La Barre Hebdo

par Liline
jeudi 3 novembre 2011

Il y avait en 1765 un jeune homme qui s'appelait le Chevalier de la Barre, et qui a été exécuté en France pour avoir commis un crime très grave : En effet, il avait chanté des chansons paillardes au passage d'une procession religieuse, et avait aussi été accusé d'avoir tailladé une statut de Jésus Christ. A cette époque, le blasphème était considéré comme un crime.

Les choses ont depuis changé, et à présent, personne ne peut être condamné pour blasphème. Pour cela, il a fallu bien des combats de philosophes (à commencer par Voltaire qui a tout fait pour réhabiliter le Chevalier de la Barre), de militants, de familles et d'individus.

Cette nuit, les locaux de Charlie Hebdo ont été incendiés par un cocktail Molotov, et au même moment, son site internet piraté.

Qui sont les auteurs ? Des intégristes musulmans ou peut-être des provocateurs souhaitant stigmatiser l'islam tout en attaquant un journal qu'ils détestent à cause de ses articles trop insolents à leur goût. En effet, ce journal a bien des ennemis, n'en témoignent les nombreuses menaces qu'il reçoit régulièrement. L'enquête le dira sans doute un jour.

En attendant ; cette attaque a eu l'effet attendu : relancer la polémique sur la question du blasphème et de la laïcité.

Charlie Hebdo, qui n'est pas à une provocation près et qui mérite bien sa catégorie de « journal satirique » s'est intitulé « Charia Hebdo », dans le but de parler des révolutions arabes qui avaient tendance à prendre un virage islamiste.

Caricaturer Mahomet ou Jésus fait partie de notre liberté d'expression, n'en déplaise à certains qui s'estiment « insultés ». Libre à eux de signaler leur désaccord, dans le cadre d'un débat.

Dans ce journal, les catholiques, et particulièrement les intégristes ne sont pas non plus épargnés. Justement, dans le numéro incriminé, un article parlait de l'attaque dont avait été la cible il y a deux semaines, un théâtre parisien projetant une pièce caricaturant Jésus Christ. En effet, un groupuscule d'intégristes catholiques a carrément menacé les spectateurs venus regarder la pièce « sur le Concept du Visage du Fils de Dieu » au Théâtre de la Ville de Paris, de déverser sur eux de l'huile de vidange.

Aujourd'hui, en France, nous ne risquons plus d'être exécutés pour avoir critiqué ou caricaturé une religion, pourvu que personne ne soit persécuté à cause de ses opinions religieuses, athées ou agnostiques. Caricaturer Mahomet, Jésus, Moïse ou Bouddha relève de la liberté, même si cela peut choquer les idées de ceux qui ont cette religion. Et si ça choque, c'est normal : c'est le rôle d'une caricature, choquer pour susciter le débat.

La persécution religieuse, quant à elle n'a rien a voir avec le fait de caricaturer une religion. Là, on ne se moque pas d'une idée, mais on s'en prend à ceux qui pratiquent une religion. Ce sont ces deux notions que veulent confondre les intégristes de tout poils qui brûlent les locaux des journaux satiriques et s'attaquent aux pièces de théâtre blasphématrice.

Il ne tient qu'à nous, laïques, quelque soit notre religion ou notre non religion de maintenir cette différence, pour que l'histoire du Chevalier de la Barre ne se reproduise pas un jour.


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