La laïcité : un principe de droit politique
par CHALOT
samedi 20 décembre 2014
La laïcité ce n’est ni l’anti religion, ni une conception à géométrie variable.
La laïcité ce sont des principes.
Voici une définition claire, celle défendue par le philosophe Pena Ruiz :
« La laïcité est un principe de droit politique. Elle met en jeu un idéal universaliste d’organisation de la cité et le dispositif juridique qui en rend possible la réalisation concrète. Ce dispositif est celui de la séparation, qui émancipe l’ensemble des institutions publiques, et tout d’abord l’État, des Églises, tout en libérant celles-ci de toute ingérence politique. Le mot qui désigne le principe, laïcité, fait référence à l’unité du peuple, en grec le laos, telle qu’elle se comprend dès lors qu’elle se fonde sur trois exigences indissociables : la liberté de conscience, irréductible à la seule « liberté religieuse », qui n’en est qu’une version particulière, l’égalité de traitement de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions ou leurs options spirituelles, et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’Etat. Pour donner à ces trois valeurs une garantie institutionnelle forte, la laïcité affranchit la sphère publique de toute emprise exercée au nom d’une religion ou d’une idéologie particulière. Elle la préserve ainsi de tout morcellement pluriconfessionnel ou communautariste, afin que tous les hommes puissent s’y retrouver. »
Un laïque qui défend ces principes qui sont d’ailleurs des fondements de la République s’est opposé au port de signes religieux ostensibles à l’école publique et s’oppose non aux crèches mais à leur installation dans des bâtiments publics : écoles, mairies, conseils généraux.
Même si cela dérange certains et surtout ceux qui refusent le débat contradictoire argumenté, des catholiques, des protestants, des juifs et des musulmans peuvent être aussi laïques que des athées ou des agnostiques.
D’ailleurs, la loi de séparation des églises et de l’Etat n’a été adoptée que parce que les républicains de toutes confessions ou sans confession y était favorables.
Si l’Eglise catholique, c’est-à-dire sa hiérarchie ne voulait pas de cette loi, des catholiques la demandaient car ils reprenaient à leur nom la phrase de Victor Hugo : « L’Eglise chez elle, l’Etat chez lui ».
Beaucoup oublient que le petit père Combes n’a pas été un des pères de cette loi de séparation mais l’un de ses opposants : il préférait en rester à un concordat renforcé pour contrôler l’église.
Un laïque est opposé aux prières dans la rue et aux financements de tout édifice religieux par des fonds publics.
Dans le cadre des discussions qui ont lieu sur Agoravox, certains , peu lecteurs des arguments, pointaient certaines contradictions apparentes chez moi :
Je suis contre les crèches de Noël dans les bâtiments publics et travaillent en partenariat avec le Secours catholique.
Eh bien Non, il n’y a pas de contradiction chez moi.
Quand on mène une action de solidarité concrète sur un territoire, on œuvre avec toutes les forces inscrites dans le mouvement de solidarité.
Le secours catholique ne fait pas de prosélytisme religieux dans le cadre de ces actions partenariales et d’ailleurs sur Melun, il ne le fait pas dans le cadre de ces actions propres.
Des sections du secours catholique travaillent avec des organisations laïques et n’ont pas de contact avec les AFC (Associations familiales catholiques) !?
Est-ce une contradiction chez eux ? Non, je ne le pense pas.
C’est surtout l’expression de divergences entre une association caritative et une familiale particulièrement réactionnaire.
Ai-je convaincu ?
Je l’ignore mais au moins j’ai effectué une mise au point personnelle.
La laïcité ce n’est ni l’anti religion, l’anti-foi ni les accommodements raisonnables, c’est un ensemble de principes permettant de vivre ensemble sous des lois communes faites par des hommes et des femmes.
Jean-François Chalot