La formation est-elle de la communication ?

par Didier Cozin
lundi 27 mai 2013

Ce qui frappe très souvent les professionnels de la formation en France c’est le décalage entre l’image que véhicule cette même formation professionnelle des adultes (devenue depuis 2004 formation tout au long de la vie) et les pratiques quotidiennes des français en matière formation (qu’elle soit initiale à l’école ou professionnelle une fois adulte).

La formation professionnelle continue semble être un sujet parfaitement consensuel en France. Tout le monde se déclare pour la formation et la considérer positivement :

Bref, les français dans leur ensemble ont une vision positive et favorable de la formation. Le problème est que depuis 40 ans les faits semblent démontrer le contraire.

Au niveau européen notre pays est mal classé pour les départs en formation (indicateur européen plus pertinent que le montant des sommes dépensées en formation).

Selon cet indicateur moins de 5 % des travailleurs étaient partis en 2010 en formation dans le mois précédent l’enquête. Nous étions 7 % environ en l’an 2000 à partir tous les mois en formation et les objectifs européens de 15 % de départ en formation tous les mois en 2020 semblent inatteignables pour la France.

D’autres indicateurs prouvent à l’envie que notre pays forme mal, forme peu et rarement ses travailleurs.

Nous savons que 50 % des dépenses servent à la formation de 6 % des salariés, que les non salariés (auto-entrepreneurs, libéraux, indépendants, artisans…) se forment encore moins, que le mythe de la grande entreprise formatrice face aux PME sans formation ne tient pas (on peut travailler dans un groupe de 100 000 personnes et bénéficier de très peu de formation, dans la grande distribution par exemple).

Au niveau de la pratique des langues étrangères nous sommes parmi les derniers de l’Union européenne (26 sur 27 pour la pratique de l’anglais), nous employons près de 2 millions de travailleurs illettrés, nous faisons travailler des millions d’autres travailleurs non diplômés, non qualifiés, à la merci de toute rupture professionnelle, de licenciements, de changements de métier.

Si l’on se penche sur la dernière étude publiée par l’IFOP en avril 2013, « les français et la formation professionnelle » on apprend entre autre que :

Les français sont donc sévères envers la formation. En gros ils pensent que la formation professionnelle c’est de l’argent public mal utilisé (alors qu’en fait la majeure partie des fonds vient du secteur privé), ils croient que les entreprises bénéficient de subventions pour former leurs salariés (ce qui est exceptionnellement le cas mais peut arriver avec subventions européennes via le FSE).

Ils pensent que la formation n’est pas adaptée au marché du travail (en gros on formerait des secrétaires alors qu’il faut des plombiers et des boulangers) et enfin que la formation est une sorte de voiture balai pour récupérer les exclus du système (jeune sans qualification ou chômeurs) mais sans doute pas pour eux-mêmes.

Ces critiques nous semblent non seulement injustes mais aussi très superficielles. Elles prouvent que :

Bref et même si la formation ne peut sans doute être exemptée de critiques, les français trop matérialistes (des sous, des voitures et des logements) n’ont guère intégré que les paradigmes de la société industrielle et des 30 glorieuses sont dépassés, derrière nous et que désormais pour travailler, gagner sa vie, bénéficier d’une ascension professionnelle il faudra :

Pour conclure et alors que les pouvoirs publics tentent une nouvelle fois de lancer leur réforme de la formation et une Loi pour la fin de l’année (la troisième en 10 ans !) et alors que Michel Crozier vient de décéder (lui qui avait écrit en 1979 « on ne change pas une société par décret ») il faut peut être que les français prennent désormais en main leur avenir social et professionnel, qu’ils cessent de déléguer aux autres les responsabilités qui leur incombent, à savoir

Les français sont désormais à la croisée du chemin, ils ne pourront pas emprunter plus pour donner le change ou ne pas évoluer. Le consensus doit passer par notre refondation professionnelle et sociale. Le travail n’est ni une malédiction ni un cadeau, c’est une nécessité et chacun doit désormais se former tout au long de sa vie quelqu’en soit le prix.


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