Le 11 mai... et après ! ?

par olivier cabanel
lundi 20 avril 2020

La lente sortie du confinement, à partir du 11 mai, décidée par le gouvernement, lève plus de questions que de réponses, car deux mondes vont s’affronter

En effet, du côté de la finance, et des grands dirigeants, il est question de relancer l’économie, grâces aux aides de l’état, et de recommencer comme avant, mais fatalement en pire... ce que permet une ordonnance récente. lien

De l’autre côté, on martèle, « rien ne peut plus être comme avant  »... et on rêve de voir cet air pur le rester, on rêve de pouvoir continuer à entendre le chant des oiseaux, de voir débarquer, sur une plage déserte, des tortues, on rêve d’une relocalisation de la production française, voire régionale, multipliant les petites productions, et la consommation de proximité.

Dans la capitale, et dans d’autres grandes villes de France, la qualité de l’air s’est considérablement améliorée.

Le dioxyde d’azote est tout de même responsable de la mort de 7500 français tous les ans. lien

Deux mondes qui vont donc s’affronter.

Et que va décider le pouvoir ?

Comment le peuple réagira-t-il ?

On se souvient que Macron, lors de sa dernière prestation avait évoqué le fait que « rien ne sera plus comme avant ».

Macron a-t-il réellement changé ? lien

Sarközi avait fait la même promesse... et on sait aujourd’hui ce qu'il en a été. lien

Qu’est-ce à dire ? Qui peut le croire ?

En effet, croire un homme qui utilise les mots du CNR (Conseil National de la Résistance)... les jours heureux... alors que depuis le début de sa mandature, il fait tout son possible pour détricoter le programme de ce même CNR... comment le croire ?

N’est-ce pas de la provocation ?

En tout cas, Laurent Dandrieu, dans les colonnes de « valeurs actuelles », ne croit pas à un changement, et évoque « une vieille promesse à laquelle plus personne ne croit ».

Et il enfonce le clou en affirmant : « pourquoi un système qui a laissé s’installer cette crise et qui n’a tiré aucun enseignement des précédents ferait-il mieux cette fois ? ». lien

Et le patronat, avec le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, en tête, soutenu par la secrétaire d’état à l’économie, Agnès Pannier-Runacher en l’occurrence, a déjà sa petite idée : « il faudra que les travailleurs mettent les bouchées doubles », avec en ligne de mire moins de congés payés, et plus d’heures de travail... 60 heures par semaine ?

Pour eux, « l’important, c’est de remettre la machine économique en marche et de reproduire de la richesse en masse, pour tenter d’effacer, dès 2021, les pertes de croissance de 2020 ». lien

En écho Agnès Pannier-Runacher lui répond : « l’enjeu est de donner de l’oxygène aux entreprises pour qu’elles survivent et passent le cap, mais derrière, il faudra mettre les bouchées doubles pour créer de la richesse collective ». lien

Exit donc le droit du travail ?

C’est le 17 avril que les députés ont voté une aide de 20 milliards aux grandes entreprises, sans la moindre contrepartie. lien

Exit donc l’oxygène et l’air pur des grandes villes, exit le chant des oiseaux...et tout recommencerait comme avant ?

Ce n’est en tout cas pas le choix du philosophe et professeur honoraire à l’université de Lausanne, Dominique Bourg, l’invité des « matins » de France Inter.

Dans le livre « proposition pour un retour sur Terre », écrit à plusieurs mains avec Dominique Bourg, (Sophie Swaton, Philippe Desgrosses, Gauthier Chapelle, Johan Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, et Pablo Servigne), ces intellectuels imaginent le monde de l’après coronavirus.

Dominique Bourg rappelle que «  l’OMS avait prévenu le 31 décembre au soir d’une possible pandémie, et que Taiwan a tout de suite filtré la population qui venait de Wuhan, ce qui explique en partie que leur taux de morts est bien en dessous des nôtres. Nous n’avons réagi que quand les morts étaient à nos portes, il a fallu que l’on touche la mort du bout des doigts pour que l’on réagisse ».

Le philosophe fait alors un original parallèle avec le changement climatique.

« la différence entre le Covid et le climat, c’est que pour le climat, on avait prévenu, il y a 20 ans, ce que l’on a maintenant  ».

Pour lui, il ne faut surtout pas redémarrer, il faut écouter le GIEC qui nous demande de diviser nos émissions mondiales par deux dans les 10 ans qui viennent. Si on ne le fait pas, on va exploser la base des 2 degrés. Si on repart comme avant, on va continuer à accumuler et accroitre nos émissions, et se retrouver sur la trajectoire de 3 ou 4 degrés.

Avec cette pandémie, on a la démonstration que la politique peut jouer son rôle, alors qu’on nous disait qu’on n’arrêtait pas le progrès, qu’on ne pouvait rien faire face aux échanges internationaux. On a aujourd’hui la preuve du contraire.

« Repartir comme avant (...) c’est une folie. C’est comme si vous sortiez d’une maladie et que ré épousiez les causes qui vous ont rendu malade », insiste-t-il.

Il rappelle que lors des sondages réalisés entre novembre et janvier, 55% des français affirmaient que la sobriété était un horizon inévitable...

D’ailleurs, quelques temps avant la pandémie, à l’occasion des municipales, les sondages s’accordaient sur plusieurs points : 85% des français se disaient préoccupés par les questions environnementales, 54% « très préoccupés », et 81% considèrent que nous sommes dans l’obligation de changer nos habitudes et d’adopter un mode de vie plus sobre. lien

Cette courte vidéo résume assez bien la situation que nous venons de vivre.

Dominique Bourg ajoute que 75% des maladies infectieuses viennent de la perturbation des écosystèmes, et qu’il y a de fortes probabilités qu’on l’on ait bientôt une nouvelle attaque virale...

Quand les écosystèmes fonctionnent bien, les pathogènes ne circulent pas, et de conclure : «  le monde a commencé à avoir des problèmes avec l’industrialisation de l’agriculture, et de l’élevage... c’est contre tout ça qu’il faut revenir  ». lien

A l’unisson de cette pensée, des slogans commencent à fleurir sur les murs, des slogans encore plus pragmatiques : « et après la crise, qu’est-ce qu’on décide ? Pour les hôpitaux... les travailleurs... les retraites... la décroissance, l’éducation populaire, les lanceurs d’alerte ?  »

Les politiques en marge du pouvoir ont des approches différentes de l’après 11 mai :

Face à Yannick Jadot qui, dans les colonnes du JDD, réclame un « Grenelle du monde d’après », (lien) on trouve Bernard Cazeneuve, qui dans le Figaro, plaide pour « le rassemblement, le dépassement de soi » (lien)...alors que Julien Dray réclame « un pacte de reconstruction nationale ». lien

Mais ce qui semble faire la quasi-unanimité, c’est la volonté de relocaliser la production, quitte à payer plus cher...on trouve sur cette ligne Éric Woerth, Arnaud Montebourg, lequel défendait déjà ça il y a des lustres...lien

Le leader de la France Insoumise défend l’idée de nationaliser les entreprises qui fabriquent des masques, (lien) dont on sait que nous manquons cruellement... François Ruffin est sur la ligne « consommer moins, répartir mieux (les richesses) » lien, Jean-Pierre Chevènement réclame pour sa part « un gouvernement de salut public » lien...et en écho, Olivier Faure sonne la fin des « premiers de cordée », remplacée par « une politique des premiers de tranchée »... les soignants donc. lien 

François Ruffin en a remis une couche dans l’émission « question politiques » de France Inter : « on a besoin d’être autre chose que des hamster dans une cage ». lien

Alors, la question se pose dès maintenant : quel choix sera fait le 11 mai ?

Les tenants d’une activité accrue pour « rattraper le temps perdu » et recommencer comme avant ?

Ou au contraire, ceux qui imaginent une autre vie, faite de sobriété heureuse, de relocalisation de la production alimentaire, avec une réelle prise en compte de la souffrance animale, avec le souci de respecter cette nature qui nous entoure ? vidéo

Est-ce que Macron va augmenter sensiblement le salaire des soignants, (au lieu de distribuer des primes) mais aussi celui de tous ceux qui sont monté au front.

Est-ce qu’il va stopper sa campagne de destruction du service public, oublier sa réforme des retraites ?

Nous serons bientôt fixés, avec en fond de décor, ceux qui n’ont pas oublié les erreurs commises par ce gouvernement, et qui entendent bien les leur faire payer.

Comme dit mon vieil ami africain : «  si en te baignant tu as échappé au crocodile, méfie-toi du léopard qui t’attend sur la berge ».

Le dessin illustrant l’article vient de positivr.fr 

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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