La stratégie du dénigrement

par cardom325
samedi 9 mars 2013

La Droite a perdu les élections présidentielles le 6 Mai 2012 et les législatives le 17 Juin. C’est un fait indéniable. Elle a pourtant tout fait pour garder le pouvoir comme elle l’a toujours fait dans l’histoire, non pas en affrontant l’adversaire sur le terrain des idées mais en rabâchant à longueur de campagne que le ou les adversaires de gauche étaient incompétents.

Car la Droite est toujours mauvaise perdante, elle considère les gouvernements de gauche comme des intermèdes accidentels, et que celle-ci n’a aucune légitimité à conduire le pays. La stratégie de démolition se mène au pas de charge, à peine retardée par le fiasco guignolesque du combat des chefs à l’ UMP, qui pourtant dans le genre grotesque, délirant, méprisable, vaut son pesant de cacahuètes.

Cette entreprise de déconsidération est certes facilitée par un gouvernement, qui je le concède, n’est guère enthousiasmant, mais que je ne trouve ni meilleur ni moins performant que le précédent . Elle prend néanmoins des formes multiples pour achever de mettre au pas un peuple qui ose renâcler à cette mondialisation forcée.

Première étape, traîner dans la boue tous les évènements ou tous les groupes qui empêchent la bonne marche forcée vers l’ultralibéralisme triomphant. Mai 68 se résume à des gauchistes montant des barricades ou à des activistes immoraux prônant une sexualité débridée. Oubliés ces ouvriers excédés piètres bénéficiaires d’une croissance pourtant forte, qui obtiendront par ce coup de force les accords de Grenelle et 30 % d’augmentation du salaire minimum, oublié la « fuite de Varennes » d’un monarque vieillissant dont on se demande encore quelle fut la teneur de l’entretien qu’il eût avec le général Massu. Quand on consulte un général, ce n’est pas pour lui parler de la couleur des fraises des bois à Baden Baden. On en retient que l’insolence des étudiants, certains osent même parler du mariage pour tous comme une conséquence de l’immoralité de ce mouvement. Parlons aussi de 1789 , dont on caricature l’objet, et les protagonistes, ces horribles révolutionnaires régicides et coupeurs de tête, comme si les rois de France étaient des enfants de chœur, comme si Marie Antoinette s’était contenté d’être une bonne mère de famille alors qu’elle projeta de livrer la France à son frère, empereur d’ Autriche, comme si cette révolution se résumait à une terreur programmée et impitoyable.

Deuxième étape, l’ennemi communiste mis à terre désormais, agonisant dans les sphères d’un groupuscule appelé le PCF, il faut décrédibiliser ou ridiculiser ceux qui prônent une société différente et la remise en cause du système productiviste. Faire croire que les écologistes sont tous des bobos rêveurs au mieux, ou qui nous ramèneront à l’âge de pierre, est d’une bassesse intolérable. Utiliser les élucubrations ubuesques d’un hurluberlu comme Allégre pour disculper l’influence néfaste de l’homme sur son environnement est incongru, envoyer les rapports du GIEC à la poubelle, sous prétexte qu’il y aurait quelques erreurs dans leurs conclusions n’est que du baratin à la petite semaine, des brèves de comptoir sans fondement réel. Parlons aussi de l’affaire du présumé sabotage de lignes TGV qui a valu à Julien Coupat, membre du groupe de Tarnac de la prison préventive, cette affaire n’ayant débouché jusque maintenant sur rien de bien concret en dépit des atteintes manifestes à la présomption d’innocence.

Etape suivante, éliminer les dernières scories d’acquis sociaux démembrés au fil des dernières décennies, taper sur les syndicalistes , des individus non représentatifs des gentils salariés qui ne feraient jamais grève et qui accepteraient de partir en Roumanie pour 300 euros mois sans ces représentants du personnel indociles, toujours prompts à détruire l’outil de travail avant que celui-ci ne soit déménagé de nuit dans des contrées moins regardantes sur le traitement des salariés. Bien évidemment, il y a par exemple les bons syndicalistes de la FNSEA et les méchants de la Confédération Paysanne. La FNSEA, du temps où elle saccageait en 2001 le bureau de Dominique Voynet, alors ministre, c’était légitime. Ils n’ont jamais été inquiétés par la justice alors que les faucheurs volontaires se retrouvent régulièrement à répondre de leurs actes, alors forcément l’amnistie pour des exactions de salariés désespérés de perdre leur emploi est devenue une ignominie.

 

Je me demande quelle sera la prochaine forfaiture propagée par ces vampires du pouvoir qui aspirent à revenir aux affaires au plus vite avec à leur tête, leur « Judas » de pacotille, l’inénarrable ex président dont on se demande comment il se fait que les juges n’aient pas réussi à lui mettre le grappin dessus et le coller, comme disait Voltaire, dans un lieu d’une extrême fraîcheur où l’on n’est jamais incommodé du soleil. Lui a sans doute droit, au contraire de Coupat, à la présomption d’innocence. Ce billet n’a pas pour but de défendre le gouvernement socialiste, d’ailleurs je me demande en quoi ce gouvernement est de gauche, c'est un peu comme si les socialistes devaient toujours s’excuser d’avoir le pouvoir auprès des décideurs, des patrons alors que ceux-ci mènent leurs charrettes de licenciement au pas de charge. Si la gauche fait une politique de droite, elle sera toujours une pâle copie de l’originale, alors messieurs les socialistes, un peu d’audace, sachez reconnaître qui vous a élu et aussi qui est prêt à vous planter un couteau dans le dos.


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