La déviance homosexuelle se soigne-t-elle ?
par Abolab
mardi 7 octobre 2008
La déviance homosexuelle a longtemps été pénalisée dans la loi à défaut d’être comprise en tant que telle. Aussi, en 1960, une loi doublait la peine minimum pour outrage public dans le cas de rapports homosexuels, et ce n’est qu’en 1982 que la loi dépénalise définitivement l’homosexualité en France. Jusqu’en 1990, l’Organisation mondiale de la santé considérait l’homosexualité comme une maladie mentale, et ce n’est qu’en 2003, que les Etats-Unis mettaient fin aux lois en vigueur pénalisant les pratiques dites homosexuelles.
Il y a donc eu historiquement plusieurs aspects liés à l’homosexualité : un premier est l’idée que l’homosexualité est quelque chose de répréhensible du point de vue de la loi, et que la société devrait punir les pratiques homosexuelles, assimilables à un outrage « aux bonnes mœurs » ; un deuxième est que l’homosexualité est une maladie mentale, devant donc être soignée. Ces deux aspects principaux ont autorisé une forme de persécution et de répression vis-à-vis des personnes homosexuelles et ont alimenté une forme d’homophobie très marquée, qui a entraîné la formation de lobbies et de mouvements pro-gays pour défendre les droits fondamentaux de ces personnes. Mais qu’en est-il réellement ? L’homosexualité est-elle quelque chose de répréhensible ? Est-elle une maladie mentale ? Est-elle une déviance morale ? Est-elle une pathologie sociale ?
Alors que le débat actuellement se focalise principalement sur la légalisation de l’union civile ou du mariage entre personnes homosexuelles, le phénomène de l’homosexualité est-il réellement compris, ou n’est-il soumis uniquement qu’aux injonctions de lobbies, d’associations, de conclusions diverses et variées, de points de vues personnels, dans un rapport de force public et sociétal basé sur des images ? Pour le savoir, il nous faut tout d’abord comprendre ce que sous-entend ce terme d’homosexualité et ce que regroupe ce concept dans la société et le monde d’aujourd’hui. La définition d’un dictionnaire de référence comme le Petit Robert est claire : Homosexuel : (1891 ; de homo-, et sexe). 1- Personne qui éprouve une appétence sexuelle plus ou moins exclusive pour les individus de son propre sexe.
L’homosexualité est donc comme ce mot le sous-entend principalement liée à un comportement sexuel, donc à un passage à l’acte relatif à ce comportement sexuel, et à un ensemble d’imageries mentales relatives à ce comportement sexuel. D’un point de vue biologique, il ne fait aucun doute qu’un comportement homosexuel n’a aucune signification reproductive, ou essentielle à la survie de l’espèce, et qu’il s’agit donc d’un comportement déviant par rapport à la sexualité "normale", c’est-à-dire une sexualité comprise d’un point de vue évolutif comme un élément fonctionnel nécessaire à la survie de l’espèce. Non pas que la sexualité humaine soit uniquement de cet ordre-là bien entendu. La sexualité humaine est également basée sur le plaisir non reproductif et son sens ne réside pas exclusivement dans l’acte reproductif. Toutefois, la sexualité de couple peut évidemment être interprétée comme un moyen de cohésion entre deux individus de sexe opposé, dans un processus de fondation d’un foyer requérant une stabilité nécessaire par exemple à l’éducation des enfants, si ce couple a ou prévoit d’avoir des enfants.
La relation entre individus du même sexe peut bien entendu contenir des éléments d’affection, de proximité, que ce soit par des intérêts communs, des passions communes, etc., mais tous ces éléments n’ont nul besoin de connotation sexuelle ni d’être interprété de manière sexuelle. C’est la grande chape de plomb idéologique du dogme psychanalytique, qui semble avoir légué à la société, notamment occidentale - et cela est particulièrement visible en France -, une vision de l’humain tiraillée par la question de la sexualité, et rendant en quelque sorte esclave le psychisme humain d’une énergie assimilée à tort exclusivement à la sexualité. En se différenciant de Sigmund Freud sur ce point, Carl Gustav Jung a introduit dans son œuvre psychanalytique la dimension symbolique de l’énergie cosmique et de la spiritualité, dépassant ainsi la problématique limitée de la sexualité freudienne. Mais cette énergie dite « cosmique » elle-même a pu être ressentie et interprétée de manière sexuelle par Wilhelm Reich avec sa théorie de l’énergie d’orgone, tandis que les diverses religions dogmatiques prônent de manière générale la négation de l’énergie sexuelle et de la sexualité, ou son contrôle volontaire et conscient, en instaurant par exemple la chasteté comme mode de vie pour les prêtres, ou encore en culpabilisant jusqu’à très récemment les pensées liées à l’imaginaire sexuel ou les pratiques onaniques.
Le contrôle et la répression, qu’ils soient personnels ou collectifs, mènent au conflit. Les moines réprimant leur propre sexualité sont dans le conflit car ils sont divisés intérieurement alors qu’ils font vœu de chasteté : une partie d’eux-mêmes entend contrôler une autre partie d’eux-mêmes, et qui a, à la base, des fondements biologiques tout à fait naturels. Le conflit est ainsi inévitable entre le contrôleur et le contrôlé, qui sont en fait identiques et unitaires. Mais cette question de la sexualité et de sa problématique apparemment très récurrente dans la société, et liée également à la question du désir, dépasse le problème plus particulier de l’homosexualité. Aussi, une question peut-elle être : en quoi l’homosexualité est-elle devenue un problème, de société ? La réponse est en fait très simple : l’homosexualité est un problème en ce qu’elle bouscule des conceptions établies de la sexualité dans la société et qui reposent sur des fondements biologiques naturels liés à la reproduction et donc à la survie de l’espèce. Et cela est également lié à la sexualisation des comportements humains dans la société : que ce soit dans les médias, la publicité ou autres, la sexualité a pris une place éminemment importante, et donc tout ce qui tourne autour de la sexualité est devenu soit un problème, soit un sujet d’intérêt public. D’autre part, certains clament que des comportements « homosexuels » existent dans la nature, chez les animaux, mais il apparaît très vraisemblablement que de tels comportements ne sont pas comparables avec l’homosexualité, qui est aujourd’hui devenue un phénomène culturel et donc spécifiquement humain.
Aussi, il apparaît finalement que le regard porté sur l’homosexualité, conditionné par les préjugés, les idéologies, les religions personnelles des individus, est profondément affecté par tout ce bagage culturel que nous créons et recréons dans une société en devenir, et en perpétuel conflit entre ce qui est et ce qui devrait être, ce qui a été, ce qui sera ou ce qui doit être. Ce conflit individuel particulier est également un conflit collectif, car il est en partie créateur de la société actuelle et de toute sa confusion et son désordre, avec ses normes, ses directions de pensée imposées, ses mouvements d’opinion publique, ses résistances, ses effets de mode, ses consciences particulières et moralisantes, sa bienséance et sa respectabilité morale et religieuse, etc. Aussi, le traitement de l’homosexualité par la société est limité par tout cela, et c’est avant tout aux personnes concernées par ce comportement sexuel déviant d’un point de vue biologique, de voir par eux-mêmes et de comprendre la signification de cela sans les nombreuses interférences extérieures, qu’elles soient culpabilisatrices, répressives ou même permissives par rapport à leur vie sexuelle.