La misère est à notre porte !

par CHALOT
jeudi 30 juin 2011

Des enfants naissent pauvres...Ils sont plus de deux millions dans ce beau pays qu'est la France, dans ce pays des droits de l'Homme qui fut l'une des premières nations à ratifier la Convention Internationale des Droits de l'Homme.

Des familles survivent dans la précarité et la pauvreté depuis longtemps, elles rognent sur tout et à bout de course elles demandent une aide aux CCAS puis aux permanences assurées par des bénévoles.

Il y a encore un an, nous recevions sur l'agglomération melunaise des surendettés actifs qui étaient tombés dans la toile infernale montée par les crédits renouvelables...

Certains peuvent se gausser et oser « se moquer » de cette attitude suicidaire qui conduit des familles à se précipiter dans le puits sans fond...C'est à la fois facile et irresponsable de juger l'autre.

Quand vous n'avez plus rien, que les dettes s'accumulent, vous cherchez désespérément la première bouée de sauvetage....C'est après que vous comprenez qu'elle est bourrée d'explosifs !

Aujourd'hui nous recevons de plus en plus de personnes en surendettement passif ;

Leurs charges incompressibles sont plus élevés que leurs revenus et ils accumulent des retards de loyers et des factures non acquittés....

Cela n'arrive pas qu'aux autres....

On peut commencer sa vie dans la dentelle et se retrouver bien vite dans la mouise...Il suffit d'un accident de la vie, d'une séparation, de la perte brutale d'un travail.

Jean-Paul Allou explique bien son itinéraire dans un livre émouvant et vrai qui peut ouvrir les yeux à celles et à ceux qui ignorent ou ne veulent pas voir les SDF qu'ils croisent.
 

« Tous les banquiers ne finissent

pas en prison...moi, c'était

dans la rue !

Livre de Jean-Paul Allou

Éditions Miche, Lafon

235 pages

avril 2011

17,95 €

Tout le monde peut devenir SDF !

Jean-Paul Allou possédait tous les atouts pour réussir : un métier très bien rémunéré, une femme aimante et aimée, des enfants bien portants, des amis et des relations...Tout était parfait dans le meilleur des mondes, du moins dans celui qu'il fréquentait alors.

Riche, il a tenu la louche, du bon côté pour servir la soupe aux malheureux...Il quitte son costume mais pas ses idées préconçues...Ces gens là pourraient se prendre en charge, « des petits boulots, ça se trouve, quand on veut »....

C'est une réflexion souvent entendue....Les écrivains anonymes des nombreux forums n'hésitent pas quand le sujet d'un article parle de pauvreté, d'émettre des jugements de valeur sur autrui.

L'auteur qui livre ici sa propre histoire, ne masque rien.

Il raconte son cheminement de pensée et la découverte par la vie de la réalité sociale.

Cela n'arrive pas qu'aux autres !

Banquier et maître de conférence ; il subit un accident de la vie : le décès de sa femme.

Il fait tout pour sauver celle qu'il aime, de la maladie implacable qui l'emporte : il se ruine en achetant des produits faussement miraculeux, il délaisse ses affaires et ses comptes...

Avec beaucoup d'énergie, il redresse la barre avant que sa seconde femme ne le quitte et qu'il découvre le chômage....la justice et les huissiers qui le poursuivent

Les amis et la famille n'existent plus ou presque.

Comment trouver du travail quand on a 60 ans ?

Il n'y a plus que la rue...

Il découvre un nouveau monde … Son jugement est à la fois terrible et à la fois près de la réalité :

« La misère, c'est de la pauvreté avec du désespoir dedans. Ça rend fou, ça rend inhumain, et ça me rend injuste et odieux »

Mais qui est inhumain si ce n'est cette société où coexistent l'opulence et la misère totale.

Aujourd'hui Jean Paul a réussi mais, à quel prix, à retrouver un toit et un travail, ce qui ne l'empêche pas de se souvenir d'hier et de porter un autre regard sur la vie et sur l'autre ;
 

Jean-François Chalot


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