La Guerre du Nord n’aura pas lieu

par Henry Moreigne
jeudi 29 mars 2007

Scènes de bataille rangée à la gare du Nord mardi 27 mars. Plusieurs centaines de personnes, essentiellement des jeunes mais aussi des casseurs ont défié et affronté les forces de l’ordre, au milieu des passagers, du milieu de l’après-midi jusqu’à tard dans la nuit, au cœur et dans les sous-sols de la gare. A l’origine, une simple interpellation, jugée musclée, d’un voyageur sans billet suspecté d’avoir agressé des contrôleurs.

La France a renoué avec ses vieux démons. Les reportages diffusés sur les TV hier n’avaient pas grand-chose à renier des images des émeutes des banlieues françaises qui ont fait le tour du monde, il n’y a pas si longtemps fin 2005. Mêmes causes, mêmes effets, il aura suffit là encore d’une simple étincelle pour déclencher l’embrasement.

Vers 16 h 15 un voyageur sans billet contrôlé par deux agents de la RATP se rebelle, et blesse deux contrôleurs dont l’un d’eux d’un coup de tête. Une patrouille de gendarmes présente dans la gare dans le cadre du plan Vigipirate est appelée à la rescousse et procède à l’interpellation de l’individu qui est conduit dans un local proche. La version de nombreux témoins diverge un peu. L’interpellation est qualifiée par eux comme musclée, un peu trop. Le voyageur est noir. Très vite l’amalgame se fait, la rumeur se propage. Le casus belli est établi. La guerre du Nord peut commencer. Trop belle occasion de casser du flic, de tout saccager et surtout d’exprimer sa colère voire sa haine à l’encontre de la société et de la Police. C’est aussi ça l’héritage “culturel” de l’ancien Ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy : avoir réussi à creuser un fossé aux allures infranchissables entre une partie de la population et sa police.

Au final sept personnes sont interpellées. La montée de fièvre se termine bien. La Préfecture de police de Paris minimise les faits en évoquant une situation un peu tendue. Pourtant pas besoin d’être sociologue pour deviner que le moindre dérapage, le moindre accident aurait pu réveiller la colère sourde qui gronde chez ces jeunes des quartiers. Après les incidents passés des Champs Elysées, ils viennent de démontrer que le cœur de la capitale ne sera pas épargné en cas de conflit.

Autant dire que l’élection de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République risque de cristalliser les tensions. La faute à l’intéressé qui, pour des raisons de stratégie personnelle, s’est refusé à quitter suffisamment tôt les habits de Premier “flic” de France. Pas de quoi pavaner pourtant pour la gauche dont l’angélisme passé se paye cash aujourd’hui. Fine renarde, Ségolène a su opportunément user en la matière de son droit d’inventaire.


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