La police et moi

par Fergus
mercredi 14 décembre 2011

La police et la gendarmerie sont non seulement utiles, mais nécessaires à la population, que ce soit dans leur rôle répressif lorsque les circonstances l’exigent, ou dans leur rôle d’assistance aux personnes en cas de besoin. Nul ne peut sérieusement remettre en cause leur existence, et chacun d’entre nous doit être conscient qu’ils agissent parfois au péril de leur vie. Il y a pourtant des moments où le comportement des flics et des pandores pose question...

Nous avons tous des anecdotes à raconter à ce sujet. Une fois n’est pas coutume, mon propos ne se place pas sur un plan général, mais anecdotique, sous la forme de quatre expériences vécues. Quatre expériences qui montrent que, parfois, ces braves fonctionnaires manquent de discernement, quand ils ne font pas tout pour se faire détester, y compris de ceux qui ne sont hostiles ni à leurs fonctions ni à leur personnes. 

1° Paris, un jour de mai, vers 13 h 30.


En quête d’un sujet de tableau – je suis peintre à mes heures –, j’avais décidé d’aller faire un tour aux Arènes de Lutèce et pris la ligne de métro n° 7 la station Opéra. En sortant du métro à la station Monge, je suis tombé nez à nez avec deux policiers en uniforme qui accompagnaient une femme asiatique d’une cinquantaine d’année. Aussitôt désigné comme coupable d’une agression sexuelle par les cris d’orfraie de cette dame, j’ai été interpellé par les flics alors que deux témoins présents dans la même rame que moi témoignaient que je ne pouvais m’être trouvé sur les lieux. Je ne sais si le fait que l’un d’entre eux était un Espagnol parlant mal français et l’autre un Maghrébin a joué, mais sourd à ma demande, le chef du binôme – un vieux flic manifestement aigri – a refusé net à son coéquipier (un adjoint de sécurité) de noter les coordonnées de ces deux témoins, ce que le jeune flic a quand même fait de sa propre initiative.

Quelques minutes plus tard, et après que cette affaire ait mobilisé un fourgon, deux voitures de patrouille et au total huit flics (véridique !), j’ai été emmené menotté dans les locaux du commissariat d’arrondissement. Par chance, je n’ai même pas eu à me justifier devant un officier de police car l’audition de la prétendue « victime » s’est révélée totalement incohérente et a tourné à la confusion de la plaignante : après avoir affirmé que je venais de l’agresser, cette femme situait l’agression quelques jours plus tôt alors que nous étions, mon épouse et moi, tranquillement installés dans notre maison du Finistère. Finalement, il est très vite apparu à l’OPJ que cette femme était une mythomane névrosée. Après avoir été libéré des menottes, j’ai pu partir libre, sans être entendu par quiconque, mais sans avoir eu droit au moindre mot d’excuses, pas même du vieux flic en uniforme présent dans le hall d’accueil au moment de ma sortie.

2° Le Kremlin-Bicêtre, un soir de décembre, vers 19 h 30.

Ce jour-là, ma belle-sœur, âgée de 75 ans, s’est fait arracher son sac (en chutant de surcroît lourdement au sol) par un voyou alors qu’elle marchait dans une ruelle déserte du Kremlin-Bicêtre près de laquelle nous habitions alors, mon épouse et moi, pour quelques mois. Après l’avoir réconfortée, nous l’avons accompagnée au commissariat de Gentilly pour déposer une plainte. Ma belle-sœur a fourni aux policiers un signalement très précis du voleur, en décrivant son blouson, et surtout sa casquette rouge très identifiable.

Le lendemain, retourné aux abords du métro Kremlin-Bicêtre, j’ai très vite repéré l’individu en question avenue de Fontainebleau : blouson sur le dos et casquette rouge sur la tête, il suivait une jeune femme sur le trottoir ; puis il a plongé derrière elle dans le métro qui comporte à cet endroit deux accès, un de chaque côté de l’avenue, une configuration évidemment très pratique pour un voleur à l’arrachée. Manque de chance pour l’individu, des voyageurs venaient à ce moment-là de descendre d’une rame et il n’a pu intervenir. Le voleur a donc repris son affût sur l’avenue à proximité de l’une des entrées du métro en épiant les femmes seules. Soudain, il est rapidement parti à pieds en direction de Paris (peut-être m’avait-il repéré) ; je l’ai aussitôt suivi à distance, bien déterminé à savoir où il allait afin de pouvoir l’identifier.


C’est alors qu’est arrivée sur l’avenue une voiture de police. Après l’avoir fait stopper, j’ai raconté en quelques mots l’histoire aux flics. En pure perte : ils n’étaient pas concernés, au motif qu’ils faisaient partie, m’ont-ils dit, de la Brigade de l’autoroute. OK, pas d’interpellation possible, mais dans ce cas, sans doute leur était possible de se porter à la hauteur du type pour relever son identité en vue d’une convocation par les collègues de Gentilly. Refus net : en résumé, ces flics-là avaient autre chose à faire que d’interpeller un agresseur de vieille dame, fut-ce pour un simple relevé d’identité en vue de transmission aux collègues concernés !

3° Paris, station Châtelet, en milieu d’après-midi.


Un officier de gendarmerie et deux bidasses porteurs de Famas circulaient sur les quais du RER B dans la cadre du Plan Vigipirate. Sur un banc, un jeune Maghrébin jouait doucement du oud pour lui-même en attendant son train. Il ne quêtait pas, et son luth ne gênait strictement personne. C’est alors que le gendarme s’en est pris à ce gars – un étudiant tunisien – avec une virulence et une mauvaise foi évidente. L’étudiant s’est arrêté de jouer, mais l’officier avait manifestement décidé de l’emmerder au motif que « le règlement interdit l’usage d’instruments sonores dans l’enceinte du métro et du RER ». Ce qui était parfaitement exact si l’on se référait à l’antédiluvien règlement de police des Chemins de fer non abrogé, mais d’autant moins applicable que la RATP elle-même multipliait depuis belle lurette les animations bruyantes et les écrans de télévision sur les quais, en violation de ce règlement.

Voyant la tournure des évènements, je suis alors intervenu, fermement mais courtoisement, pour défendre le Tunisien, avec le soutien d’autres voyageurs. J’ai notamment rappelé à ce gendarme qu’en termes de mission, Vigipirate avait pour vocation de faire de la prévention anti-terroriste et non de la police des chemins de fer dès lors qu’il n’y avait ni agression, ni trouble manifeste à l’ordre public, ni danger immédiat pour quiconque. Moyennant quoi, j’ai été sommé de présenter mes papiers et d’indiquer pour quel motif je me trouvais là, ce que j’ai fait sans difficulté. Après quoi le trio s’est éloigné. Quant au Tunisien, il a pu tranquillement monter dans son train pour rentrer à la Cité Universitaire.

Quelques jours plus tard, mon patron recevait une lettre de protestation de la Préfecture de Police de Paris lui demandant une sanction à mon égard. Il ne s’est évidemment rien passé.

4° Barenton (Manche), un après-midi de juin.

Au terme d’un court séjour à Saint-Malo, nous avions décidé, mon épouse et moi, de rentrer vers Paris en suivant la route buissonnière par les monts de l’Orne. Parvenus à l’entrée d’un village proche de Barenton, nous sommes tombés sur un contrôle de gendarmerie établi de manière très visible en bas d’une descente, un contrôle que nous n’avions évidemment aucune raison d’esquiver. Manque de chance, nous avions perdu la plaque d’immatriculation avant de notre voiture, probablement tombée lors d’un arrêt sur le bas-côté herbu de la route, à quelques dizaines de kilomètres de là. Or, il se trouve que notre voiture avait été confiée une semaine plus tôt à notre garage habituel, pour remplacer les plaques d’immatriculation. Un travail qui n’avait pas été réalisé correctement, l’une des plaques ayant manifestement été très mal rivée. Par chance, la facture qui démontrait notre bonne foi était restée dans la boîte à gants. Les gendarmes n’ont pourtant rien voulu savoir et, malgré l’évidence de la faute du garage, nous ont dressé un procès-verbal pour défaut de plaque.

Conclusion

Quatre expériences : quatre comportements inacceptables ! En encore, je ne détaille pas la traumatisante expérience vécue par mon beau-frère dont la porte d’appartement a été défoncée par le GIGN, et lui-même jeté au sol et copieusement injurié alors qu’il était mis en joue par les hommes cagoulés. Une « erreur », ont simplement reconnu ces robocops après quelques minutes d’extrême tension. Et là encore, pas le moindre mot d’excuses !


Tout cela pour souligner que la police et la gendarmerie sont, comme tous les corps de métier, exposées à des comportements aberrants ou à des consignes imbéciles. Gendarmerie et police ont pourtant le plus grand besoin de reconnaissance de la population pour exercer leurs fonctions dans les meilleures conditions possibles. Elles ne s’en donnent pourtant pas toujours les moyens, le plus souvent par laxisme d’une hiérarchie plus souvent obnubilée par la « politique du chiffre » que par la qualité du service. Dommage, car lorsque c’est le cas, tout le monde est perdant : la population et les fonctionnaires irréprochables, victimes de collègues qui ne connaissent pas le sens du mot « exemplarité » !


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