La Mort Douce

par Dejiha
lundi 29 août 2011

Bonjour à toutes et à tous.

Je souhaite réagir à l'article "Euthanasie, le crime de l'Orient Express" de Anne-Sophie Benoit. Le titre accrocheur laisse deviner la position de l'auteur. Position a priori respectable.

Sauf que, à trop faire appel à un humour de bas étage, on se décrédibilise : l'humour facile met les rieurs dans sa poche, mais révèle l'incapacité à une discussion sereine et non partisane.

Effectivement, les actes du Docteur Nicolas Bonnemaison sont illégaux. Je délaisse votre adjectif "criminel", sachant que certains crimes ne tuent pas (viols...). Effectivement, le Docteur Nicolas Bonnemaison n'a peut-être pas pris le temps d'appliquer la loi Léonetti du 22 avril 2005 : loi légalisant le laisser mourir lorsqu'il n'y a aucun espoir et que le staff médical est d'accord. Peut-être ne la connaissait-il pas. Le tout est qu'il a donné une mort douce à 4 personnes âgées, en état terminal, dont aucune famille n'a encore porté plainte.

L'Euthanasie n'est pas un mot d'ordre, Anne-Sophie, encore moins un nouveau mot : employé depuis environ 1771, son étymologie est limpide. Dérivé du grec, ce mot désigne La Mort Douce.

Effectivement, cette pratique, légalement encadrée, effacerait les souffrances de l'agonie à celles/ceux qui le souhaiteraient. Effectivement, l'Euthanasie, légalement encadrée, permettrait à la personne de préparer ses proches à sa mort, leur faisant ainsi faire leur deuil du vivant de la personne : lire "La dernière leçon" de Noelle Chatelet.

Je milite pour la légalisation de l'Euthanasie et ne partage aucun secret avec celles et ceux qui pensent de la même manière. Comme beaucoup d'entre nous, j'ai assisté à des agonies, d'êtres chers ou non. Je n'ai pas été choquée, encore moins rongée de culpabilité. J'ai été capable de tenir la main à un agonisant, de le laver, le nettoyer, naturellement.

Et au contraire, nous les militants de la légalisation de l'euthanasie, n'avons pas peur de la mort, beaucoup moins que les autres, qui la fuient, l'occultent, la cachent dans des lits de misère. Nous, nous en parlons, la côtoyons, aidons certains dans la solitude de la dégénérescence inéluctable d'un corps. Nous ne sommes pas des héros (encore votre humour), mais quitte à supputer les propos de Vincent Humbert, regardez plutôt le film "Mar Adentro", histoire vraie.

Prosélyte ? Je ne me fatigue même pas à démonter votre argument... qui n'en est pas !

Que vous ne désiriez-pas une mort douce est votre choix, Anne-Sophie. Je le respecte. Que vous préfériez une agonie lente et douloureuse est votre choix, Anne-Sophie. Je le respecte.

Je souhaite simplement trouver, chez vous, la même considération pour mon choix à moi, pas encore agonisante, convaincue mais pas hystérique, après que vous aurez lu ma modeste participation.

Cordialement,

Dejiha.

Militante ADMD et administratrice à Ultime Liberté.


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