La société des bèbètes
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lundi 25 septembre 2017
On dépose une bougie ou une fleur à l'endroit où des tragédies arrivent. On sait très bien que cela ne changera strictement rien. On sait très bien que l'on est un peu "cucul" mais ce n'est pas grave. On pleurniche en se tenant les mains, on communie dans un sentimentalisme grégaire pénible. On le sait bien que c'est idiot mais comme personne ne veut plus grandir ou mûrir, il est préférable de réagir en midinette, en gamine de douze ans un peu sentimentale qui met des cœurs pastels de toutes les couleurs partout dans son cahier de textes.
D'ailleurs lorsque l'on tombe amoureux, il est maintenant d'usage de se conduire comme elle le ferait. Et surtout pas en adulte. Combien de quadras adoptant un comportement de gamines dans leurs amours ? Niant jusqu'à l'absurde leur physiologie ? S'habillant comme des clones de Kim Kardashian à l'exemple de leurs filles ? Ou de Justin Bieber. Le chanteur est déjà ridicule en jeans "baggys", ne parlons pas d'un type ayant mué depuis déjà deux ou trois décennies.
C'est aussi une manière d'intimer aux autres de surtout ne pas remettre en question notre attitude ou nos convictions, remise en question toujours confondue avec une remise en question d'ordre personnelle. Le raisonnement est le suivant :
"Je prétends que je t'aime inconditionnellement ainsi que tout ce que tu fais, donc par conséquent tu te dois de me ficher la paix sur la musique que j'écoute, les films que je regarde, la cuisine que je me fais".
C'est un raisonnement d'adolescent en pleine crise de révolte post-acnéique qui ne supporte pas que l'on entre dans sa chambre sauf pour faire le ménage et ramasser le linge sale. Cela aussi c'est de la "bèbètitude". Dans une société en pleine atomisation façon puzzle comme la nôtre, c'est un réflexe de repli sur soi pour se protéger...
Sic Transit Gloria Mundi, Amen
Amaury - Grandgil
illustration prise ici