La France : terre promise des start-ups ?

par inspirateur
samedi 6 juillet 2019

Démarrer une entreprise n’importe où exige de la détermination et de savoir concrétiser une idée pour la vendre. Longtemps on a critiqué la France dans sa capacité à aider les entrepreneurs. Mais qu'en est-il aujourd'hui ? Le pays attire-t-il les investisseurs ? Peut-on parler d'innovation florissante en France ?

Il est indéniable que la France est une terre de succès et d'expérience. Il ne faut pas oublier que c'est une des nations les plus anciennes sur l'échiquier mondial.

La France existe depuis le cinquième siècle. Le point de départ étant le couronnement de Clovis I, roi des Francs, en l'an 496. Il y a 1522 ans ! Rien que ça.

À titre de comparaison :

Selon le cabinet A.T Kearney, la France se classe 5ème des pays où il ferait bon d'investir en 2019, derrière les États-Unis, l'Allemagne, le Canada et le Royaume-Uni. Elle fait un bond de deux places cette année, se classant ainsi au plus haut rang de son histoire.

La France et l'entrepreneuriat

Tous les indicateurs sont au vert et montre que la fusée technologique française est prête à décoller. Les financements en phase de démarrage ont récemment atteint des niveaux records.

Le mois de juin 2019 a été exceptionnel pour l'écosystème des start-ups françaises. Les jeunes pousses de l'Hexagone ont levé 724 millions d'euros à travers 74 opérations en juin 2019, contre 383 millions au mois de mai et 423 millions à la même période l'année dernière. Le secteur des biotech attire le plus d'investissements, avec 81 millions d'euros, suivi par l'e-RH (79 millions d'euros), puis le retail (62 millions).

Il existe un réservoir important de talents, que les plus grandes sociétés mondiales s'arrachent, motivés et hautement qualifiés. Et tout porte à croire que les institutions sont en train de se transformer petit à petit en accélérateurs de croissance pour les entreprises, quelle que soit leur phase de développement.

L'entrepreneuriat est également facilité par de nombreuses mesures législatives qui touchent directement les petites entreprises comme le passage de l'impôt sur les sociétés à 25% d'ici à 2022 et la diminution des démarches administratives pour créer son entreprise, à l'aide d'un seul formulaire au lieu de plus de sept auparavant.

Il devient en outre plus facile d'embaucher et de licencier en France, ce qui rend les coûts de main-d'oeuvre plus prévisibles ; et la recherche est encouragée grâce à des crédits d'impôt mis en place. Le France n'est pas encore le pays des « licornes », ces sociétés dépassant le milliard d'euro de valorisation, mais elle s'en rapproche d'année en année, grâce notamment à ces quatre sociétés qui ont récemment décollé :

  1. BlaBlaCar : 1,6 milliard de valorisation
  2. OVH : 1,1 milliard
  3. Deezer : > 1 milliard
  4. Doctolib : 1 milliard

Les nouvelles technologies, l'affaire du gouvernement

Outre les idées souvent intéressantes sur le rôle du gouvernement dans l'innovation, il semble que le gouvernement français ait réellement pris la mesure de l'importance d'un cadre règlementaire des nouvelles technologies.

L'enjeu dépasse largement le simple business. De nombreux exemples et scandales récents (Facebook notamment) ont montrés les ravages que peuvent causés des données personnelles massives mal gérées. De même, l'intelligence artificielle (IA) peut aller jusqu'à mettre en péril la démocratie. Monsieur Macron estime lui-même que le gouvernement devrait « garantir qu'il n'y ait pas de parti pris en termes de sexe, d'âge ou d'autres caractéristiques individuelles » au sein des algorithmes. Une idée bien utopique et si étrangère aux pratiques qui ont cours outre Atlantique, où se situent justement les centres de recherche de ces fameuses GAFA, qui ont un énorme temps d'avance sur les autres et surtout sur les pouvoirs législatifs.

Cette idée a conduit il y a quelques temps maintenant le gouvernement Macron à créer un plan pour devenir une force en terme d'IA, grâce à un investissement de 1,8 milliard d'euros pour créer un écosystème français de l'intelligence artificelle.

Ce plan Macron est une première étape dans la promotion d'une culture de l'innovation en France. Néanmoins, il existe encore trop peu de synergies entre les entreprises, les pôles de recherche et développement et les institutions universitaires pour réellement parler de révolution technologique.

Le multiculturalisme français

Comprendre le multiculturalisme français est essentiel pour comprendre la relation de la nation à l'entrepreneuriat.

La France est le pays de la liberté et des différences. Être français découle d'un engagement volontaire en faveur d'idéaux politiques communs, mais aussi d'un destin commun - grâce à la Révolution française notamment. Cela transcende les différences ethniques et religieuses. Cela signifie également que le fait de se démarquer n'est pas au coeur de l'identité française. C'est la raison qui explique en partie la réticence d'une partie conservatrice de la France à l'égard de l'entrepreneuriat et, en particulier, envers les excentriques, et ces très riches qui suscitent plus de suspicions que d'admiration.

Mais être français signifie également l'acceptation de nombreuses idées comme universelles, jusque dans le monde de l'entreprise. Ce qui est plutôt rare à l'étranger et surtout quand l'argent prime avant les valeurs. Un français est plus difficile à acheter avec de l'argent, car il a des valeurs universelles fortes qu'il ne laisserait tomber pour rien au monde.

C'est une des raisons qui donnent envie de voir les start-ups françaises se développer dans le monde entier.

Tout n'est évidemment pas rose

Malgré tous ces bons indicateurs en France concernant l'innovation, l'investissement et l'entrepreneuriat en général, il est évident que le travail est loin d'être terminé.

Les investissements qui arrivent en France restent minuscules comparés à ceux qui circulent dans des pays comme les États-Unis ou l'Angleterre.

La France a de grands ingénieurs et est à la pointe dans de nombreux secteurs technologiques et de recherche, mais il ne faut pas nier que l'ambition des têtes bien faîtes n'a pas de frontière, et problème qui n'a rien de nouveau, faute de salaires et de niveaux de vie adéquats, ils continueront à fuir vers de plus beaux cieux.

Il est vrai que de plus en plus d'entreprises à fort potentiel sont en train de voir le jour, mais le défi reste majeur concernant le déploiement à grande échelle. Les financements qui dépassent plusieurs dizaines de millions d'euros poussent encore ces start-ups à quitter la France, faute de possibilités nationales.

D'un autre côté, les investissements à hauteur d'1,8 milliards d'euros paraîssent alléchants concernant le développement d e l'intelligence artificielle en France, mais constitue une goutte d'eau par rapport au 150 milliards de dollars d'ici 2030 prévus par Beijing ou les niveaux déjà investis aux États-Unis. La R&D ne représente à ce jour que 2,4% du PIB en France.

Y a t-il un état d'esprit français face à l'entrepreneuriat ?

Un fondateur français a généralement une mentalité forgée par des années d'expérience dans le monde de l'entreprise. Habitué aux processus, aux projets gérés quel que soit le coût, il imagine pouvoir construire une startup de la même manière que l’on peut piloter un projet dans une grande entreprise. Malheureusement, ou heureusement, ce n’est pas la même chose. En fait, c’est même tout le contraire.

Généralement, un fondateur aura un ego assez fort grâce à ce qu'il a réalisé dans le monde de l'entreprise et gardera son projet secret le plus longtemps possible. Il essaiera de tout anticiper, ce qui, à l'évidence, est contraire à l'innovation. La certitude que cela va marcher ne peut pas être de l'innovation.

Le jeune entrepreneur français est généralement courageux et mettra beaucoup plus de temps à mettre en place, à construire un produit et à le confier au premier client. Un fondateur américain vendra dès le premier jour avec un simple Powerpoint comme outil de vente unique, et façonnera dès le départ un état d'esprit de gagnant.

Son homologue français attendra d'avoir le produit final avant de le présenter aux clients. Cela peut sembler caricatural ou cliché, mais ce n’est pas si loin de la réalité.

La mentalité générale en France est beaucoup plus modérément audacieuse et risquée. Les gens vont même essayer de vous arrêter si ce que vous essayez de faire est susceptible d’avoir un impact sur leur vie. La peur du changement est plutôt généralisée et les français sont prédisposés à lutter contre le changement au lieu d'essayer de trouver le moyen d'en tirer le meilleur parti.


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