La Banque de France, antisocial récidiviste

par Laurent Herblay
samedi 14 mars 2015

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que le gouverneur de la Banque de France se prononce sur cette question. Comme toujours, il se fait le porte-parole de la doxa néolibérale la plus antisociale en disant qu’il faudrait baisser le SMIC et le régionaliser. De quoi donner des envies de révolution.

Sus aux pauvres !
 
Le gouverneur de la Banque de France affiche une vraie constance, dans la ligne de celui qui fut son chef dans cette même institution, Jean-Claude Trichet. Déjà, en avril 2014, il se prononçait pour une révision des règles de revalorisation du SMIC, car « les modalités de revalorisation poussent à la hausse toute une partie de l’éventail des salaires (…) une mécanique infernale  ». Les smicards seront heureux d’apprendre que la hausse mirobolante de leur rémunération serait « une mécanique infernale  » ! Christian Noyer vise ici sans doute le colossal coup de pouce de 0,6% donné par François Hollande au SMIC à son arrivée (2% au lieu de 1,4%), trois fois moins que Jacques Chirac en 1995
 
Puisque la France ne prendra pas le chemin pris par la Grèce et l’Espagne, qui ont baissé le salaire minimal, le gouverneur de la Banque de France (qui fait partie du directoire de la BCE) a trouvé une solution, sans doute inspiré par ce qui a été fait en Grèce : le SMIC y avait été réduit de 22%, et de 32% pour les jeunes. Parce que s’attaquer au niveau global du salaire minimum ne semble pas possible dans notre pays, il propose une attaque plus insidieuse : le régionaliser et également le réduire pour les jeunes. Le chroniqueur d’Europe 1 présente cette idée comme du bon sens étant donné le niveau de chômage, mais jusqu’où faudrait-il aller pour être compétitif par rapport à la Roumanie ou au Maroc ?
 
Ces élites devenues folles
 
Le discours de Christian Noyer est indécent pour de nombreuses raisons. Voici un haut fonctionnaire, qui bénéficie à la fois des avantages de la fonction publique et d’un gros salaire, au moins estimé à 157 000 euros par an, qui dit que ceux qui gagnent plus de dix fois moins que lui gagnent encore trop et devraient gagner moins ! Comment ne se rend-il pas compte du caractère écœurant de son discours, notamment pour les classes populaires et les chômeurs. Ce faisant, il est un bon porte-parole du FN. Comme Pascal Lamy, il ne comprend pas qu’il est d’autant plus révoltant pour les citoyens d’entendre ce genre de discours quand il vient de fonctionnaires surpayés et très largement protégés, eux !
 
Tout ceci pose également la question du statut des banques centrales et de ces institutions technocratiques qui ont tant de pouvoir. Car comment accorder la moindre confiance à des personnes qui tiennent de tels propos ? Et le problème est que les citoyens n’ont aucune prise démocratique sur eux. Et sans le nécessaire contrôle démocratique, ces dirigeants, coupés du monde réel, deviennent fous. Mais les hommes politiques qui ont accepté et défendu cette évolution sont également responsables. En un sens, on pourrait dire que le président de la République est solidaire de cette déclaration puisqu’il ne démet pas Christian Noyer de ses fonctions. Si de tels propos le choquait, ne pourrait-il pas le renvoyer ?
 
Les propos de ces hauts fonctionnaires surpayés qui demandent à un peuple déjà essoré de se serrer plus encore la ceinture sont sans doute une des choses les plus abjectes. C’est aussi pour cela qu’il faut y prêter attention car cela pourrait favoriser la nécessaire prise de conscience du besoin de changement.

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