L’insécurité source majeure d’inégalités
par jlhuss
mercredi 5 septembre 2012
Clap clap clap.
Cela dit il faut être objectif et ne pas attendre du nouveau pouvoir qu’il réalise en quelques mois ce que l’ex président qui en eut la charge soit comme ministre de l’Intérieur soit comme Chef de l’État ne parvint pas à faire en dix années… on peut même dire que malgré ses rodomontades il échoua lamentablement (ce laps de temps, ça compte : c’est bien plus qu’un cycle politique habituel) Stop avec ces visions angéliques du gentil banlieusard devenu truand ‘à cause de la misère et de la crise’ et qu’il faudrait de ce fait exonérer de toute responsabilité morale voire pénale. D’une part, 99% des habitants des quartiers pauvres et déshérités, discriminés (ce qui est une honte : il y a des adresses qui figurent sur le CV qui le font atterrir directement à la poubelle) sont et demeurent d’une honnêteté sans faille et certes si les zones sensibles sont touchées de plein fouet par la crise, quand bien même il y aurait corrélation, on est infiniment plus victime des violences dans ces quartiers que dans le XVIe ou à Neuilly.
Les types qui dealent ou qui brûlent des voitures, qui rackettent, ne sont pas des ‘victimes de la société’. Ce sont des voyous qui n’osent pas s’en prendre à la bourgeoisie, la vraie, et qui en plus sont tout sauf des Robins des bois qui redistribueraient : quand ils volent quelque chose, c’est pour leur seule pomme ou celle de leur clan. Il ne doit pas y avoir plus de un ou deux pour cents de vrais vols par nécessité (exemple : tenter de piquer un peu de bouffe au supermarché du coin et ça demande évidemment la plus grand indulgence dans certaines situations : j’ai vu à Meaux des magistrats dispenser de peine des mis en cause dont la situation était effectivement dramatique, et favoriser en urgence la mise en contact avec les services sociaux ; magistrats qui distribuaient sans état d’âme du ferme avec mandat de dépôt à des dealers). Les autres sont soit des partisans du ‘tout, tout de suite et sans effort’, soit des abrutis, des imbéciles, des petites cervelles (comme le dit Mélenchon). Au XIXe siècle, quand une émeute éclatait, elle était sociale, fruit de la désespérance. On était face à des soldats envoyés pour restaurer l’ordre bourgeois par tous les moyens, et qui étaient bien armés. Dans ces conditions, oui, tous les coups étaient permis : c’était la guerre sociale qui vaut bien une guerre menée pour défendre des intérêts impérialistes ou capitalistes. Le fait que les insurgés (révolte des Canuts, Fourmies, etc.) étaient en plus tragiquement démunis face à des troupes surarmées et bien entraînées leur permettait moralement d’employer tous les coups (hélas, en plus ils se faisaient immanquablement massacrer. mais chacun de ces événements portait un coup d’épingle à la société).
De nos jours, il s’agit de tenter de limiter des trafics de drogue industriels, des rackets innommables, des emprises sur des zones de non droit, où des sales cons traitent femmes et jeunes filles d’une manière obscène au nom d’une supposée foi religieuse qu’ils sont fort loin de respecter par eux mêmes. Certes dans les zones sensibles tout le monde est victime des abus sociaux (discrimination, manque de qualification, etc.) que j’ai décrits mais 95% des victimes de la délinquance y sont aussi concentrées, qui ont droit à être protégés. Quand deux ados abrutis font du ‘tirage’ sans casque à 120 km-h sur un scooter le plus souvent volé, du moins toujours pas assuré, il faut bien tenter de les sauver contre eux mêmes ou de sauver le petit garçon cavalant après son ballon et qu’ils renverseront (en se barrant après). Que lors de la course poursuite ils s’explosent sur un réverbère et quelques dizaines de gros voyous déclencheront une émeute pour ‘les venger’… émeute qui cramera l’école maternelle du quartier et des centaines de voitures de prolos privés de ce fait du moyen d’aller travailler ou de partir en vacances… il faut chercher au microscope pour trouver l’ombre d’une réflexion de classe, et on n’en trouvera jamais. Les règlements de compte à coups de kalachnikovs ou de 11.43 entre voyous… si on était sûrs qu’ils ne provoqueraient qu’une sélection darwinienne et qu’on n’aurait plus qu’à ramasser les survivants pour les incarcérer… à défaut d’être moraux, on pourrait s’en accommoder. Seulement, il y a des balles perdues et pas perdues pour tout le monde (exemple à la Courneuve, un petit garçon de dix ans qui n’avait pas un sou et qui consacrait son après midi à laver la voiture de son père pour lui faire un cadeau en nature). Il y a des centaines de milliers de gens, en France, qui doivent montrer patte blanche à des dealers pour rentrer chez eux ou pour recevoir des amis. Ce n’est pas du bidon, ça, j’en suis victime à chaque fois que je vais visiter des proches : passage à tabac garanti et expulsion du quartier si je ne m’y plie pas humblement. Curieusement, les grandes âmes ne s’émeuvent pas de ces contrôles d’identité sauvages ! (notez que je suis aussi contre le harcèlement des minorités visibles par certains flics qui procèdent à des contrôles au faciès, de façon répétée, sur des individus qu’ils connaissent fort bien)
Pareil pour les Roms. Curieuse schizophrénie entre ces paroles de partis qui vitupèrent contre l’exécution de décisions de justice et ce que font les maires de ces même partis, confrontés à l’apparition de bidonvilles sordides où prolifèrent ordures, rats et autres parasites, d’où sortent des émanations fétides (la fumée des gaines de câbles de cuivre volés ici ou là et qu’on incinère avant de revendre le métal). ‘ ‘ Des paroles aux actes… Si le maire communiste [1] reconnaît que les expulsions ne résolvent rien, il explique que « les conditions de vie déplorables », « l’exaspération des riverains » et les « nuisances engendrées par les fumées venant des fils de cuivre brûlés et la prolifération de rongeurs » rendaient la situation intenable. « L’expulsion entraîne un regain de précarité pour les Roms, on ne fait que déplacer le problème d’une ville à l’autre. Mais on ne peut pas se contenter d’accepter le statu quo dû à la présence de ces camps », argumente M. Beaumale, avant de renchérir : « On ne peut pas accepter les bidonvilles, c’est une question de sécurité. » ‘ ‘ (lemonde.fr) Quand, au lieu de faire le généreux avec le quotidien des autres (parce que je ne connais personne qui accepterait de gaité de cœur de vivre en marge d’un tel bidonville et quand une épidémie de choléra partira de l’un d’eux, tout le monde hurlera), quand donc posera-t-on la vraie problématique : certes les Roms ne sont pas ‘génétiquement’ des voleurs mais ils sont tenus par des mafias impitoyables, et persécutés par leurs pays d’origine qui ont pourtant touché des milliards de la part de l’UE pour les intégrer ? Doit-on supporter en France qu’un bébé soit retiré de force des bras de sa mère pour être loué à une mendiante professionnelle ‘qui sait mieux faire’ afin d’apitoyer le gogo, la mendiante étant tabassée si elle ne ramène pas le minimum exigé en fin de journée et la mère envoyée se prostituer ailleurs avec pareil relevage de la recette ? Que des gosses de moins de 13 ans soient dressés à voler, car chez nous – et c’est un bien ! – les enfants ne sont pas traités par la justice comme des adultes ? Oui, la France n’est qu’une monstrueuse somme d’injustices sociales. Oui, les dés sont pipés par avance quand on nait ici et pas ailleurs, de tel milieu et pas d’un autre. Non, l’ascenseur social qui existait avant – même si son fonctionnement était aléatoire, il ne faut pas non plus le magnifier – ne grimpe quasiment plus. Ça ne fait pas débat. Mais la réponse, c’est la lutte et pas la rapine, le brigandage, la délinquance en s’en prenant aux plus faibles de préférence (on arrache curieusement plus souvent les colliers des mamies appuyées sur une canne que les gourmettes des mastars body-buildés). Lutte qui peut prendre selon le tempérament ou les convictions un tour révolutionnaire ou réformiste, syndical et/ou politique, associatif, etc. Si on se déclare militant antisioniste, on va manifester en Palestine, on ne tabasse pas des gamins juifs à Sarcelles. Si on veut lutter contre l’impérialisme américain, on a tout le monde pour cela. Si on est révolté par l’injustice sociale, on milite. Je ne justifie pas une seconde les dérives terroristes passées, d’Action directe, des Brigades rouges, de la RAF allemande. Mais au moins la logique de ces types était palpable, si leur comportement était monstrueux et si in fine ils ont surtout favorisé la société qu’ils prétendaient combattre en lui permettant de mieux ficher ses citoyens.
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Qu’il soit clair dans mon esprit que le volet ‘répression’ de la lutte contre l’insécurité n’est qu’une jambe, et que pour marcher droit il en faut deux : on attend avec (grande) impatience que les politiques dont les socialistes évidemment*** créent un monde où chacun peut vivre dignement des fruits de son travail. Mais tant qu’en faisant le guet pour un dealer cupide, on gagnera plus qu’en étudiant cinq années après le bac, il y aura un hiatus. Il faut que l’apprenti, que le technicien, que le salarié, que le cadre qui aura étudié dur pour arriver à un poste gratifiant gagnent tous leur vie convenablement d’une part (avec une échelle de revenus qui ne soit pas obscène) et qu’en retour le délinquant professionnel soit mis hors d’état de nuire par tous les moyens qu’une justice citoyenne emploiera (là encore, il y a du boulot pour créer une justice citoyenne : répression systématiquement assortie de prévention et d’éducation) Mais on ne me l’ôtera pas de la tête : l’insécurité est une source majeure d’inégalités, comme le manque d’argent, comme l’inégalité d’accès aux soins, comme l’inégalité face à l’éducation, la culture, etc. A ceux qui en douteraient, je les invite à venir au Brésil avec moi : ils verront comment les plus riches se moquent de l’insécurité qui frappe le peuple, protégés qu’ils sont par leur immeubles équipés comme des bunkers, par leurs vigiles qui pallient la police inefficace et corrompue, etc. Ce qui commence à apparaître en France avec la municipalisation des polices, qui sont surreprésentées dans les centre villes chics et absentes dans leurs périphéries. *** De l’UMP comme du FN, de la droite en général, je n’attends rien en matière de justice sociale puisqu’ils ont l’inégalité inscrite dans leurs gènes. Pour eux le salut ne vient que de l’individu, pas de la société (à noter néanmoins qu’ils ont biffé le correctif des vrais libéraux qui sont contre l’héritage, pour un départ de tous plus ou moins sur une même ligne)
benjamin commentait la note : "L’insécurité est une réalité"