La mixité sociale urbaine est une utopie

par Gavroche
jeudi 26 août 2010

« Il est facile de s’asseoir ici, dans cette maison, et de dire : » Le racisme, c’est horrible, non ? « Mais posez-moi la même question si je devais vivre dans une maison voisine d’une famille jamaïquaine de six enfants qui écoute du reggae et du rock and roll toute la journée ! Posez-moi la même question si un expert immobilier venait m’apprendre que la valeur de ma maison s’était effondrée depuis qu’une famille jamaïquaine avait emménagé à côté ! Demandez-moi la même chose à ce moment-là ! »
(George Steiner, philosophe)

 
La mixité sociale consiste à mélanger sur un territoire donné, des populations issues de diverses cultures, ethnies, de catégories socio-professionnelles différentes, de religions différentes, aux revenus financiers différents, d’âge différent, de niveau d’études différents.
 
La France, à l’échelle de son territoire est un pays de mixité sociale : il y a des vieux, des jeunes, des riches, des pauvres, des bobos, des jaunes, des blancs, des noirs, des chrétiens, des musulmans, des juifs, des animistes, des boddhistes, des écolos, des intellos...
 
Dans les zones urbaines il en va autrement.
A l’époque, le baron Haussmann avait fait de la mixité sociale de proximité sans le savoir. L’automobile, les transports en commun et l’ascenseur n’existaient pas encore et dans les immeubles "haussmannien" , les premiers étaient des étages nobles : hauteur des plafonds avec décors en stuc, parquets marquetés, balcons en pierre. Plus on montait dans les étages, moins les plafonds étaient hauts, moins ils étaient décorés et moins les balcons étaient imposants et somptueux. Il faut dire que l’ascenceur n’existait pas et que monter cinq étages dont le premier a plus de trois mètres cinquante de hauteur était une corvée quotidienne. Donc, les très riches habitaient les premiers, les un peu moins riches les seconds, les fonctionnaires les troisièmes, les commerçants les quatrièmes et les bonnes de tout le monde au dernier étage.
Puis l’automobile, les transports en commun et l’ascenseur furent inventés. Aujourd’hui, tous les étages se ressemblent : même hauteur, même moquette ou même parquet...Les petites différences de prix n’entraînent pas de différences de classes sociales. Il n’y a donc plus de mixité sociale dans un même immeuble. C’est vrai des immeubles de luxe comme des logements sociaux.
 
La loi SRU tente d’imposer 20% de logements sociaux dans toutes les communes de plus de 3 500 habitants faisant partie d’une agglomération de plus de 50 000 habitants. C’est une hérésie : toutes les villes n’ont pas besoin de logements sociaux et les habitants de nombreuses communes n’en veulent pas ou plus !
Les élus de certaines communes font tout leur possible, y compris payer "l’amende" en cas de non-respect de la loi respectant ainsi la volonté de la majorité de leurs électeurs. Ceux qui n’ont plus ce choix tentent de "trier" les populations ayant droit à ces logements sociaux. D’autres, au contraire, utilisent cette loi afin de "gagner" un certain électorat (qui, soit dit en passant, risque bien dans le futur d’élire un tout autre conseil municipal !).
 
Ce qui fait les écarts de prix de l’immobilier, outre la qualité des constructions, c’est le prix du marché. Et le prix du marché dépend de l’offre et de la demande.
 
Pour les villes, il est facile de deviner où sont les plus chères. Ce sont celles où tout le monde a envie de vivre : celles où, entre autres, il y a justement le moins de mixité sociale et où règne une certaine homogénéité dans la population. Une fois que le prix de l’immobilier est devenu élevé, une sélection de population s’opère.
 
Spontanément chacun de nous a envie de vivre avec ceux qui lui ressemblent, qui ont les mêmes préoccupations, les mêmes satisfactions, les mêmes modes de vie, les mêmes habitudes, la même culture.
Nous aimons vivre entre nous et ensemble, sauf à quelques rares exceptions, l’homme aime ce qui lui ressemble et faire partie d’une communauté qui lui ressemble. C’est humain.
 
Je ne vois pas pourquoi on devrait "forcer" les gens à vivre au milieu de gens qui ne leur ressemblent pas ou qu’ils n’ont pas spontanément envie de rencontrer. Il y a des villes, des quartiers ou ceux (n’ayant pas le choix) qui ne sont pas parmi la population majoritaire du quartier se sentent (au mieux) déphasés.
Qui a envie de vivre, d’élever des enfants dans ou à proximité des villes ou quartiers dits "sensibles".
 
Il faut arrêter de penser et de croire que c’est pour le bien de tous qu’en mélangeant dans les immeubles, quartiers, villes une proportion de tout : des vieux, des jeunes, des riches, des pauvres, des bobos, des jaunes, des blancs, des noirs, des chrétiens, des musulmans, des juifs, des...on conservera partout une proportionnalité "idéale" qui dans la réalité ne sera jamais atteinte et, qui plus est, non souhaitée, voire refusée par une grande majorité. 

Lire l'article complet, et les commentaires