L’orientation en panne. A quand la dépanneuse ?

par Yohan
vendredi 5 juin 2009

Richard Descoings, directeur de Sciences-Po Paris, été chargé par le gouvernement de mener la réforme du lycée. Nous entrons maintenant dans la phase de propositions.

Lancée au début de l’année, la mission de consultation sur la réforme du lycée avait pour objectif de recueillir les témoignages, les attentes et les propositions des acteurs du lycée, un marathon qui a vu se succéder les visites de terrain sur une centaine de départements, avec plus de 15 000 personnes rencontrées.

Parallèlement, une plate-forme internet conçue en partenariat avec YouTube, a été lancée pour permettre aux lycéens, professeurs et familles, de donner leur avis et de trouver en écho quelques éléments de réponse à leurs questionnements et préoccupations.

Aujourd’hui, à l’heure des propositions, on notera au passage ce constat de bon sens fait par Richard Descoings sur la question de l’orientation, un terrain sérieusement miné, à en croire le long chapelet d’experts et de délégués interministériels portés disparus après être passés dans ce qui s’apparente au triangle des bermudes.

Pour une fois, il est pointé l’importance d’une orientation qui laisse le temps au temps, qui s’appuie sur une recherche personnelle encadrée par des adultes et facilitée par l’entreprise, une orientation qui ménage le temps de la maturation et surtout le droit à l’erreur.

Tant d’années pour accoucher d’une évidence....

Alors, pourquoi ce retard ?

Probablement, parce que le modèle français de l’orientation scolaire n’a jamais été posé sur le bon rail. Son péché originel : réduire l’orientation à une intervention d’urgence sanctionnant l’échec, l’inadaptation au système scolaire ou la sortie des études secondaires.

Richard Descoing n’hésite pas à reprendre à son compte les mots qui fâchent : orientation par l’échec, orientation par défaut.

Au centre de toutes les critiques : les Cops, (Conseillers d’Orientation Psychologues), victimes certes d’un système mal ficelé qui ne leur laisse guère de moyens pour faire face aux besoins, mais aussi coupables... de corporatisme doctrinaire et accusés de bloquer systématiquement les réformes visant leurs missions et attributions.

"J’ai été orienté en LEP", entend-on trop souvent. Des filières de relégation aux yeux des élèves, d’autant que trop souvent, c’est le Cop ou l’institution qui suggère et choisit pour eux et parfois malgré eux.

Un coût insensé pour la collectivité lorsqu’on examine à la loupe les taux de réussite aux examens, les chiffres de l’absentéisme et les réorientations qui s’en suivent. Un résultat plus que médiocre, des chiffres lamentables et une situation ubuesque qui perdure malgré les nombreux rapports de carence.

En regardant ces videos où s’expriment jeunes et adultes, on mesure à quel point l’orientation se réduit trop souvent à un choix d’une filière d’études, que l’on veut bien sûr prestigieuse et efficace à la fois.

La question du choix d’un métier est à peine effleurée, on verra plus tard !. C’est dire la préférence dévastatrice pour le modèle dominant des études pour les études, censées protéger et bâtir l’avenir.

Pourtant c’est une évidence, c’est le choix d’un métier qui devrait dicter la feuille de route, et non l’inverse.

De ce point de vue, un "dis moi où tu vas et je te montrerai le chemin" est tellement plus pertinent qu’un "vas ton chemin et tu verras plus tard où il te mène".

50% d’échec à l’université : un piteux résultat, en partie imputable à la faillite du système d’orientation.

Aider les jeunes à élaborer leur projet professionnel et personnel, en leur permettant de se frotter à la réalité des métiers, en les outillant pour leur permettre de faire des choix plus éclairés, voilà le chantier.

Mais voilà, la motrice attend encore la dépanneuse...


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