L’ordre Naturel V.S. Mariage et parentalité

par Anthony
vendredi 25 janvier 2013

Le débat public sur le mariage homosexuel fait souvent référence à l'ordre naturel pour justifier l'altérité sexuelle comme fondement intrinsèque du mariage et de la parentalité.

L'ordre naturel : qu'est ce vraiment ?

L'expression « ordre naturel », qui semble découler du bon sens, qui semble évidente aux yeux de tous, n'est pas une notion si simple. Elle mêle la Raison (qualité humaine) et la Nature (dont fait parti également l'Homme).

L'ordre naturel découle finalement d'une approche anthropomorphique : l'Homme cherche l'ordre dans la Nature, pour l'expliquer, pour la comprendre, pour l'apprivoiser et enfin pour canaliser sa peur.

Si nous voulons donc avancer, nous considérerons l'ordre naturel sous sa forme « épurée » : ce que la Nature a mis en place à un instant donné (sans tenir compte du jugement humain dans ce qu'elle a d'antérieur à lui).

L'ordre naturel sous l'angle de la perpétuation de la vie :

Nous allons dans un premier temps limiter (réduire) la Nature à ce qui concerne la Vie.

Je précise donc mon postulat : l'ordre naturel est une vue d'ensemble des chemins pris par la nature pour perpétuer la vie. Point besoin de tenter d'expliquer pourquoi (nous entrons dans un autre débat) mais gardons juste à l'esprit que cet ordre naturel est une sorte de vue d'ensemble qui ne peut malheureusement s'appréhender sans un observateur.

La Vie a évolué (par la sélection naturelle) pour aboutir à des êtres complexes : notamment le mammifère. Cette complexification a nécessité l'instauration d'une ou plusieurs formes d'apprentissages.

Pour évoluer et pour s'adapter, un être complexe a nécessité de transmettre aux générations futures, à la fois un patrimoine génétique (apprentissage biologique, pour lutter contre les maladies par exemple) et un savoir (basique ou plus complexe).

Chez les espèces les plus « avancées », la Nature opère de sorte que les géniteurs, d'une manière ou d'une autre, font se perpétuer l’espèce de manière biologique (conception) puis participent à l'apprentissage (parentalité) jusqu'à l'autonomie du descendant. Descendant qui à son tour participera de la perpétuation de l'espèce.

L'ordre naturel a donc pour fonction d'optimiser au mieux cette succession d'une génération à l'autre dans le but de « reproduire », préserver et faire évoluer la vie.

 
Et l'Homme dans tout ça ?

L'Homme n'est pas une espèce comme une autre parce qu'il a pensé et transcendé la Nature. Mais s'il transcende la Nature il n'en reste pas moins qu'il n'a pas entravé le processus initiale de reproduction de la vie (du moins de sa vie).

L'Homme peut refuser certaines formes de l'ordre naturel (par la morale et le Droit notamment) mais il tend toujours vers une optimisation de son espèce. Cette optimisation passe par un apprentissage de plus en plus poussé, par une expertise (notamment « biologique ») qui lui permet de lutter contre les éventuelles rivalités naturelles (maladies, parasites...), par l'utilisation de toute une série d'outils visant à renforcer sa puissance et sa suprématie.

L'ordre naturel transcendé :

D'un coté la Nature et son ordre permette la préservation de la vie, de l'autre l'Homme transcende la Nature, crée l'artificiel, mais continue dans la lignée de cette évolution.

Si l'Homme se pense « hors Nature », il ne fait finalement que l'amener plus loin, il participe lui même à son optimisation. Plus que la dépasser, l'Homme est la main artificielle de la Nature.

Toute interprétation morale ou jugement de cet acte nous éloignerait du sujet. Que l'Homme pervertisse ou grandisse la Nature, il n'en reste pas moins qu'il y participe de l'intérieur.

Contre-Nature ?

Ce qui est contre-nature ne dépend que de la morale ou de la religion. Il ne peut y avoir de contre-nature sans un jugement (humain). Ce n'est pas la Nature qui impose ses règles, c'est l'Homme qui juge si oui ou non il souhaite les (faire) respecter.

L'assimilation des règles (le fameux Surmoi de la psychanalyse) est seul responsable de ce sentiment de dégoût que peut faire naître un acte pensé comme « contre-nature ».

L'ordre naturel, le mariage et la parentalité :

Il n'y a pas de règle naturelle qui impose (comme peut s'imposer la « constante naturelle » sur l'expérience physique) qu'un mariage soit uniquement contracté entre deux personnes de sexe opposé. Il n'y a aucune règle naturelle qui impose qu'un enfant doive être élevé par un homme et une femme.

L'homosexualité n'est pas « contre-nature » et ne peut être observée sur le seul angle de la « fécondité » biologique. Notre société a depuis longtemps fait le choix de distinguer l'acte sexuel de la reproduction et seuls quelques fanatiques voudraient que tout acte sexuel mène à une fécondation (ou du moins la rende possible).

Le mariage reproduisant une quelconque « loi naturelle » n'est que le produit d'une illusion puisque ses « effets juridiques » et son cadre ne dépendent que de choix opérés par les législateurs.

Le mode de « venu au monde » d'un enfant et l'éducation (la parentalité) sont deux registres bien distincts. L'un est le fruit de la biologie (que l'homme maîtrise plus ou moins), l'autre de la société et de choix humains.

La langue française est très précise en distinguant les « géniteurs » (biologique) des « parents »... sachant bien entendu qu'ils sont une seule entité dans la très grosse majorité des cas.

L'ordre naturel ne s'applique pas dans le cadre d'institution (la Famille, le mariage) parce que ceux ci ont été justement crées « hors nature » par des législateurs qui se voulaient (notamment) supérieurs à la Nature. La religion est entre autre la première à distinguer explicitement l'Homme de l'animal, allant jusqu'à récuser tout forme d'évolution darwinienne.

Et pour finir …

Cette nouvelle forme d'union et de parentalité vont elles à l'encontre de la Nature ? Il serait fort difficile de le démontrer et j'attends ici même des arguments qui iraient en ce sens.

La discussion est ouverte et ce texte n'a pas vocation au prosélytisme. Ce que j'espère seulement c'est ajouté ma petite pierre à l'édifice du débat et je m'adresse donc aux esprits ouverts pour qui la réflexion doit primer.


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