La fessée : Arte nous propose d’être pour

par Raymond SAMUEL
samedi 17 décembre 2011

LE TITRE DE L'EMISSION DU MARDI 7 DECEMBRE ETAIT EN EFFET  : "POUR OU CONTRE LES CHÂTIMENTS CORPORELS - Au pays de la fessée interdite". Ce titre implique, d'abord une égalité entre les deux options, et présente ensuite l'interdiction de la fessée comme étant une étrangeté, par ailleurs adoptée par un seul pays, la Suède.

Ce titre n'aurait sans doute pas été possible si l'Etat Français avait interdit les châtiments corporels par une loi comme l'ont fait de nombreux pays (et non pas seulement la Suède).

Les études confirmant la nocivité des traitements violents sur les enfants sont assez nombreuses. Mettre ces études à la disposition des parents (et autres adultes impliqués dans l'éducation) semble bien être du ressort de la puissance publique, la loi venant naturellement en confirmation logique de l'information nécessaire.

Il va de soi, et cela a été évoqué par le présentateur de l'émission puis confirmé par un pédo-psychiatre et neurologue invité au débat, que la violence répétée intégrée pendant l'enfance (particulièrement pendant la petite enfance) a des incidences sur la personnalité de ces mêmes enfants devenus adultes, ce qui peut expliquer beaucoup de maladies et désordres psychiques, de petites et grandes dérives, de désordres privés ou publics, de crimes, agressions diverses ou guerres.

Hélas ! l'information nécessaire relative à la violence éducative n'a pas été diffusée et la dernière proposition de loi visant à aligner la France sur les autres pays interdisant la violence sur enfants ( initiée par la pedo-psychiatre Edwige ANTIER en 2009) n'a recueilli que 26 vote positifs de la part des députés !

Le public semble, comme les députés, contre l'interdiction des fessées et autres violences, celles-ci étant encore considérées comme nécesaires par un grand nombre d'adultes.

Comment est-ce possible ?

La contrainte physique du plus fort sur le plus faible est pourtant condamnée unanimement. C'est particulièrement le cas de la violence exercée par un homme sur une femme. Dans ce domaine l'Etat s'engage régulièrement et avec détermination. Et pourtant, le public et l'Etat qui défendent les femmes plus faibles physiquement que les hommes refusent de s'engager pour défendre les enfants dans ce même cadre familial. L'Etat et le public ne signalent jamais que les enfants sont beaucoup plus exposés que les femmes qui, elles disposent de leur liberté d'action et de mouvement et par ailleurs peuvent aussi faire partie des plus forts, disposant en général du pouvoir domestique. Elles sont ainsi en mesure d'exercer des violences conjugales non physiques et des violences parentales physiques et psychologiques. Les enfants n'ont aucune possibilité de se défendre et de surcrroît peuvent être éventuellement maltraités par deux personnes au lieu d'une, leurs deux parents.

Ainsi le plus faible d'entre tous est le moins bien protégé, et souvent pas protégé du tout.

Quant à l'émission, abstraction faite de son titre, elle était de qualité et particulièrement honnête. Ce n'était pas le cas de celles produites il y a quelques années. La première émission de la cinq relative à une nouvelle série ayant pour thème la famille était très représentative de la dépendance des chaînes envers les idéologies dominantes. Le sujet traité annoncé pour cette première émission était les enfants rois. Or tous les enfants présentés sous cette étiquette étaient des enfants en grande souffrance victimes de maltraitance dans un milieu inadapté. Les chaînes invitaient systématiquement des "spécialistes" de l'enfance connus pour recommander la "fermeté" dans l'éducation, la mise en collectivité précoce, l'adaptation des enfants au milieu des adultes etc...

L'un des deux pédo-psychiatres invités par ARTE mardi soir était encore assez ...traditionnel, ignorant la prévention. Par contre, le deuxième , étant également neuroloque, connaissait parfaitement le problème, notamment sous l'aspect de son impact sur la société des adultes.

Les reportages réalisés en Suède comme en France n'étaient pas tendancieux, présentant notamment les dérives potentielles comme les résultats positifs. Le plus intéressant peut-être étant la constatation que ces parents Suèdois intervewvés déclarent qu'ils ne sont jamais tentés par le réflexe de lever la main sur leurs enfants. Cette pensée de frapper ne leur vient pas parce que la fessée (et autres sévices) est totalement bannie de leur vie et de leur milieu, et ceci depuis plus de trente ans.

En France, par contre, la fessée a droit de cité, elle a été intégrée dès le plus jeune âge et ressurgit dès que les nerfs menacent de craquer.

Voila qui permet de mesurer la responsabilité de l'Etat dans son refus de condamner les châtiments corporels, première étape (avec l'information scientifique nécessaire) de la prise de conscience et du parcours devant amener à l'oubli de la fessée.

Il reste que le problème de la protection des enfants reste entier. La "bonne" fessée est encore totalement distinguée de la maltraitance. C'est pourtant une maltraitance, de la part de parents que les enfants savent être leurs seuls défenseurs naturels. Eradiquer la fessée des esprits et en même temps acquérir une connaissance plus importante de ce qu'est la nature des enfants, voila qui aiderait à amener plus d'enfants en bonne santé psychique (et physique) à l'âge adulte,

Raymond SAMUEL


Lire l'article complet, et les commentaires