La prospective économique du bio et des produits sains devient une réalité

par Philippe
mercredi 28 juin 2006

Que la lutte contre l’obésité coûte plus cher que la lutte contre le tabagisme est une réalité qui bouleverse les habitudes des industriels et des distributeurs.

Rarement, en quelques semaines, autant de signes favorables au bio et aux produits sains se sont multipliés.

1 - En vingt ans, Stonyfield Farm, dont 80 % du capital appartient à Danone, a réussi à se hisser au 3e rang du marché du yaourt bio aux Etats-Unis, derrière Yoplait et Dannon (nom du français outre-Atlantique). Il dépense 5,9 % de son CA en pub et promotion, contre 16% pour certains concurrents. Stonyfield est le numéro un mondial du yaourt biologique avec des méthodes de vente originales : en une semaine de 1998 Stonyfield a distribué 85 000 pots aux usagers du métro de Chicago, récompensés pour contribuer, en utilisant les transports en commun, au respect de l’environnement. Il propose aux internautes-consommateurs d’adopter une vache ! En devenant le parrain numérique d’une vraie ruminante, ils en recevront une photo et de fréquentes nouvelles par courriel. Cette réussite originale dans un pays si formaté est rafraîchissante.

2 - Le bio peut se vendre 10% plus cher que le produit normal. C’est l’objectif que Wal-Mart a assigné en mai 2006 à PepsiCo, Kellogg’s, General Mills, Kraft. Et le poids de Wal-Mart aura nécessairement des effets économiques sur ces industriels, notamment en Europe.

3 - Disney a stoppé son partenariat avec Mc Donald’s pour se lancer dans un partenariat avec des producteurs de fruits frais.

4 - Le 16 mai, le Parlement européen a adopté un texte réglementaire concernant les allégations nutritionnelles (« Sans sucre ajouté ») et les allégations santé (« Le calcium est bon pour vos os », « Réduit le taux de cholestérol »). Ainsi, une sucette pourra continuer à affirmer qu’elle ne contient pas de matière grasse, à condition qu’elle rappelle qu’elle contient du sucre... sur la même face du packaging, et dans la même typographie. Ceci permettra de comprendre que l’absence de sucre ajouté est parfois compensée par une forte quantité de graisse, ou que "riche en fibre" signifie aussi "riche en matières grasses". Si la démarche a par ailleurs l’avantage de faciliter la circulation des produits en Europe - comme le rapport concernant l’adjonction de vitamines et de substances minérales aux denrées alimentaires - cela évitera une hypocrisie manifeste de l’industrie agro-alimentaire.

Et les exemples peuvent se multiplier. Que peut-on en conclure pour demain ?

  1. Le bio se comprend dès qu’il est expliqué clairement et que les avantages du consommateur sont clairs et partagés.
  2. Dans l’esprit du public, bio, éthique, développement durable, etc., se confondent et reçoivent de plus en plus un accueil positif. Avec un prix compétitif, les consommateurs vont passer à l’acte... d’achat.
  3. Le besoin du consommateur d’une lecture simplifiée des emballages (les tableaux nutritionnels sont en cours de refonte) est enfin pris en compte.
  4. Enfin, une plus grande confiance dans l’information, puisqu’une affirmation ne devrait plus cacher un oubli volontaire, hypocrite, de l’industriel ou du distributeur. C’est une avancée vers la transparence de l’industriel conduisant à une alimentation plus "sincère" et donc développement d’un dialogue industriel/consommateur nouveau, à anticiper.

La santé va revenir dans les produits alimentaires plus comme une réalité économique que comme un argument marketing.
Dans les deux ans à venir, c’est une véritable révolution qui va se mettre en place, pour notre plus grand bien.

Il reste à espérer que la distribution cessera ses promotions plutôt honteuses sur les crèmes glacées riches en calories, ou tout au moins dépensera autant d’énergie et de budget pour les produits sains !


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