme l'a remarqué Romain Espino, Baptiste Lorber a rendu son compte Twitter inaccessible peu après son appel à la "délation" :

Tiens, le courageux @Baptiste_Lorber qui a divulgué le numéro de téléphone de mon employeur a passé son compte en privé. Il n'assume pas d'être un délateur ? pic.twitter.com/9hIFngcmdv

— Romain Espino (@RomainPgnl) 25 avril 2018

Un autre acteur de cette entreprise de "lynchage" virtuel, Ismaël Boudjekada, a justifié jeudi soir son attitude, dans un direct diffusé sur Live Breaker.

Qui est donc ce jeune homme ? En décembre 2015, L'Est républicain l'avait présenté comme "le jeune trublion de la politique comtoise", "candidat autoproclamé à toutes les élections locales voire plus ces dernières années", qui "a toujours privilégié le sensationnalisme au fond, jouant les chiens battus à la moindre occasion". Le journal avait aussi noté son admiration pour Dieudonné. En septembre 2016, à seulement 21 ans, il souhaitait se présenter à l'élection présidentielle de 2017 et s'était, comme le rapporte Le Courrier de l'Atlas, installé sur une grue à Saint-Tropez pour y entamer une grève de la faim et de la soif, avant d’être délogé par les gendarmes... Bref, un sacré loustic.

Bien d'autres messages du même tonneau, souvent anonymes, ont été diffusés, comme celui-ci, renvoyant au profil du militant sur le réseau professionnel Linkedin :

On a tendance à oublier que derrière chaque twittos il y a quelqu'un avec une vie, une famille, un travail. Romain Espino est donc conseiller au @CreditAgricole quand il ne compromet pas le très dur parcours des migrants https://t.co/dHXHrLOQDj via @NorthAfricanus

— Brigitte Makrout (@brigittemakrout) 24 avril 2018

Dura lex, sed lex *

Interrogé, dans L'Incorrect, sur l'origine de ces attaques, Romain Espino répond :

«  Ces menaces viennent de gens peu courageux qui se dissimulent derrière leurs ordinateurs et attaquent anonymement. Si l’on ne sait pas exactement qui ils sont, il est évident que les groupuscules d’extrême gauche et tous les partisans pro-clandestin sont très actifs pour menacer ad hominem. Faute d’arguments de fond.  » 

En effet, sur le fond, les identitaires estiment être inattaquables. Citant l’article 73 du code pénal qui stipule que tout citoyen témoin d’un flagrant délit peut intervenir et prévenir les forces de l’ordre, Romain Espino assure que « la loi est de [son] côté  », et que « l’attaque envers les personnes  » est la seule chose qui reste à ces anonymes dépourvus d’autres arguments.

Pour ceux qui doutent encore de la légalité de notre action...
1. Tout le monde peut arrêter l'auteur d'un délit.
2. Un migrant entrant illégalement en #France commet un délit.#StopMigrantsAlpes #DefendEurope #GenerationIdentitaire pic.twitter.com/1NpnQWfmEc

— Marc Verdier (@MTaphere) 26 avril 2018

Valeurs actuelles, hebdomadaire classé très à droite, juge également que l’opération menée par les identitaires, dans les Alpes, n’a « rien d’illégal ni de violent  ».

La LDNA passe à l'action !

Si la plupart des attaques sont anonymes, venant de gens cachés derrière leur ordinateur, il en est une qui s'est faite à visage découvert et sur le terrain : celle de la Ligue de défense noire africaine.

Pour ceux qui l'ignoreraient encore, « la Ldna est mouvement luttant contre la negrophobie, racisme, prônant le respect de la communauté noire et menant des actions sociales & humanitaires  ». Pour une présentation en vidéo, voyez ceci :

Après deux ou trois jours d'appels téléphoniques intensifs, l'un des membres de la Ligue de défense noire africaine a débarqué au siège social du Crédit Agricole, à Montrouge (dans les Hauts-de-Seine), faisant montre d'une certaine virulence :

Dans une seconde vidéo, toujours au siège du Crédit Agricole, l'activiste explique que, s'il y a en Europe des migrants venant d'Afrique, c'est parce que les Européens pillent l'Afrique (et que l'Europe n'est riche que par ce pillage). Si les Européens veulent que les migrations cessent, qu'ils commencent par laisser l'Afrique tranquille...

Pendant ce temps-là, la banque, refusant le dialogue avec l'activiste, a appelé la police, qui a procédé, en fin de vidéo, à un contrôle d'identité (l'agent demandant fermement au fauteur de trouble de retirer ses lunettes de soleil et d'éteindre son téléphone portable).

De sortie du commissariat, le militant de la LDNA a annoncé avoir porté plainte contre la police, « pour atteinte à l'intimité de la vie privée  » (il connaît ses droits), au motif qu'un agent des forces de l'ordre l'avait pris en photo à son insu.

Le FN fait bloc

Si les attaques fusent contre lui, Romain Espino a néanmoins reçu du soutien via les réseaux sociaux. « Des soutiens inattendus de personnes opposées sur le fond mais qui trouvent la forme, cette attaque de la vie privée, inadmissible », confie-t-il à L'Incorrect.

De nombreux membres du Front national lui ont, sans surprise, témoigné de leur sympathie. « Les gauchos stalino-collabos œuvrent à la perte d'un boulot. Soutien à Romain Espino  », a ainsi tweeté Gilbert Collard, député du Gard.

Les gauchos stalino-collabos oeuvrent à la perte d'un boulot. Soutien à @RomainPgnl ! https://t.co/Svl9aOrT3C

— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 25 avril 2018

Soutien aussi de David Rachline, le maire de Fréjus :

L'auto-proclamé camp du bien et de la tolérance montre son vrai visage, en harcelant et en pratiquant en meute la chasse aux sorcières pour faire virer de son travail un jeune militant dont les convictions leur déplaisent. Soutien au courageux @RomainPgnl ! 💪

— David Rachline (@david_rachline) 25 avril 2018

De Stéphane Ravier, sénateur des Bouches-du-Rhône :

On m'informe que le militant @RomainPgnl ayant oeuvré à repousser les clandestins en provenance d'Italie, serait sur le point de perdre son travail victime de l'acharnement et de l'épuration politique de la racaille d'extrême-gauche. Quelle honte ! #StopMigrantsAlpes

— Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) 25 avril 2018

Même message de soutien de la part de Frédéric Boccaletti, président du groupe FN au Conseil régional de PACA, de Jérôme Rivière, membre du Bureau national du FN, ou encore d’Hélène Laporte, conseillère régionale de Nouvelle Aquitaine.

Soutien à @RomainPgnl victime d’un harcèlement abject de la part de gauchistes haineux pratiquant la délation sans se soucier de l’interdiction de divulguer des informations confidentielles. Ces comptes doivent être suspendus pour violations des règles de @TwitterFrance !

— Frédéric Boccaletti (@Boccaletti83) 25 avril 2018

Un jour, il faudra ouvrir un débat national sur les discriminations que subissent des millions français en raison de leurs opinions politiques. La délation que subit @RomainPgnl de la part des fascistes d’extrême-gauche est ignoble et devrait tous nous scandaliser. pic.twitter.com/goclgRDV3B

— Hélène Laporte (@HeleneLaporteFN) 24 avril 2018

Un mal pour un bien...

Pas sûr que ces tweets suffisent à lui faire garder son job... 

D'ailleurs, ce ne serait pas la première fois qu'un identitaire perdrait son emploi en raison de ses activités militantes. Pierre Larti, l’ancien porte-parole de Génération identitaire, était jusqu’à l’année dernière un responsable en Ressources humaines dans un groupe industriel international. En mai 2017, un reportage à charge d’Arte sur GI le montre en train de répondre aux questions du journaliste :

« J’ai ensuite été convoqué par les ressources humaines de mon entreprise qui m’ont demandé de quitter les lieux suite à ce reportage  », se souvient le jeune homme. « Nous avons découvert tes activités personnelles et nous n’en voulons pas dans l’équipe  », lui a expliqué la directrice des ressources humaines. Après un repos forcé, Pierre Larti a accepté une rupture conventionnelle de son contrat. Aujourd’hui en poste, il explique vouloir rester discret et n’a donc pas participé à l’opération de samedi dernier.

Romain Espino reste serein face à la pression qu'il subit et au licenciement qui se profile ; si jamais il doit « arrêter la banque  », il aura, dit-il, « plus de temps pour défendre [ses] convictions  ».

Si jamais les pros-migrants réussissent à me faire perdre mon travail, je vais pouvoir m’occuper de #DefendEurope à plein temps 😇 pic.twitter.com/FhcaJqHKsX

— Romain Espino (@RomainPgnl) 24 avril 2018

Idéologie vs Démographie : un combat inégal...

Mais que valent des convictions contre le roc du réel ? Si l'on en croit Stephen Smith, ancien journaliste, désormais professeur d'études africaines à l'université Duke, aux États-Unis : « L’Europe va s’africaniser, c’est inscrit dans les faits  ».

Interrogé par Jeune Afrique en mars dernier, il explique qu'une immigration massive de l’Afrique vers l’Europe est inéluctable :

« En 2050, l’Europe comptera 450 millions d’habitants vieillissants. Les 2,5 milliards de jeunes Africains en face feront alors ce que les Européens ont fait quand ils sont passés de familles nombreuses à forte mortalité à des familles plus restreintes et des vies plus longues : ils vont partir en masse à la recherche de meilleurs chances de vie. (...)

42% des Africains âgés de 15 à 25 ans déclarent vouloir partir. L’Afrique est un continent en instance de départ. »

On peut rire ou pas aux tweets d'Henry de Lesquen, le super troll en chef de la mouvance identitaire, mais la remigration qu'il prône ne se produira pas...

"Toc, toc, il est 6 heures, c'est pour la réémigration." pic.twitter.com/Gd2PDGmlEJ

— Henry de Lesquen (@LesquenPNL) 24 avril 2018

C'est tout le contraire qui va se produire. Stephen Smith n'a certes pas un regard béat devant les grandes migrations à venir ; comme il l'explique :

« La migration est une perte nette pour l’Afrique parce que ses forces vives l’abandonnent. C’est profondément démoralisant pour ceux qui restent, et les Européens ont tort de penser qu’ils rendent service à l’Afrique en ouvrant leurs frontières.

En fait, les migrants tournent le dos à un continent « en panne » dont les insuffisances leur semblent irréparables à l’échelle d’une vie humaine. Ils se sauvent. »

Stephen Smith : "La migration est une perte nette pour l’Afrique parce que ses forces vives l’abandonnent. C’est très démoralisant pour ceux qui restent, et les Européens ont tort de penser qu’ils rendent service à l’Afrique en ouvrant leurs frontières"https://t.co/lFYLfooXrN

— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 26 avril 2018

Il le concède même aux tenants de la remigration : «  l’acte civique consisterait à retrousser les manches et à investir toute cette énergie qui est aujourd’hui mobilisée pour des départs individuels dans des efforts collectifs pour changer la face du continent. Mais je constate que ceux qui y croient sont ultra-minoritaires.  » La plupart des jeunes Africains choisiront le départ pour l'Europe ou l'Amérique du Nord. C'est ainsi. Il est illusoire d'imaginer un autre scénario.

C'est pourquoi le combat de Génération identitaire est vain : l'idéologie et les coups de com', avec des hélicoptères, des banderolles et des tweets, ne pèsent pas lourd face à la démographie. Africanisation et tensions indentitaires sont déjà un peu notre présent, et seront assurément notre avenir, annonce Stephen Smith. Jusqu'à « la partition » (dixit François Hollande) ?

On peut y résister, si l'on veut, car, comme le disait Guillaume d'Orange, il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. Et d'aucuns pensent même que les plus beaux combats sont ceux qui sont perdus d'avance... et celui-ci l'est, pour Romain Espino et ses amis, aussi sûrement que 2 et 2 font 4.

Pour ne pas finir sur une note trop négative, écoutons Stephen Smith nous dire les trois principes de réalisme et d’humanité qu'il faudrait, selon lui, concilier pour éviter le pire :

« D’abord, il appartient aux Européens de décider qui entre chez eux et qui n’entre pas. Ensuite, l’Europe ne peut pas se désintéresser de son voisin africain, elle doit comprendre qu’une frontière n’est pas une barrière baissée ou levée mais un espace de négociation.

Enfin, et c’est peut-être la réalité qui est encore la moins bien perçue, la ligne de partage ne sépare plus tant les pays riches des pays pauvres mais, à l’intérieur du Nord et du Sud, les gagnants et les perdants de la mondialisation. Si les gagnants – en Afrique autant qu’en Europe – se moquent du sort des perdants, nous serons tous perdants. »


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