La beauté, gage de réussite professionnelle ?

par C.G.
mercredi 25 juillet 2007

De nos jours, nous sommes soumis plus que jamais au joug de la dictature des apparences orchestrée de main de maître par la publicité, notamment par l’entremise des magazines divers qui ont su jouer de notre frivolité, de notre désir de plaire, en érigeant stars et mannequins en nouveaux modèles de perfection esthétique. Notre société est de plus en plus fondée sur le paraître, les apparences comme en témoignent le boom de la chirurgie esthétique et la recherche d’une jeunesse éternelle. Il est ainsi commun d’allier beauté et bien-être, beauté et vie affective comblée. Mais la beauté jouerait également un rôle social essentiel apparaissant comme un atout majeur dans la recherche d’un emploi et garantissant une carrière fructueuse. La beauté joue-t-elle véritablement un rôle dans le domaine professionnel ? Les « laids » sont-ils vraiment soumis à discriminations ?

Les discriminations raciales lors de la recherche d’un emploi ont été très médiatisées et fortement dénoncées ces dernières années par des associations telles SOS racisme oeuvrant pour l’égale dignité des individus. Malgré ces campagnes ayant fait grand bruit, les fruits de leurs efforts sont restés malheureusement plutôt vains dans l’absolu. Mais outre l’âge, le sexe, l‘appartenance ethnique, une autre discrimination beaucoup plus insidieuse et peu évoquée bloque tout autant les portes du travail à bon nombre d’individus : la discrimination physique. Ainsi, tout comme il est prouvé que les enfants beaux attirent davantage les regards et les attentions, il est quasi certain d’être confronté plus que la moyenne au chômage quand on est doté d’un physique ingrat.

En effet, alors qu’on devrait dans un monde idéal être jugé uniquement sur nos diplômes et nos compétences, notre apparence physique tient une place tout aussi prépondérante dans la balance.Comme lors de toute première rencontre, on est ainsi jaugé au premier abord sur notre physique et rapidement « catalogué » : une personne de forte corpulence sera ainsi jugée comme faible et incapable de se maîtriser, un individu au visage ingrat provoquera un certain malaise...

S’il est évident qu’une tenue irréprochable (cheveux propres, vêtements corrects) est nécessaire et primordiale le jour de l’entretien, il apparaît véritablement injuste que le poids ou la beauté, critères triviaux et sans rapport avec les compétences professionnelles, constituent un critère de recrutement implicite mais non négligeable.

Les recruteurs refusent d’avouer clairement que le physique compte même si dans les métiers "de contact" en relation directe avec le public, les critères esthétiques sont primordiaux, les candidats « hors-normes » étant écartés. Les femmes doivent ainsi être jolies et les hommes charismatiques. Mais sans entrer dans une définition de la beauté, qu’est-ce qu’un physique hors norme ? Est-ce être trop gros, trop mince, trop petit, trop grand ?

Ce qui est encore plus éloquent, c’est que selon une étude anglaise, les employés peu gâtés par la nature percevront des salaires inférieurs à la moyenne alors que leurs collègues au physique agréable gagneront plus que la norme. La beauté permet donc non seulement d’échapper au chômage mais aussi de vivre plus aisément.

Les politiques ont compris les inégalités engendrées par de tels critères et le Parlement a voté, le 16 novembre 2001, une modification du Code du travail interdisant toute discrimination fondée "sur l’apparence physique". Désormais, un candidat refusé à l’embauche parce qu’il n’a pas la « tête de l’emploi » pourra entreprendre des poursuites à l’égard de l’employeur « esthète ». Cependant, il lui faudra encore prouver que ce sont véritablement des raisons esthétiques qui l’ont fait recaler et non un manque de compétences.

De prime abord, nous condamnons tous (ou presque) de telles pratiques mais quel serait notre comportement face à deux individus de compétences égales, mais aux physiques diamétralement opposés ? Nous sommes tous sensibles à l’esthétique, soucieux ne serait-ce qu’un minimum de notre apparence et enclins à attribuer aux beaux de nombreuses qualités alors que dans l’immédiat nous sommes peu attirés par les individus aux physiques moins avantageux.

Dans une moindre mesure bien sûr, un physique de rêve peut aussi se révéler « handicapant » à partir du moment où les stéréotypes de « belle et idiote » sont profondément ancrés dans les mentalités et où il faut peut-être se battre deux fois plus pour prouver aux autres sa valeur.

En mettant en avant ce type de discrimination passée sous silence, on pourra tenter de mettre un frein à ce diktat même si, sans faire preuve de pessimisme, l’entreprise paraît très difficile.


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