La sur-richesse
par Jean-Paul Foscarvel
mardi 10 juillet 2018
La crise que nous subissons peut être interprétée de plusieurs façons.
J’ai une profonde admiration pour celles réalisées par le site DeDefensa, qui les interprètent dans le sens surpuissance-autodestruction, avec une composante fortement métaphysique. Mon admiration est contrebalancée par un certain scepticisme, notamment quant à l’interprétation des avancées sociétales. Je laisse le lecteur s’y référer directement.
Pour ma part, je donnerais une analyse économique, avec une part psychologique (ce en quoi je recoupe partiellement DeDefensa). Les analogies sont du domaine de la physique.
Le phénomène du trou noir.
Le trou noir est un phénomène cosmologique.
L’énergie et la densité et telle qu’il capte toute la matière passant autour sans ne jamais rien restituer.
Ni la matière, ni la lumière, ne s’en échappent. Par contre, toute matière ou objet est inéluctablement attiré par le trou noir qui l’absorbe.
La cavitation
La cavitation se produit par exemple sur une turbo-pompe qui fait circuler un fluide. Lorsqu’elle atteint une certaine vitesse, lorsque la pression demeure trop faible, un vide se crée au niveau de ses pales, une dépression se crée, ce qui êut faire accélérer sa vitesse, phénomène divergent qui peut aboutir à sa destruction, voire son explosion.
La sur-richesse
Une entité (un individu ou un groupe, peu importe) est atteinte de sur-richesse lorsque d’une part sa sphère d’influence est telle qu’elle peut influer sur les décisions économiques majeures, et d’autre part sa seule raison d’être est d’augmenter sa fortune. Au niveau psychologique, aucune retenue, aucun sentiment humain, ne vient compenser l’inconscience de leurs actes. Ils n’ont pas d’état d’âme.
On voit bien alors que les effets de ses décisions d’une part n’ont pas de frein institutionnel, puisqu’elle peut influer ces institutions, et n’ont pas limite, puisque son seul but est de croître.
Le seul but élaboré par cette entité étant de croître qu’elles qu’en soient les conséquences, ni l’état de la planète, ni celui des États ni des individus n’a de prise sur ses décisions.
Une telle entité a intérêt à la destruction des États, comme frein à son action, à l’élimination des récalcitrants, au contrôle des populations, d’une part pour accroître son pouvoir, et d’autre part à l’élimination des populations, la cessation des activités, non nécessaires à la croissance de son profit et la subordination de la population.
Une telle entité a donc intérêt à créer des conflits entre les populations, soit entre nations, soit à l’intérieur des nations, et à l’extension de ces conflits.
Une telle entité a intérêt à déstabiliser les populations en créent des phénomènes de chaos, soit sociétaux, soit culturels, soit même naturels (on rejoint la théorie du choc de Noémie Klein).
Bien entendu, une telle entité a intérêt à affaiblir les États par la privatisation, l’effondrement des services publics, l’abolition de tout contenu social d’un État.
Une telle entité a intérêt à l’abrutissement généralisé de la population à travers l’effondrement de l’enseignement général, seule une élite qui entrera dans sa chaîne de création de profit étant vouée à un enseignement de haut niveau.
Une telle entité a intérêt à un contrôle strict des médias, ou bien à une diffusion chaotique d’informations soit erronées, soit diluant tout sens historique.
Une telle entité a intérêt à un contrôle généralisé de la population par des technologies de haut niveau qui vont de plus accroître ses profits.
Une telle entité a intérêt à amuser la population avec des divertissements qui à la fois lui font oublier la réalité, et contribuent à l’accroissement de son profit.
Le résultat final est que plus l’entité parvient à ses fins, plus elle s’enrichit et plus elle peut accroître son influence pour augmenter son enrichissement.
C’est un phénomène divergent, qui ne peut qu’aboutir à une explosion. Reste à savoir de quel type, mais ce n’est pas notre propos (nous pouvons prévoir le développement général, mais pas son déroulement concret qui reste du domaine de l’accidentel).
Conséquences sur la société
Nous pouvons voir déjà les conséquences sur notre société et les crises qui s’accumulent.
La privatisation des États est en cours, au moins au niveau européen qui a choisi la doxa libérale pour son développement, c’est-à-dire qu’elle obéit aux ordres de entités en phase de sur-richesse (notamment par le phénomène du lobbying).
La crise des migrants est une conséquence double, voire multiple, de cette influence :
- À l’origine, déstabilisation des États, par des printemps arabes dont les causes sont multiples, mais au moins pour la Libye, puis la Syrie, viennent bien de l’occident
- Appauvrissement de la population autochtone après la faillite des États, livrés aux hordes religio-mafieuse privées, et sans restructuration d’un État de droit et de servies sociaux (hôpitaux, écoles, infrastructures, etc.)
- Volonté de dissolution des frontières et d’affaiblissement des États accueillants
- Pression sur le populations par la conflictualisation des relations à l’intérieur des nations accueillantes
Les avantages pour les entités en phase de sur-richesse (nous les nommerons désormais les ESR pour simplifier) sont multiples :
- Destruction des États originaires des population migrantes, avec la possibilité de contrôler et de manipuler des groupes, de s’implanter sans obstacle, etc.
- Chaos dans les nations réceptrices, par l’augmentation des conflits, ce qui permet de rendre acceptable la suppression des aides sociales, l’effondrement des salaires, la perte des droits du travail
- Perte de l’influence des États affaiblis par la crise, au profit d’une augmentation de celles des entités en phase de sur-richesse.
Les politiques sociales sont largement influencées par les ESR, avec effondrement des services de santé et d’éducation, remplacement de la logique solidaire par une logique concurrentielle, y compris pour les choix éducatifs (le modèle de ParcoursSup) et les hôpitaux, etc.
Les lois et les droits sont également influencés par les ESR, en ce qui concerne les droits du travail, la fiscalité, les droits des affaires, etc. La restriction des droits des populations, l’extension des droits des ESR, l’impossibilité de réduire l’influence des paradis fiscaux, se rencontrent pour donner lieu à une justice à deux vitesses, où l’on voit les petits délinquants pris dans la spirale infernale de la drogue soumis à des condamnations régies par des planchers infranchissables, tandis que, par exemple Cahuzac, quoique reconnu coupable, échapper légalement à la prison.
Le résultat général est un accroissement considérable des inégalités (voir le rapport sur les inégalités) en faveur des ESR et contre la population qui se voit progressivement appauvrie, méprisée, voire annihilée.
Bien entendu, comme en physique, un phénomène divergent ne peut se poursuivre indéfiniment, même si l’influence de ceux qui organisent le chaos est considérable, un jour ou l’autre le principe de réalité finira par apparaître ; avec les conséquences désastreuses qui l’accompagnent.