La fraude sociale

par FRIDA
jeudi 8 décembre 2011

Le thème de la fraude sociale est soulevé par le FN. Il assume son rôle naturel, un rôle qui joue sur les peurs, plus que sur une opposition rationnelle. Si ces observations sont parfois justes et pertinentes, elles ont quand même pour finalité une opposition manichéenne entre le bon Français et l'étranger ataviquement profiteur et fraudeur. Par ailleurs, Zemmour le confirme en déclarant dans sa chronique que les pauvres parce qu'ils sont pauvres n'auront d'autre choix que de frauder. Mais que dire de sa fraude à lui que l'on paye pour dire ce genre de connerie, sottises. Qu'il le dise est en soi sans importance, même s'il relaie une idéologie qui fait de la lutte contre les pauvres son fonds de commerce, ce n'est pas nouveaux. Il est payé pour dire des sottises. Être pauvre ou étranger tout en ayant un sens de l'honneur et du respect de la loi n'est pas concevable pour eux. S'opposer et résister à un système injuste par les moyens du bord est synonyme de fraude et d'escroquerie. L'intention et la motivation, l'élément moral de l'infraction devient sans importance ou évacué tout simplement dans leur communication.

Le FN associe protection sociale et immigration. Il propose de la réserver aux nationaux. Il estime que l'immigration est encouragée par une protection sociale par trop généreuse. Il semble ne pas faire attention à une contradiction dans son raisonnement. En effet, selon le rapport de la Cour des comptes et celui de Tracfin la fraude la plus importante est à imputer au travail au noir, et la non la non déclaration de salariés (qu'ils soient Français ou immigrés clandestins). Donc, l'immigration légale n'est pas à proprement parlé directement responsable du manque à gagner (fiscal ou social) dans les caisses de l'Etat. L'immigration clandestine qui fournit le marché de travail non déclaré est avant tout l'oeuvre de filières criminelles bien organisées. Le travail au noir qu'il soit le fait de nationaux ou de ressortissants étrangers n'est pas le plus ruineux pour l'Etat si l'on compare à ce que l'Etat éponge solennellement comme dettes d'établissements financiers, le dernier exemple en date les dettes toxiques de Dexia.

L'UMP s'empare du thème. Elle n'ose pas encore franchir le pas, elle est encore en train de procéder à des contorsions intellectuelles pour atteindre une franche de l'électorat FN. Parler de la même chose mais ne pas la désigner par le même vocable. Les beaux esprits se rencontrent.

MLP a lancé le thème de sa compagne et Sarkosy lui emboîte le pas. Elle parle d'immigration irrégulière, faux papiers etc. Le site du Figaro, une autre forme des ces think tank qui propagent les slogans et les prêt-à-penser, le site du Figaro a publié un article, en date du 11/11/2011, pondu par deux journaleux : Jean-Marc Leclerc, et Christophe Cornevin. Le comble de l'ironie, il faut payer pour accéder à un tel torchon.

Ils reprennent pour argent comptant ce que Tian, un homme de conviction, il faut le préciser si besoin est. Tian extrapole de manière honteuse et sans complexe, et voici comment il a inventé son chiffre de 20 milliards d'euros : « Mais la mission, au terme d’une enquête de onze mois, de vingt-huit auditions (3) et six déplacements en France et à l’étranger, est convaincue que la fraude sociale représente des montants financiers bien plus importants que ce que les premières évaluations réalisées laissent supposer. (I). En effet, le Conseil des prélèvements obligatoires et l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale font état d’une fraude comprise entre 8 milliards d’euros et 15,8 milliards d’euros pour les prélèvements, et la Cour des comptes estime que la fraude aux prestations est comprise entre 2 milliards d’euros et 3 milliards d’euros. Le Rapporteur considère donc que la fraude sociale représente près de 20 milliards d’euros. »

 


Nous n'avons aucune information sur les méthodes de calcul, des organismes qui les ont faits, c'est moins important que d'avancer le chiffre 20 milliards d'€. Un député et des médias, la main dans la main dans une opération de désinformation.

Le plus important pour les journalistes est l'objectif grand angle, un cadrage large du thème de la compagne. Par exemple ils écrivent « titres de séjour bidons ...... fragilise la compétitivité des entreprises françaises et creusent chaque .... les finances publiques », un raisonnement simple, efficace où ils nous évite d'avoir mal à la tête. S'il y a déficit c'est qu'il y a fraude, tout autre chose est superflue et sans importance. Ne chercher plus l'origine ou la cause des déficits en dehors du peuple, des gens ordinaires, des crève-la-faim. Vouloir réduire le déficit c'est vouloir lutter contre la fraude.

La corrélation entre la lutte des déficits et la lutte contre la fraude est bien trouvée. Et comment nos journaleux ont pu argumenter leur article ? Ils se fient à une association, c'est bien là du journalisme d'investigation. Leurs investigations se limitent à des prises de rendez-vous avec des responsables de think tank (ayant des dénominations pompeuses telles que association , département, institut ou encore fondation). L'association qui fut la source des deux journaleux est Réso-club. Aucune indication sur son objet et l'origine des son financement. Au contraire, cette association ne se gêne pas de se targuer d'avoir « éplucher un million de documents .... » et d'arriver à la conclusion que 3,61% de documents faux dans le millions vérifié .... vous voyez le sérieux de leurs chiffres, ils annoncent même deux chiffres après la virgule.

Ma première interrogation : le secteur bancaire n'est-il plus ce qu'il aurait dû être pour le secret professionnel ? De quelle qualité l'association a pu obtenir des documents confidentiels pour faire son étude ?Quel est le statut de cette officine ?

Diagramme de Réso-Club

La deuxième interrogation : le 3,61% de un million nous donne 36 100 documents. En tous les cas, l'association a dû produire un travail de fourmis pour passer à la loupe les documents en question, que les banques ou autres établissement ont mis gracieusement à sa disposition.

Ils confondent allégrement la fraude sociale (organismes de la solidarité sociale) et la fraude et l'escroquerie aux établissements financiers et privés. Finalement, lutte-t-ils contre la fraude au système de solidarité sociale ou contre la fraude aux établissements financiers.

Le Figaro s'appuient sur des arguments d'autorité. Il rapporte l'opinion d'un criminologue, Christophe Naudin, chercheur enseignant à l'université Paris II Panthéon Assas. Notre criminologue auto-déclaré déclare son chiffre qui lui est propre tout en confondant organismes financiers et organismes de la solidarité sociale. D'où tire-t-il son chiffre ? Question déplacée, si le Figaro nous précise qu'il travaille au Département de recherches des Menaces Criminelles Contemporaines, il ne faut pas discuter son catéchisme. D'après wikipédia « Selon Pierre Rimbert, « ce centre est une simple association hébergée par l’université. »[7]. Son travail suit deux axes de recherches : la protection du transport aérien commercial, et la criminalité identitaire. » .

Les journalistes continuent en s'appuyant sur les dires de Reso Club, l'association qui se fonde elle-même sur le rapport parlementaire, en ligne sur le site de l'Assemblée nationale. La paresse intellectuelle est telle qu'il faut à nos deux journalistes une association pour leur faire une synthèse de son contenu. Cependant, là n'est pas le but de cet article, ce qui compte c'est d'apporter un jugement de valeurB bien que dénué de tout sens, l'association qualifie le rapport « d'explosif », « le montant du préjudice net est estimé à 20 milliards d'euros, soit 10% du budget de la sécurité sociale, dont 17 Milliard au seul détriment de l'Unedic ». Le but est la répétition du chiffre 20 milliards d'€, 10% budget de la sécurité sociale et le flou sur le 17 milliard d'€. Ce dernier chiffre est cité en faisant référence à l'Unedic, un terme qui est associé dans l'esprit des gens plus aux chômage et aux indemnités des Assedic, transformées en Pôle-Emploi et moins aux versements des cotisations patronales.

La désinformation se fait en procédant à des amalgames, des confusions et en jouant sur les approximations pour qu'au final l'article communique un message subliminal, par ailleurs plusieurs fois répété sur d'autres médias et ce pendant plusieurs jours. La fraude c'est le chômeur, l'immigré, le pauvre, le handicapé, le malade...

Faute d'avoir lutter pour préserver le secteur industriel en France, ou plus exactement, après avoir lutter pour désindustrialiser la France, l'UMP et ses médias sont en ordre de bataille pour désindustrialiser la fraude sociale.

Que dit ce rapport « explosif », paru par ailleurs en juin 2011 ? Dans son introduction, il se réfère à la MECSS (la Mission d'Evaluation et de Contrôle des lois de financement de la Sécurité Sociale). Elle déclare « l'ensemble des fraudes aux prestations et aux prélèvements détectés en 2010 a représenté 458 millions d'euros ».

La fraude sociale

On est bien loin des 20 Milliards ressassés pendants des jours dans tous les médias. Comment passent-on de 458 millions détectés à 20 milliards extrapolés ? Par conviction tout simplement. Il suffit de se convaincre, d'y croire. Nous sommes dans le domaine de l'irrationnel, où les gens se sentent floués et il faut leur trouver un coupable à leur niveau. Un coupable identifiable, auquel ils croient, convaincus de croiser tous les jours dans le métro, au boulot, sur le pallier de leur appartement, un voisin ...

Les marchés financiers et les agences de notation restent trop vagues. C'est loin, très loin, aux firmaments de la richesse et de l'opulence. Inaccessibles, bien installées dans leurs cieux, ils font la pluie et le beau temps de l'économie, leur courroux est redoutable. Les Etat les vénèrent et se plient à leurs commandements. Le Fillon a bien précisé, égal à lui même, qu'il ne faut pas « s'en prendre à ....  ».

Le fameux rapport avance, dans son introduction, le chiffre de 20 milliards d'euros, uniquement par la force de la magie de la croyance. C'est écrit en gras « le rapporteur considère donc,... 20 milliards d'euros. ».

Le rapporteur est arrivé à cette considération en mixant d'autres considérations et croyances, par exemple celle de la MECSS qui avance une estimation de la fraude entre 2 et 3 milliards. le Ministère du Travail estime la fraude en février 2009 au niveau national entre 5 et 8 milliards d'euro.

Par ailleurs, concernant la méthode d'évaluation, il est bien préciser dans ce rapport que ce sont des extrapolations du Conseil d'Analyse Stratégiques. Extrapolation, le mot est tabou dans les médias.

Quant au rapport des Minsitère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, Ministère du Budget, des comptes publiques et de la fonction publique, le rapport d'activité 2010 Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins ) fait l'analyse typologique du blanchiment d'argent. Cette analyse identifie trois aspects ou types du blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, page 10 du rapport.

1 - Il s'agit de la criminalité organisée qui s'empare du secteur entrepreneurial pour mettre en place des réseaux de blanchiment d'argent issu de la fraude sociale

2 – la spéculation financière a également crée les conditions favorables à l'émergence du retour d'escroqueries aux placements financiers

3 – l'utilisation du réseau internet comme support dans la résurgence de certaines fraudes

Le rapport Tracfin parle bien d'une fraude sociale liée à la criminalité organisée, « ...économie souterraine ...l'industrialisation de certaines formes de fraudes sociales. »

La fraude liée à la criminalité organisée est moins mise en avant, ainsi que celle des entreprises. Cette fraude demande des moyens en matériels sophistiqués et en personnel compétent plus d'attention que la fraude des gueux à l'échelle artisanale et individuelle. Il faut bien les distinguer. La nuisance et le préjudice viennent de la première tandis que le quidam qui fraude a plus de chance de se faire attraper un jour où l'autre, et sa fraude ne se chiffrera jamais à des millions d'euros et encore moins à des milliards.

 Pour conclure, comment se fait-il qu'il n'y a pas de d'écho du scandale Dexia, il n'est abordé ni par MLP ni par l'UMP, pourtant les finances publiques vont contribuer à solder la gabgie bancaire à hauteur de 100 milliards d'euros ?

 

Quelques liens :

http://www.dailymotion.com/video/xme11k_le-budget-2012-vote_news 

http://www.dailymotion.com/video/xmdg5a_marc-dolez-martine-billard-sarkozy-et-la-fraude-sociale_news

http://www.leplacide.com/commander/professionnel.php?dessin=7717


Lire l'article complet, et les commentaires