La parité et l’argent du beurre

par Georges Yang
jeudi 18 mars 2010

Le désir actuel de traitement égal entre hommes et femmes tant dans le milieu du travail que dans les rapports sociaux fait penser à l’attitude les Alsaciens et des Lorrains, encore très attachés au droit « Alsace-Moselle » mais très content de profiter de la législation et réglementation française rétablie en 1919 après le départ des occupants allemands. On se souviendra de la récente levée de bouclier déclenchée par la possibilité de donner des points de retraite aux hommes ayant eu des enfants au même titre que les mères de familles ayant travaillé, mais en les répartissant équitablement entre les deux parents. Les avantages acquis passant avant la parité en ce cas précis, la proposition a été très mal accueillie par les mères de familles.

La plupart des femmes qui revendiquent de nouveaux droits et plus d’égalité dans le traitement des rapports sociaux et dans le milieu du travail, veulent mordicus garder les avantages acquis en tant que femmes. Or, si l’on est farouchement pour une parité totale, on ne peut défendre décemment des droits spécifiques aux femmes sans les assortir d’une compensation masculine. En allant plus loin, galanterie, politesse et courtoisie n’ont plus raison d’être et il vaut mieux aider un petit gringalet à hisser sa valise dans un train qu’une grosse matrone de 90 kilos avec des muscles de catcheur, sous prétexte qu’il s’agit d’une femme. Et dans l’absolu, une petite femme fluette n’aurait plus aucune raison de ne pas décharger un camion de ciment dans une entreprise de BTP. La parité absolue, c’est aussi compter le nombre de femmes qui embarqueraient dans les canots de sauvetage d’un nouveau Titanic, plutôt que de les laisser monter avant les hommes.

En allant plus loin avec le CV anonyme, il faudrait modifier la langue française et la débarrasser de toute référence au féminin et au masculin, donc supprimer les accords de genre et harmoniser l’intitulé des professions pour qu’on ne puisse identifier le sexe des postulants à la lecture des documents. Et en prolongeant à l’extrême le raisonnement, on peut même imaginer des vêtements et des prénoms unisexes pour tout le monde et la suppression des toilettes séparées, la parité obligeant à pisser ensemble. Retour au costume Mao dans un pays où tout le monde devrait s’appeler Claude, Dominique ou Camille ! Voilà une proposition féministe qui devrait faire son chemin en poussant le raisonnement sur la parité à son paroxysme. Certaines pensent déjà que la mode, le maquillage, les parfums sont des marques d’asservissement de la femme et que celle-ci devrait se libérer de ces emprises qui font d’elle un objet sexuel assujetti au machisme et à la domination masculine. Le retour au slip en coton équitable et aux aisselles non rasées est-il une étape sur la voie d’une libération de la femme ? Quand Jane Fonda enlevait son soutien-gorge dans les années 60, elle exhibait tout de même de petits seins fort avenants et ne renonçait pas à sa différence physique avec les hommes
 
En 1871, l’Alsace et la Moselle sont annexées par l’Empire allemand après la défaite de la France et la chute du Second Empire. Le nouvel occupant germanise le nom des villes et des rues, impose l’allemand à l’école et développe une nouvelle législation. Jusqu’à 1919, les résidents des trois départements subissent la loi allemande. Retournés dans le giron de la République Française, les habitants reviennent au droit français, mais comme ils ont été occupés contre leur gré, ils ne se sentent pas responsables de cet état de fait et veulent garder dans le droit allemand tout ce qui leur est favorable par rapport au droit français. Ils ne reconnaissent donc pas la loi de 1905, sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, continuent à rémunérer les prêtres, rabbins et les pasteurs. Il existe encore de nos jours des lois et règlements uniquement applicables en Alsace et en Moselle concernant les associations (à la place de la loi de 1901), sur les droits de chasse, les successions et d’autres spécificités comme les bouilleurs de cru.
 
Pour la parité, il en est de même, le droit du travail protégeant les femmes contre les excès de fatigue, le travail de nuit, les activités pénibles ou permettant l’allaitement et les congés de maternité persiste. Ce n’est aucunement un scandale mais des droits qui vont de soi. Par contre, si l’on veut vraiment appliquer la parité, il faut alors trouver des compensations pour les travailleurs masculins. On en arriverait alors à une parité totale, de type robespierriste à la fois surréaliste, inapplicable et totalement paralysante de l’économie nationale.
A travail égal, salaire égal, cela sent l’évidence. Ne pas l’appliquer est donc une injustice criante. Mais on peut aussi dire à temps de travail égal salaire égal. Si l’on tient compte des congés de maternité, des absences pour s’occuper de l’enfant malade, de garde quand qu’il n’y a pas de transport, de grève de l’éducation nationale, de sortie scolaire, on en arrive à la conclusion que ce postulat ne peut s’appliquer qu’à des femmes ménopausées ayant de grands enfants ou à des femmes sans enfants. Et puis, comme on n’a pas le droit de demander un certificat de stérilité à l’embauche, ni de donner une prime annuelle de non reproduction, on peut concevoir que des chefs d’entreprise considèrent qu’ils peuvent moins rémunérer leurs employées pour des raisons de rendement et d’absentéisme. C’est à l’Etat, s’il veut une politique nataliste de compenser le manque à gagner des entreprises et non au patronat de prendre en charge ce surcout pour des raisons de rentabilité. Car recruter uniquement des femmes stériles serait considéré comme une discrimination vis-à-vis celles qui ne le sont pas.
Mais tout cela n’est que détail ou anecdote, et qu’on le veuille ou non, débouche tout de même sur la notion de proportion, de pourcentage, donc de quota. Cela dépasse la parité hommes/femmes, c’est la porte ouverte aux quotas d’Arabes, de Noirs et pourquoi pas de Juifs à l’université, dans l’entreprise et dans la fonction publique. Avec tous les casse-tête que cela sous-entend au détriment des qualités intrinsèques des individus. Cela débouche inéluctablement sur des calculs, des répartitions, des sélections drastiques et complexes. Il faudrait donc masculiniser les professions d’infirmière, de coiffeuse, de baby-sitter, de femme de ménage, de caissière de supermarché entre autres où il existe un excédent de femmes. Et en comptant les sous-catégories, il faudrait aussi créer des grilles de sélections pour atteindre les quotas. A un blanc, handicapé, il faudrait trouver une femme noire valide en compensation, à un arabe senior, un transsexuel antillais ! A un niveau plus terre à terre faut-il vraiment des femmes dans les sous-marins et les unités de paras-commandos ? Faut-il 50% de veilleuses de nuit et de maitresse-chien dans les sociétés de gardiennage ? On peut en douter.
 
Femme PDG, femme milliardaire, femme chef d’état, cela existe déjà et c’est tout à fait normal, le pouvoir ne devrait être une question de sexe mais de qualification. Et il vaut mieux avoir Angela Merkel à la tête du pays qu’un irresponsable du genre de Sarkozy ! Mais Ségolène Royal possède-t-elle plus de légitimité à gouverner que Dupont-Aignan parce qu’elle porte une jupe ? La femme médiocre, inconséquente, ridicule existe au même titre que l’homme stupide. Un homme ne sera jamais une femme et réciproquement, avant tout pour des raisons physiologiques mais aussi culturelles. On pourra probablement implanter un jour un placenta sur le péritoine d’un homme désirant une grossesse en le chargeant d’hormones comme un cycliste professionnel. Sera-ce un progrès pour la science, l’humanité et la parité ? On peut en douter fortement. Mais déjà certaines féministes, heureusement encore minoritaires veulent gommer toute différence entre hommes et femmes au non d’un égalitarisme qui fait fi de la physiologie, de la culture, de l’éducation au-delà du bon sens.
 

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